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EAN : 9781684156139
144 pages
Boom Entertainment (22/12/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
GREETINGS FROM NOWHERE. In the parched wastelands of California, a lovable drunken lowlife named Denis awakens on the outskirts of an odd little village called Nowhere, home to a friendly populace of deformed, mutated, and just-left-of-normal citizens. Not knowing where he is or how he got there (or if the town is even real), Denis is given quarter in a flophouse above a bar and acquaints himself with the townsfolk - but just when he starts to regain his memories, h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Tyler Jenkins, et mis en couleurs Hilary Jenkins. Les couvertures principales ont été réalisées par Martín Morazzo, les couvertures alternatives par Jenkins. Il contient également les couvertures variantes réalisées par Christian Ward, David Rubín, Gabriel Hernández Walta, Lorenzo de Felici.

Quelque part sur une route de campagne à proximité d'une forêt, Dennis Saunders se réveille couché par terre, adossé à un tronc d'arbre. Il se relève difficilement, tout en se demandant pour quelle raison il reprend encore une fois conscience en pleine nature, plutôt que dans son lit, ou dans celui d'un autre, avec des draps épais. Il longe le bord de la route, et une voiture arrive en sens inverse. le conducteur arrête son véhicule : il s'agit d'un individu appelé John Doe, avec une tête de cervidé. le conducteur lui dit que la ville est assez accueillante, et il redémarre et continue sa route. Dennis pense que le poison dans sa tête fait son oeuvre. À pied, il parvient enfin au panneau d'entrée de la ville de Nowhere indiquant une population de 999 habitants. Il continue de marcher jusqu'à arriver au bar à l'intérieur duquel il pénètre. Les consommateurs présentent tous des mutations diverses et variées. Il va jusqu'au comptoir et demande un Canadian Club au barman, tout en lui faisant remarquer que sa tête est sens dessus-dessous, ce qui est le cas, avec le front en bas et la bouche en haut. le barman lui répond que si ça se trouve il est le seul à avoir un visage dans le bon sens. Dennis prend son verre et va s'assoir à une table libre. À la table voisine se trouve un individu à la tête de poisson qui se présente comme étant Jed. Denis lui indique son prénom en ajoutant qu'il s'agit de son rêve. Jed lui demande s'il ne paierait pas un verre. Dennis accepte.

La conversation s'engage : Jed indique qu'une sale soirée l'attend car un type avec un paquet de bras va venir pour le dérouiller. Dennis le rassure : comme il s'agit de son rêve, il va bientôt se réveiller, vraisemblablement dans un endroit peu confortable, et toutes les personnes qui l'entourent dans ce bar vont disparaître. Jed est épaté par la certitude de Dennis, ce dernier lui rétorque qu'il se rend bien compte de quand il est en train d'halluciner. Un individu avec cinq bras passe la porte du bar et interpelle Jed. Ce dernier accueille Cullen, avec un air résigné, et accepte de sortir dans la rue avec lui, tout en sachant très bien ce qui l'attend dehors. En son for intérieur, Dennis pense à son mécanisme mental qui l'amène à prendre de mauvaises décisions dans des situations à risque, comme de coucher avec la femme de son dealer, ou d'intervenir pour aider un type à tête de saumon. Il sort dehors et demande à Cullen et ses potes de laisser Jed tranquille.

A priori, il s'agit d'une histoire alléchante, à la fois pour le scénariste auteur de l'anthologie très particulière Ice Cream Man avec Martín Morazzo, et pour l'artiste qui a travaillé avec Matt Kindt sur deux séries Grass Kings et Black Badge. Il s'attend donc à un récit bizarre à la narration visuelle un peu esquissée, idée préconçue renforcée par la couverture, avec ce banc au milieu de la route, le personnage dans les pieds dans l'eau, les contours un peu lâches et des couleurs psychédéliques en arrière-plan. Effectivement, il retrouve ou il découvre les caractéristiques des dessins et de Jenkins et la manière dont les couleurs viennent nourrir les surfaces délimitées. le dessinateur donne l'impression d'utiliser un outil fin pour des traits plutôt secs et parfois très fins, un peu raides sans être cassants. Il ajoute des traits de même nature au sein des surfaces détourées pour intégrer une forme de texture, ou bien des reliefs, soulignant d'autres endroits avec des petits aplats de noir aux contours irréguliers. L'impression globale est celle de dessins réalisés sur le vif, avec un temps de pause permettant de bien saisir les formes et les détails, mais peaufiner les contours, sans les arrondir.

L'apport de la coloriste est remarquable, entre naturalisme et impressionnisme sans reproduire l'effet psychédélique de l'arrière-plan de la couverture. À l'intérieur elle utilise des aquarelles et de la gouache apportant des ombrages et du relief dans chaque surface, ainsi que de la consistance aux pages sans décors, ou avec des décors simplistes. Ainsi chaque planche présente une apparence dense, même si les informations visuelles encrées seraient un peu légères sans couleurs. Cette complémentarité et les caractéristiques des dessins apportent la nature à la fois onirique et concrète nécessitée par cette histoire très particulière. le début du récit ne permet pas au lecteur d'avoir la certitude si les malformations des individus sont à prendre au premier degré, ou s'il s'agit d'une forme d'hallucination du personnage principal. Les dessins montrent ces mutations au premier degré : un homme avec une tête de daim, un autre avec la tête à l'envers, un saumon anthropomorphe, un gugusse à cinq bras, l'auxiliaire de police avec des cornes de gazelle sur la tête, un iguane géant, un homme avec un homoncule au niveau de l'épaule gauche, un couple formé par un saumon anthropomorphe et une femme oiseau, etc. le lecteur peut très bien estimer que ces représentations sont littérales et il se demande alors quels événements ont pu mener à l'existence de telles créatures douées d'une raison humaine, se comportant comme les habitants normaux d'une ville rurale. Il peut aussi se dire qu'il s'agit d'une vision onirique et que tout se passe dans la tête de Dennis Saunders.

Alors même qu'il voit bien que l'artiste représente les constructions et les objets du quotidien de manière un peu désinvolte, le lecteur éprouve la sensation qu'ils sont quand même consistants et bien réels. Il y a bien sûr l'apport de la colorisation qui fait beaucoup pour les rendre palpables. Il y a également le fait que le dessinateur dispose d'une solide expérience qui lui permet de doser exactement ce qu'il doit représenter, et le degré de précision qu'il doit apporter pour que ça fasse assez réaliste. Ainsi le lecteur croit vraiment à ce qui est sur la page : le diner avec ses banquettes et le comptoir avec les étagères d'alcool derrière, la voiture du shérif avec ses tâches bleues et rouges, la route sinueuse dans une zone désertique à l'extérieur de la ville, la clairière dans la forêt où Jed et Dennis font une mauvaise rencontre, la quincaillerie, l'étrange centre scientifique secret avec tous ses écrans de surveillance, etc. Tyler Jenkins sait donner de la vie dans les mouvements de ses personnages qui, mise à part leur apparence, ont des morphologies très banales, et des gestes d'adulte.

Le lecteur commence donc cette histoire avec le présupposé que le personnage principal n'a pas forcément une interprétation très nette de la réalité, ce que laisse supposer la couverture. Il n'y a pas d'indication qu'il utilise des substances psychotropes, mais il est évoqué le poison qu'il a dans la tête. le scénariste clarifie par la suite de quelle substance très banale, il s'agit. du coup, il ne sait pas trop comment interpréter ces individus avec des caractéristiques animales plus ou moins marquées, et il se prête volontiers au jeu de relever les indices qui devraient lui permettre de lever le doute sur la nature de la réalité qu'il a sous les yeux. le scénariste ne se contente pas de jouer sur la nature de la réalité, il introduit également un danger clair : un tueur dénommé Bob est sur la piste de Dennis Saunders, et il assassine froidement tous ceux qui lui ont adressé la parole, à commencer par John Doe. Il y a donc une dimension horrifique qui vient s'ajouter à la dimension onirique, et à l'interrogation de savoir ce qui se passe réellement, de découvrir la raison pour laquelle quelqu'un veut éliminer Dennis. le lecteur en viendrait presque à oublier qu'il ne sait pas non plus pour quelle raison le personnage principal s'est réveillé dans un fossé.

Au fur et à mesure des 5 épisodes, W. Maxwell Prince fait en sorte que Dennis Saunders en apprenne progressivement plus sur la menace qui pèse sur Knowhere, sur le tueur à sa poursuite, sur Galvin Chow un ami qui lui veut du bien, et même sur les motivations du shérif flegmatique. Dans le même temps, des cartouches de texte brefs et concis viennent apporter ce qui pourrait être soit le flux de pensées de Dennis, soit les observations d'un narrateur omniscient, ce qui a pour effet de faire considérer son comportement sous un jour différent. À l'évidence, tout n'est pas net dans la petite ville de Knowhere, et ces mutations ne sont pas survenues toutes seules, mais aussi Dennis Saunders n'est pas complètement net dans sa tête. le dernier épisode apporte des réponses claires et rationnelles à toute cette situation, avec un relent d'anticipation sur le thème de la peur des mutations, traitée avec une sensibilité des années 1950.

La couverture promet une aventure bizarre et peut-être teintée de psychédélisme. La lecture révèle une narration visuelle à la fois légère et consistante, à la fois factuelle et onirique, totalement adaptée au récit. L'intrigue fonctionne à la fois sur la base d'une course-poursuite (un tueur étant aux trousses du personnage principal), à la fois sur la base d'un mystère (ces mutations sont-elles bien réelles, ou uniquement dans l'esprit de Dennis ?). le récit apporte une résolution claire et satisfaisante, explicitant le thème sous-jacent d'une forme d'addiction, mais avec une forme de naïveté quant aux mutations et à leur cause.
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