Vous apprécierez tout comme moi ce gros bouquin d'histoire de près de cinq cents pages si vous avez le courage d'aller jusqu'au bout.
Oui, il est gros ! Oui, les deux cents cinquante premières pages sont sèches comme des gressins ! Oui, les italianismes de l'auteur ne facilitent pas la lecture !
Mais … vous en ressortiez moins bêtes, vous serez le seul de votre entourage à comprendre le particularisme de l'Italie et surtout … si vous le lisez avant votre voyage en Italie, bingo ! Cela donnera tout son sens à ce que vous verrez. En effet, vous comprendrez pourquoi il y a si peu d'édifices baroques à Florence, la via della reconciliazione à Rome vous parlera comme un livre ouvert et
Giordano Bruno vous sourira du haut de sa statue !
Cerise sur le gâteau, on fait le plein de pistes pour découvrir la littérature italienne. Et pas seulement ! Tant de scientifiques italiens jusqu'ici inconnus : Cavalieri, par exemple (celui des escaliers) que vous seuls reconnaîtrez (en statue, rassurez-vous) au Campo Santo de Pise.
Bref, vous m'avez compris : cette Histoire de l'Italie est un incontournable.
Il faut dire qu'elle n'est pas écrite par le premier venu :
Giuliano Procacci (qui mieux qu'un Italien pour parler de l'Italie), historien communiste (qui finira sénateur) de tendance «crocio-gramscien » mélangé à l'Ecole des Annales (toujours bien à placer au détour d'une conversation mais pour ceux qui – comme moi – n'y connaissent rien, cela veut dire influencé par la lecture de
Benedetto Croce,
Antonio Gramsci et
Marc Bloch ) fut sollicité en 1960 par Fayard pour écrire cette Histoire. Donc le livre parut d'abord en français puis en italien.
Quel intérêt ? Et bien, d'une part, l'histoire de l'unification de l'Italie est traitée dans son contexte européen (et non hors-sol). Ensuite, le fil conducteur est l'antagonisme cité/campagne. Et pour finir,
Giuliano Procacci montre bien tout au long de son ouvrage l'influence des intellectuels dans le processus historique (ou plutôt dans cette succession d'occasions ratées que fut
L Histoire en Italie). A noter pour finir que cette Histoire est « bornée » : la période allant de la Renaissance au Risorgimento est plus profondément traitée que celle avant et après.
D'ailleurs, je me propose de continuer avec « L'Italie contemporaine – de 1945 à nos jours » , ouvrage écrit sous la direction de Marc Lazare, paru chez Fayard, qui traite plus spécifiquement de la période postérieure. Quelqu'un l'a-t-il lu ?