Aujourd'hui l'État donne à titre officiel, de concert avec l'Académie des Beaux-Arts, une instruction que l'on ne peut raisonnablement donner parce qu'elle échappe à toute règle et à toute analyse. Barye disait, en parlant de l'École des Beaux-Arts : « Nous avons une école où l'on ne se borne pas à apprendre aux élèves la langue de l'art; on leur apprend encore à se servir de cette langue pour tout exprimer et tout composer selon une disposition géométrique, de telle sorte qu'avec un alphabet excellent, tous les mots devant être en pyramide, on obtient dos phrases absolument incompréhensibles. » La prétention qu'a l'état, de complicité avec l'Académie des Beaux-Arts, d'apprendre l'art de faire un tableau peut, en effet, être assimilée à celle qu'aurait ce même État d'enseigner, en collaboration avec l'Académie française, l'art de faire une tragédie ou décomposer un roman.
Malgré cet abandon de la pensée de 1789, l'impulsion donnée aux arts par la Révolution avait été tellement forte que pendant la première moitié de ce siècle l'École française jeta un éclat sans précédent et s'éleva jusqu'au sublime, particulièrement dans ce bas-relief de l'Arc-de-Triomphe de l'Etoile qui restera comme l'une des plus admirables conceptions de l'esprit humain et comme l'expression la plus pure du grand mouvement de la France régénérée.
En 1855, à l'Exposition universelle, on obtint toutefois une galerie particulière pour l'art industriel, et en 1861 le gouvernement impérial consentit à laisser organiser au Palais de l'Industrie la première exposition indépendante, qui fut renouvelée en 1863, et amena le développement de l'Union centrale des beaux-arts appliqués à l'industrie, qui depuis a fusionné avec la société du musée des arts décoratifs et est devenue l'Union centrale des arts décoratifs, dont l'action a été grande sur le progrès des arts dans ce pays.
Des rares écoles qui avaient survécu, il sortit toute une légion d'artistes, qui, repris et fortifiés par l'enseignement des hommes de la Révolution, devinrent à leur tour des maîtres dans toutes les branches de l'art ; mais l'éducation professionnelle ne reçut pas l'extension que les lois de 1791 et de 1792 avaient voulu lui donner.