Citations sur Exercices de style (149)
BOTANIQUE
Après avoir fait le poireau sous un tournesol merveilleusement épanoui, je me greffai sur une citrouille en route vers le champ Perret . Là, je déterre une courge dont la tige était montée en graine et le citron surmonté d'une capsule entourée d'une liane . Ce cornichon se met à enguirlander un navet qui piétinait ses plate-bandes et lui écrasait les oignons . Mais, des dattes ! fuyant une récolte de châtaignes et de marrons, il alla se planter en terrain vierge .
Plus tard, je le revis devant la Serre des Banlieusards . Il envisageait une bouture de pois chiches en haut de sa corolle .
ZOOLOGIQUE
Dans la volière qui, à l'heure où les lions vont boire, nous emmenait vers la place Champerret, j'aperçus un zèbre au cou d'autruche qui portait un castour entouré d'un mille-pattes . Soudain, le girafeau se mit à enrager sous pretexte qu'une bestiole voisine lui écrasait les sabots . Mais, pour éviter de se faire secouer les puces, il cavala vers un terrier abandonné .
Plus tard, devant le Jardin d'Acclimatation, je revis le poulet en train de pépier avec un zoziau à propos de son plumage .
Prière d'insérer
Dans son nouveau roman, traité avec le brio
qui lui est propre, le célèbre romancier X, à qui
nous devons déjà tant de chefs-d'œuvre, s'est
appliqué à ne mettre en scène que des person-
nages bien dessinés et agissant dans une atmo-
sphère compréhensible par tous, grands et petits.
L'intrigue tourne donc autour de la rencontre
dans un autobus du héros de cette histoire et d'un
personnage assez énigmatique qui se querelle avec
le premier venu. Dans l'épisode final, on voit
ce mystérieux individu écoutant, avec la plus
grande attention, les conseils d'un ami, maître en
dandysme. Le tout donne une impression char-
mante que le romancier X a burinée avec un rare
bonheur.
p.38
Distinguo
Dans un autobus (qu'il ne faut pas prendre pour un autre obus), je vis (et pas avec une vis) un personnage (qui ne perd son âge) coiffé d'un chapeau (pas d'une peau de chat) cerné d'un fil tressé (et non de tril fessé). Il possédait (et non pot cédait) un long cou (et pas un loup con).
Comme la foule se bousculait (non que la boule se fousculât) , un nouveau voyageur (et non un veau nouillageur) déplaça le susdit (et non suça ledit plat). Cestuy râla (et non cette huître hala), mais voyant une place libre (et non ployant une vache ivre) s'y précipita (et non si près s'y piqua).
Plus tard je l'aperçus (non pas gel à peine su) devant la gare Saint-Lazare (et non là où l'hagard ceint le hasard) qui parlait avec un copain (il n'écopait pas d'un pralin) au sujet d'un bouton de son manteau (qu'il ne faut pas confondre avec le bout haut de son menton).
Alexandrins
Un jour, dans l'autobus qui porte la lettre S,
Je vis un foutriquet de je ne sais quelle es-
Pèce qui râlait bien qu'autour de son turban
Il y eut de la tresse en place de ruban.
Il râlait ce jeune homme à l'allure insipide,
Au col démesuré, à l'haleine putride,
Parce qu'un citoyen qui paraissait majeur
Le heurtait, disait-il, si quelque voyageur
Se hissait haletant et poursuivi par l'heure
Espérant déjeuner en sa chaste demeure.
Il n'y eut point d'esclandre et le triste quidam
Courut vers une place et s'assit sottement.
Comme je retournais direction rive gauche
De nouveau j'aperçus ce personnage moche
Accompagné d'un zèbre, imbécile dandy,
Qui disait : « Ce bouton faut pas le mettre icy. »
p.51
Un jour de canicule sur un véhicule où je circule, gesticule un funambule au bulbe minuscule
Composition de mots
Je plate-d'autobus-formais co-foultitudinaire-
ment dans un espace-temps lutécio-méridiennal
et voisinais avec un longicol tresseautourducha-
peauté morveux. Lequel dit à un quelconqua-
nonyme : « Vous me bousculapparaissez. » Cela
éjaculé, se placelibra voracement. Dans une spatio-
temporalité postérieure, je le revis qui placesaint-
lazarait avec un X qui lui disait : tu devrais
boutonsupplémenter ton pardessus. Et il pour-
quexpliquait la chose.
p.28
Un jour de canicule sur un véhicule où je circule, gesticule un funambule au bulbe minuscule
SONNET
Glabre de la vaisselle et tressé du bonnet,
Un paltoquet chétif au cou mélancolique,
Et long se préparait, quotidienne colique,
A prendre un autobus le plus souvent complet.
L'un vint, c'était un dix ou bien peut-être un S,
La plate-forme, hochet adjoint au véhicule,
Trimbalait une foule en son sein minuscule,
Où des richards pervers allumaient des londrès.
Le jeune girafeau cité première strophe,
Grimpé sur cette planche entreprend un péquin,
Lequel, proclame-t-il, voulait sa catastrophe,
Pour sortir du pétrin bigle une place assise,
Et s'y met. Le temps passe. Au retour un faquin,
A propos d'un bouton examinait sa mise.
Le trombone du soleil bémolisait midi.
Auditif, p 93