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sur 1992 notes
Notation :
« Exercices de style ». Célèbre texte à contrainte littéraire. Auteur : Raymond Queneau, cofondateur de l'OuLiPo. Raconte une histoire de 99 manières différentes. Celle d'un type dans un autobus. Avec un chapeau, un long cou et un pardessus trop échancré. Chaque version traduit une figure de style particulière. Brillant exemple de stylistique et de linguistique.

Pronostications :
Lecteur, lorsque tu ouvriras ce petit livre de Raymond Queneau, tu seras peut-être étonné de découvrir son contenu. Car, toujours la même histoire tu liras et ce, 99 fois. Et tu verras, les styles seront à chaque fois différents. Raymond Queneau te narrera le bref récit d'un jeune homme à chapeau dans un autobus. Il sera aussi question de bouton et de pardessus. Au fil de ta lecture tu souriras, tu riras et tu apprécieras la maîtrise et la fantaisie d'un auteur hors du commun. Sous tes yeux ébahis, l'Oulipien s'amusera à jongler avec les genres, avec les mots. Alors, quand tu liras ces délirants exercices de style, tu passeras certainement un bon moment.

Précisions :
L'auteur, Raymond Queneau, né le 21/02/1903, mort le 25/10/1976 à l'âge de 63 ans, a écrit « Exercices de styles » en 1947, 1 histoire racontée 99 fois (9 x 11), c'est à dire de 100 - 1 manières différentes. Attaqué la lecture à 16h, le 10/12/2012. Terminé 165 minutes plus tard; 150 pages comptabilisées. 40% de plaisir ludique, 40% de contrainte littéraire. Total : 80% de satisfaction. 3,5 étoiles.

En partie double :
L'auteur et écrivain au nom et patronyme de Raymond Queneau, l'un des créateurs et le cofondateur de l'OuLiPo et de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, réfléchit et médite sur une contrainte et une astreinte relative et correspondante à la littérature et aux lettres. C'est ainsi et comme ça, qu'il écrit et rédige « Exercices de style » en 1947. Il y raconte et y narre un bref récit et une courte histoire de quatre-vingt-dix neuf et nonante neuf manières et façons différentes et autres. Divers styles, nombreux genres pour un exercice et une composition grammaticale et syntaxique tout à fait et totalement étonnante et surprenante. Acclamation et hourra pour Monsieur et Sieur Queneau !

Négativités :
Ce n'est ni un peintre, ni un musicien, c'est un littérateur. Ce n'est ni Pérec, ni Calvino, mais c'est un autre membre de l'OuLiPo. Ce n'est ni un roman, ni un long récit, c'est une histoire brève qui n'est ni racontée une fois, ni racontée 2 fois, mais plutôt 99 fois. Elle n'est ni grammaticalement libre, ni affranchie des genres, elle est sous contrainte stylistique. Ce n'est ni ennuyeux, ni barbant, c'est ludique et très plaisant. Ce n'est ni « Zazie dans le métro », ni « Cent mille milliards de poèmes », mais c'est aussi du Raymond Queneau. C'est « Exercices de style », singulier petit ouvrage ni très sage, ni trop sérieux, qui fait sa révolution en variations sur le même thème.

Zoologique :
Drôle de zèbre que voilà, ce Raymond Queneau ! L'un des coqs de la basse-cour de l'OuLiPo et malin comme un singe avec ça ! Voilà-t-il pas que ce fou de Bassan décide de recenser tous les cris des animaux ! Il s'est pris pour un perroquet à répéter 99 fois le même chant de baleine, en le sifflant sur tous les tons comme un merle sur une branche. Ca caquette, ça blatère, ça s'ébroue, ça hennit…Il faut voir ça : un vrai zoo là-dedans ! Foi de moineau, ce n'est pas une tête de linotte, ce Raymond Queneau, et faut bien être un peu taupe pour pas voir le travail de fourmi entrepris. C'est bien simple, nous, ça nous fait ronronner de plaisir.

Moi je :
Moi je l'ai lu le bouquin. Et moi je vous le dis, raconter 99 fois l'histoire de ce type au galurin et au cou de girafe, je ne sais pas vous, mais moi, eh bien, moi je trouve que c'est quand même pas mal foutu ce qu'il a fait là Monsieur Queneau. Moi, ce que j'en dis hein ? C'est pour dire…Enfin moi, je lui tire mon chapeau, moi, à Raymond Queneau.

Par devant par derrière :
Il ne vous reste plus par devant qu'à continuer par derrière. En anagrammes par devant, en polyptotes par derrière, en aphérèses par devant ou apocopes par derrière, et cetera par devant et cetera par derrière…
Amusez-vous bien par devant, et pourquoi pas par derrière…

« Et un auteur oulipien, c'est quoi ? C'est un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir. »
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Raymond Queneau , le grand prêtre de l'Oulipo, a déposé, avec ses "Exercices de style", une belle offrande sur l'autel de la langue française !

On peut se dire - "à quoi ça sert de relire quatre-vingt-dix-neuf fois la même histoire d'un gus dans un bus, dont le bouton de pardessus aurait mérité d'être remonté", mais justement...
Exercez-vous avec tonton Raymond, expérimentez, extrapolez, exorcisez cette petite histoire autobussante d'une façon de plus en plus extraordinaire !
le livre est comme la gamme de chocolat Côte d'Or - quatre-vingt-dix-neuf fois la même chose, mais à chaque fois le chocolat est différent et presque toujours aussi bon.
Ou prenez cette histoire autobussique par son côté mathématique, si cher à l'Oulipo - on peut poser la même équation maintes fois différemment pour obtenir toujours le même résultat !

Ô lecteur au regard perçant de braise, comme tu te réjouiras de ces "apostrophes" tracés au stylographe à la plume platine !
Les "hellénismes" de Queneau vont te traumatiser le diaphragme, tandis que ses "antonymes" ne t'arracheront pas le moindre sourire...
Tiens ! Minuit ! Il est temps de dormir ! t'exclameras-tu tristement en refermant à contrecoeur cet assemblage de 160 rectangles de papier imprimés des deux côtés et reliés ensemble (ce qui, en définitif, peut aussi bien définir ces "Exercices"). Tout en laissant les "italianismes" per oune autre giorne, ainsi que les anagrammes, alexandrins, polyptotes, apocopes, syncopes et caetera, et caeteron.....
Car "c'est en écrivant qu'on devient écriveron".

Et Raymond est un sacré écriveron ! C'est oun magiciano de tutti motti de la french language, qui vous ressort à l'infini le même lapin de son haut-de-forme, mais tantôt le lapin est noir, tantôt il est blanc, lapin de garenne ou lapin javanais, parfois il a des pattes de devant derrière et celles de derrière devant, les oreilles collés au dos ou les yeux flanqués aux fesses.
Il change sans arrêt et ça nous fait marrer, mais on ne peut pas s'empêcher d'être admiratifs.
Et quand le chapiau est vide, il ne reste qu'à enlever aussi le notre...
Chapeau, monsieur Queneau !
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J'ai acheté ce livre suite à la chaude recommandation d'un collègue dont j'apprécie les goûts éclectiques. A-priori, ce n'est pas ma tasse de thé mais je lui ai fait confiance.
Mais comme j'ai bien fait !!

En fait il y a tout ce que j'aime là-dedans : le jeu avec les mots, avec les phrases, les fonctions mathématiques appliquées aux mots, la variation, surtout la variation. On rit souvent, on s'étonne toujours. le résultat de l'exercice est parfois fade, mais éveille toujours la curiosité.

Pour ceux qui ne connaissent pas. Il s'agit de faire des variations sur une histoire très simple : Sur la plateforme bondée du bus S, la narrateur décrit un individu au long affublé d'un chapeau orné d'une tresse au lieu d'un ruban qui râle après un autre passager qui lui écrase les pieds chaque fois que du monde monte ou descend. Dès qu'il le peut, il s'installe à une place libre. Plus tard, le narrateur le revoit en train de discuter avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.
Le but de tout exercice étant d'être pratiqué, tentons ici l'expérience :

MISE A JOUR
Chui dans l'tram 2, trop plein de veaux le truc. Y'a un keum debout qui me les gonfle sévère. Il l'ouvre tout l'temps pour gueuler sur un pauv' vieux, soi-disant que l'vieux lui écrase les pompes chaque fois qu'les mecs descendent. Pauvre abruti ! On est serré comme une carte d'identité dans un scanner quoi ! Peux pas la fermer cinq minutes ? Déjà qu'c'est limite s'il se bouge pour laisser sortir les gens. Encore un enfoiré quoi ! Tiens ! Y'a une place assise qui s'libère et le keum, il fonce dessus comme ma meuf sur une paire de shoes sur Zalando ! Cherche mêm' pas si y'a un vieux autour, l'enfoiré. Putain, y'a des escadrilles de baffes qui s'perdent, c'est bon !
Tiens ! J'viens de revoir l'enfoiré du tram à la Défense ! Il causait avec un autre enfoiré, il peut pas avoir des potes ce keum. L'autre lui disait un truc sur son Lacoste. Putain, Lacoste, quoi ! le ringard à deux balles !
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En tant que lecteur pas très versé dans le domaine littéraire, j'avais toujours, jusqu'à aujourd'hui, considéré le style comme un petit plus, certes appréciable, mais pas forcément indispensable si on a une bonne idée de roman et de bons personnages en tête.

Ce petit essai de Queneau remet les choses à leur place : en décrivant une situation assez banale de cent manières différentes, on se rend tout de suite compte que les sentiments et les impressions qu'elles nous donnent varient du tout au tout. On sent que l'auteur s'est beaucoup amusé, certains styles sont absurdes, d'autres illisibles (et même parfois étonnamment lisible malgré le chaos total de l'ordre des lettres ou des mots). On ne s'ennuie pas un instant, chaque page est une nouvelle découverte.
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Avec "Zazie dans le métro", voici sans doute le titre le plus célèbre de cet écrivain hors norme que fut Raymond Queneau.

L'auteur réussit, en effet, un véritable tour de force littéraire: raconter une anecdote, insignifiante en elle-même, de 99 façons différentes!
Chaque variation (presque au sens musical du terme) met en valeur soit une figure de rhétorique (litote, homéotéleute, polyptote...), soit un point de vue narratif particulier (ton désinvolte, parler paysan, langage précieux...), soit encore une forme littéraire (vers libres, ode, sonnet...)

Outre l'aspect purement ludique et amusant de ces "exercices", Queneau veut faire prendre conscience à son lecteur d'une chose essentielle que notre époque sous-estime, voire néglige totalement: en littérature (digne de ce nom), l'important n'est pas tant ce qui est dit (le sujet, le thème de l'oeuvre) que la manière - la façon dont cela est dit. L'expression prime l'histoire, les idées, les sentiments...
Une manière bien à lui de remettre à l'honneur le travail de l'écrivain, l'écriture en elle-même, bref, le STYLE.
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-Exercices de style - fait partie de mes livres de chevet.
En ces temps où il y a en France 67 millions d'auteurs autoproclamés, comme il y a 67 millions de sélectionneurs de football ou 67 millions d'épidémiologistes, d'infectiologues, de virologues... bref 67 millions d'ultracrépidarianistes ( un mot qui, j'en suis persuadé, aurait amusé Queneau ), il est bon de connaître et d'avoir à portée de lecture cet ouvrage oulipesque, dont le mérite, outre tout ce qui a trait à l'étude de la langue ( la linguistique historique, textuelle, la sémantique, la pragmatique, la phonétique, la phonologie, la grammaire, la syntaxe, la stylistique, l'histoire etc...), est d'offrir à travers "des exercices de style", c'est-à-dire une série quasi inépuisable de prouesses littéraires, une démonstration de ce qu'est l'écriture, de ce que sont ses aspects multidimensionnels si l'on possède les outils ( voir les disciplines mentionnées plus avant ) nécessaires pour pouvoir les exprimer dans ce qu'ils ont de meilleur, j'entends par là de plus créatif, de plus subtil, de plus efficace, de plus intelligent.
Ce livre est donc, autant ce à quoi je viens de faire allusion, qu'un manuel d'hypotrophie de l'ego, de la remise en cause de toutes les prétentions narcissiques... un livre pour tout créateur en gestation qui aurait l'humilité et la sagesse de s'interroger sur ce que à quoi peuvent tendre ses velléités littéraires... s'il est, tel un Lucien de Rubempré, épris de gloire littéraire.
Queneau se propose donc dans cette oeuvre, en partant d'un texte originel, de décliner 99 fois son histoire sur des modes différents.
Cette idée, qu'on qualifie de contrainte... ludique, est née, dit-on, de...
"Il semblerait que pour l'écriture des Exercices de styleQueneau se soit inspiré de l'oeuvre de Bach Die Kunst der Fuge (composée entre 1740 et 1750) qui comporte quatorze fugues et quatre canons. Chacun de ces dix-huit contrepoints se base sur le Contrapunktus. Queneau dit qu'après avoir entendu l'Art de la Fugue il a pensé « qu'il serait bien intéressant de faire quelque chose de ce genre sur le plan littéraire. C'est effectivement et très consciemment en me souvenant de Bach que j'ai écrit Exercices de style ».
Voilà pour la genèse.
Venons-en au texte aux infinies variations.
"L'histoire elle-même tient en quelques mots. le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau mou orné d'une tresse tenant lieu de ruban. Ce quidam échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une autre place. Un peu plus tard, le narrateur revoit le même jeune homme cour de Rome devant la gare Saint-Lazare en train de discuter avec un ami qui lui conseille d'ajuster (ou d'ajouter) un bouton de son pardessus."
À partir de ce "support narratif", Queneau va nous montrer qu'il est possible de raconter au lecteur, sans le lasser, 99 fois la même histoire.
Et le maestro oulipesque se lance : (au hasard)... la version médicale, sous forme de lettre officielle, d'analyse logique, d'onomatopées, d'anglicismes, d'italianismes, de javanais, de conjugaison des temps, de figures de style, de nuances stylistiques ( ampoulé, vulgaire ), de mode ( comédie, interrogatoire ), en faisant appel à nos cinq sens, à quelques genres poétiques ( le sonnet, le tanka (eh oui ! ), les vers libres, les Alexandrins ), mais aussi les noms propres, les "contre-petteries", les interjections, et ce qu'il appelle le "Modern Style"... je termine cette liste non exhaustive sur "Alors"...
"Alors l'autobus est arrivé. Alors j'ai monté dedans. Alors j'ai vu un citoyen qui m'a saisi l'oeil. Alors j'ai vu son long cou et j'ai vu la tresse qu'il y avait autour de son chapeau. Alors il s'est mis à pester contre son voisin qui lui marchait alors sur les pieds. Alors, il est allé s'asseoir.
Alors, plus tard, je l'ai revu Cour de Rome. Alors il était avec un copain. Alors, il lui disait, le copain: tu devrais faire mettre un autre bouton à ton pardessus. Alors."
Un exemple d'un de ces 99 tours de force qui sont autant d'invites à leur lecture qu'à vous challenger, et écrire vous-même votre propre version.
Car si Queneau s'est limité à 99 versions du même texte, c'est qu'il fallait se fixer, d'un point de vue éditorial, une limite.
Mais il est bien évident qu'il aurait pu non pas se restreindre à 99 versions mais en viser 999.
Amusez-vous à y réfléchir...
Je vous aide un peu : en verlan, sans les voyelles ( A, E ( clin d'oeil à Monsieur Perec, I, O,U,Y ), et bien sûr sans les consonnes ( je ne les liste pas ( sourire ) ), ne pas utiliser de verbes, ne pas employer le masculin ou le féminin, tout mettre au pluriel ou au singulier, écrire une version à la Coluche, à la Desproges, à la Devos..., poétiquement, le fin du fin serait d'en écrire une à la René Char... politiquement à la Trump, à la Berlusconi, à la Poutine ou à la le Pen ( je provoque... encore que...), et puis pour finir... un texte revu et visité par Raoult, l'OMS, les pro et les anti-vax...
Mille manières donc de constater qu'on peut tout écrire et... presque n'importe comment...
Je dis presque, car derrière cet adverbe le talent se tient en embuscade, et que sans lui...
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Un très bel exercice de style qui rend hommage au nombre insensé de manières d'être et de façon de se comporter dans la langue française. Bel outil pour les grands et les petits qui ont un sens aigu de la culture.
A lire sans modération !!! En prenant garde !!!
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Un feu d'artifice ! Si vous aimez , comme moi, les jeux de langage, les figures de style, l'humour et la subtile notion de point de vue, vous allez vous régaler! Mais beaucoup d'entre vous connaissent déjà ce chef-d'oeuvre, je pense!

Raymond Queneau le fantaisiste, le brillantissime jongleur de mots, le membre actif de l'inventif Oulipo,s'adonne ici à un exercice difficile: donner 99 versions du même texte...Autant de façons différentes de savourer la recette de base.Pari hautement gagné pour moi! Ce livre, je l'utilise souvent avec les élèves de 3ème mais je le relis aussi régulièrement pour mon plaisir personnel...

Je ne vous résumerai pas l'histoire qui sert de point de départ, mais pour vous mettre l'eau à la bouche, voici quelques extraits des versions imaginées par l'auteur.
Un peu de linguistique? " Anglicismes", why not?

" Un dai vers middai, je tèque le beusse et je sie un jeune manne..."

Vous préférez les évocations poétiques ? Voici " Ode":

" Dans l'autobus
dans l'autobon
l'autobus S
l'autobusson
qui dans les rues
qui dans les ronds
va son chemin
à petits bonds.."

L'atmosphère policière vous attire, alors lisez" Interrogatoire":

" -A quelle heure, ce jour-là passa l'autobus de la ligne S de midi 33, direction porte de Champerret ?
- A midi 38."

Un peu de grammaire, peut-être? Allez, " Analyse logique":

" Autobus.
Plate-forme.
Plate-forme d'autobus. C'es le lieu.
Midi.
Environ .
Environ midi. C'est le temps."

Il ne faut pas s'y fier, tout paraît couler de source, être facile, dans cet " essai", mais ce dut être , outre un amusement,un travail fou. Queneau est très pointu et orfèvre passionné des mots, faire un lipogramme ou une version antonymique n'est pas si simple...

Bref, unet merveille d'originalité et de jubilation verbale, ce livre, et si vous voulez l'adapter à des lecteurs plus jeunes, je vous conseille " Histoires à toutes les sauces" de Gilles Barraquė, qui reprend avec bonheur le même principe.

Bon, je termine avec ma modeste version, restons dans le local, un peu de cht'i, attention celui de ma région ( eh oui, ce n'est pas le même selon le village...):

" Ti s 'autres, t'as ravissé l'gamin qu'y est monté dins l'bus, avec s'capieau!
- J'sais nin, mi, j'l'ai nin vu , j' to mate.
- T'es rin qu'un niquedoule a st'eure ! C'loqu'teux, c'éto in brayou!
- Cha c'est des carabistoulles ! "

Assite sur t'caïelle, a st'eure, et lis "Exercices de style"...








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Bienvenue dans l'ancien laboratoire du docteur Queneau.
'Faites pas attention au bordel, c'est normal, il avait pour habitude de vivre dans son foutraque lexical. Au loin vous pouvez voir son accélérateur grammatical de particules. Il n'aimait pas qu'on s'en approchait car ça pouvait faire péter l'bazar disait-il.

Raymond? S'il aimait son job?
Son métier c'était toute sa vie oui! Même à la cantine il exigeait qu'on lui découpe ses pommes frites en alphabet bien ordonné. C'était un perfectionniste j'vous dis. Il ne comptait jamais ses heures. À 19 heures quand les collègues s'en allaient, il continuait de mélanger ses lettres. In-la-ssa-ble-ment!

Le nez dans ses fioles orthographiques, lui ce qu'il aimait c'était de pousser la langue dans ses retranchements. Alors, un jour, le directeur l'a pris au mot et l'a appelé dans son bureau. "Queneau, je veux vous voir à l'oeuvre? Je veux 99 manières différentes de raconter une seule et même histoire. Vous avez carte blanche!"

Tu penses bien que le Raymond ça l'a motivé. Il en dormait plus la nuit et chipotait ses lipogrammes, apocopes et autres épenthèses. Il y avait des moments où on ne comprenait rien de ce qu'il disait et ça l'faisait marrer de nous voir mettre les bouchées doubles pour déchiffrer son langage. Il avait pas besoin de dico, il était son propre dictionnaire.

Il perdait parfois des voyelles, retournait son labo afin de remettre la main dessus et s'il ne les retrouvait pas alors il s'en accommodait. C'est pour ça que c'était un génie le Queneau, il avait pas besoin de grand chose pour faire de grandes choses.

Un lundi soir, le directeur a rassemblé l'équipe et nous a annoncé le départ de Raymond pour un autre labo. On ne l'a plus jamais revu notre collègue si ce n'est qu'on voit souvent son nom dans les librairies, les ateliers d'écritures et les universités. Il parait qu'il aurait réussi à créer sa start-up. Oulipomachin.

Si quelqu'un a des nouvelles de notre ancien collègue, qu'il se manifeste.
Lien : https://lespetitesanalyses.com
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Un bus, à Paris. Un jeune homme au long cou et au chapeau tressé, dans celui-ci, qui interpelle un autre usager parce qu'il lui marche sur les pieds, avant d'aller s'asseoir à une place libre. Deux heures plus tard, nouvelle rencontre avec ce jeune homme, qui discute avec un ami sur le manque d'un bouton sur son pardessus.

Des instants banals du quotidien que le narrateur va nous écrire, différemment, en quatre-vingt dix neuf exercices, alternant les genres, les figures de style, les niveaux de langue, pour mieux rendre justement autres ces instants banals.

Tantôt réussis, tantôt malencontreux, ces exercices de style de Raymond Queneau n'en restent pas moins une magnifique illustration des potentialités d'une langue, tant en termes de lexique, de grammaire, ou encore de style, par l'imposition de contraintes, qui deviendront le mot d'"ordre" de l'OuLiPo à sa création un peu plus de dix ans plus tard, notamment par l'auteur.
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