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3,99

sur 700 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Raymond Queneau est un auteur que j'apprécie vraiment beaucoup. Et ce roman est incontestablement mon livre préféré de cet écrivain. L'écriture est merveilleuse, pétillante, inventive... Raymond Queneau était un génie. Ce livre m'a beaucoup divertie et j'ai ri de bon coeur. Un texte lu et relu, que je conseille au plus grand nombre. Ce roman est devenu un classique. C'est un chef-d'oeuvre. Un coup de coeur.
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Je viens de découvrir Raymond Queneau - grâce à un certain étudiant fort sympathique en première année de lettres.
- Lis ça, tu vas adorer, dit-il.
- Ca a l'air bien, vu ta tête, dit l'époux.
- Oh oui, c'est génial, dis-je.
- Bê, bê, dit Phélise.

Seule Phélise est un personnage de ce roman, le reste reste véridique - mais vous voyez déjà où je veux en venir. On est en plein récit surréaliste, un grand n'importe quoi, mais pourtant simple, marrant, dépaysant et agréable à lire.
La langue de Queneau est, pour ainsi dire, extrêmement "bazardeuse", il nous serve des "archaïsmes néologisants" et des "néologismes archaïsants"; tel son alchimiste Timoleo Timolei il "passe d'une couleur à l'autre" , il fait "les solides devenir liquides et les liquides devenir solides, les palpables devenir impalpables"...et vice versa. C'est un régal !

Cidrolin (!) vit sur une péniche, près de Paris. Il a trois filles. Il aime bien aller faire un tour au "campigne des campeurs", lézarder dans sa chaise longue et repeindre sa clôture, laquelle un mystérieux "graffitomane" macule régulièrement par des insultes. Et il rêve qu'il est....

....Joachim, duc d'Auge. Qui se rend souvent à la "ville capitale". Qui a trois filles Qui se déplace dans l'histoire, 175 ans à chaque pas. Et qui rêve qu'il est...

Vous pouvez faire tourner la boucle presque à l'infini, si vous voulez. Pourquoi "presque" ? A chaque pas, inévitablement, le duc s'approche de Cidrolin, jusqu'à moment où les deux verres d'essence de fenouil (jusque là consommée sans modération, mais, hélas, séparément) se retrouvent posés sur la même table sur la terrasse de la péniche.
Et on va enfin mettre la main sur le mystérieux "graffitomane" ! (Il paraît que Queneau avait très envie d'insérer à son récit un petit élément policier...)
Et vous comprendrez sans doute aussi pourquoi le duc est un grand amateur de "préadamites" et pourquoi il aime tant s'adonner à la peinture rupestre chez son copain Altaviva y Altamira.
Il est temps, d'ailleurs, car c'est la fin. le duc part avec la péniche de Cidrolin vers les fleurs bleues (ce sont les myosotis; et les myosotis, dans la langue de Shakespeare....!) - tandis que Cidrolin et sa fiancée Lalix sautent in extremis dans un canot de sauvetage.

Ca fait longtemps que j'ai vu "Zazie dans le métro" et je ne me souviens pas bien...Mais "Les fleurs bleues" me font penser à un autre film que j'aime - "Dead Man" de Jarmusch. Pour l'atmosphère, un peu, mais surtout pour la "boucle", pas vraiment explicite, mais pourtant évidente. Et là, vous vous dites : PAS MAL !
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Un roman historique ?
Un conte philosophique ?
Une expérience psychanalytique ?
Une étude sur les effets psychotropes de l'essence de fenouil ?
Les fleurs bleues, c'est tout ça, et bien d'autres choses encore.
Vous aimez les mots-valises ? Il y en a.
Vous aimez les canons et les bombardes ? Il y en a.
Vous aimez les chevaux ? Il y en a (et ils parlent).
Vous aimez le camping ? Il y en a.
Vous aimez les graffitis ? Il y en a.
Vous aimez l'andouillette ? Il y en a aussi.
Vous aimez l'Oulipo ? Vous êtes en plein dedans.
Merci beaucoup à Bobby_The_Rasta_Lama de m'avoir fait découvrir cette pépite !

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« Les Fleurs bleues » de Raymond Queneau, roman paru en 1965, est un souvenir de fac, et un très bon souvenir.
Celui, d'abord, d'une lecture drolatique, ponctuée de Sarrasins de Corinthe, de houatures, de Châtiau, de « à quoi Nasser ? », de va et vient dans le temps avec leurs lots d'anachronismes jouissifs. Lire Queneau, ça a souvent kekchose d'amusant !
Et si je sentais bien que derrière l'amusement, le premier degré de la loufoquerie des personnages, des calembours ou des jeux d'écriture phonétique, se cachait un aspect de l'oeuvre sans doute plus profond, je ne perçais pas le mystère.
Queneau aimait comparer ses romans à des oignons dont le lecteur doit ôter progressivement les pelures. C'est ce que fit pour nous, avec verve et brio, Mme Mourier-Casile, lors d'un magistral cours magistral. A chaque pelure enlevée, les yeux nous picotaient, à la fois de rire, de plaisir et de jubilation devant la complexité du livre révélée.
Le cofondateur de l'Oulipo réalise un exercice de style éblouissant, savant et érudit, dont les multiples tiroirs s'ouvrent sur un roman philosophique, nourri par les pensées d'Heidegger et Hegel. Réflexion sur l'individu en proie à l'angoisse, à la culpabilité, ce roman met en oeuvre, au sens littéral, les instances de la psyché, incarnées par les trois personnages principaux : Cidrolin, le moi, vivant en 1964 ; le duc d'Auge, qui se promène dans différentes époques et représente le ça et ses pulsions ; enfin Labal, l'envahissant surmoi.
Cidrolin et Auge apparaissent et disparaissent au rythme du sommeil de l'un et de l'autre, interrogeant ainsi les frontières du rêve et de la réalité, l'ambivalence du « rêvé » et du « révélé », l'opposition entre « je pense » et « je rêve ». L'apologue de Tchouang-tseu nous revient en mémoire : qui rêve de qui ? Queneau joue avec la psychanalyse, l'interprétation des rêves, mais grâce à l'humour, au burlesque, garde ses distances.
Le pari est réussi. On suit le fil de l'histoire malgré les bizarreries, on s'intéresse aux personnages, bien qu'ils soient flous, et on s'interroge sur la construction arithmétique d'un récit qui renverse les codes du roman.
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C'est un bouquet qui ne se laisse pas facilement cueillir, si on n'ouvre pas un peu son coeur et son esprit.

Mais moi, j'étais prévenue, et puis j'aime bien les choses un peu étrange, un peu hors cadre, et le fondateur de l'Oulipo, le hors cadre, ça lui connaît :)

Alors, ces Fleurs Bleues, quelles sont-elles ? Des fleurs que l'on cueille au creux des songes. de drôles de songes, des rêves extraordinaires, rêvés par… Rêvés par qui donc ?

Cidrolin sur sa péniche ? le Duc d'Auge sur son cheval ?

Et si je tentais un résumé, avant de vous perdre en chemin :) ?

Le roman est basé sur cette célèbre démonstration chinoise (démonstration qu'on désigne sous le nom d'apologue) « Tchouang-tseu rêve qu'il est un papillon, mais n'est-ce point le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu ? »

Dans notre roman, nous avons Cidrolin, qui vit sur une péniche, peint et repeint une barrière souillée chaque jours mystérieusement, indique le chemin du « campigne » à des campeurs insolites, avant de s'endormir pour une sieste, dans laquelle il rêve du Duc d'Auge…

A moins que ce ne soit le Duc d'auge sur son fier cheval bavard, qui rêve de Cidrolin, entre deux révolutions ? Qui sait.

En tout cas, le Duc d'Auge voyage, de siècle en siècle, l'épée leste et le verbe fleuri, jusqu'à rencontrer Cidrolin, alors qu'il cherchait le chemin du campigne :)

Le livre est riche, comme un mille-feuilles, il y a de multiples possibilités d'interprétation, et autant de détails à repérer. La finesse du vocabulaire, la drôlerie, l'absurdité des situations, tout cela fait de ces Fleurs Bleues un ouvrage unique. Chacun peut y puiser ce qu'il veut, apprécier les petits détails qui apparaissent et disparaissent au gré des lectures.

C'est aussi une oeuvre remarquable par le voyage dans le temps qu'elle décrit. J'ai toujours été très préoccupée de ses questions sur le temps. Et là, la rencontre improbable de Cidrolin et du Duc, puis le largage de la péniche, qui part emmenant le Duc et sa cours avec lui, la petite barque qui ramène Cidrolin vers le rivage… Tout cela m'a fait penser à ma propre idée du temps, une sorte de cercle concentrique, avec les personnes et les situations qui se reproduisent comme dans un drôle de miroir… Un peu comme les galets que l'on jette dans l'eau et qui forment des cercles concentriques.

Bref, un roman, riche, incroyable par delà les situations un peu absurdes, un livre qui se savoure.

Quant aux Fleurs Bleues du titre, nous ne les apercevons qu'à la toute fin du livre. Finalement, elles désignent peut-être notre coeur, et notre esprit, quand on les laisse ouvert et propre à accueillir ce qui est hors cadre, comme l'amour, ou n'importe quelle autre absurdité ?
Lien : http://danslessouliersdocean..
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c 'est mon premier Queneau et je dois dire que je suis .... très très surprise!!! j'ai vraiment adoré ce côté décalé, et quelle aisance pour manier les mots, les changer, en créer d'autres...
Histoire très rocambolesque mais très intéressante.
A relire et à lire absolument. très belle écriture :) Je suis fan ^^
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Grand moment de rigolade. Pour les amateurs d'intertextualité, de références en tout genre et d'OULIPO!
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Merci à Chloé Delaume d'avoir présenté ce livre à "la grande librairie" et surtout de m'avoir donné envie de le lire. J'avais déjà adoré "Zazie dans le métro" alors je suis allée à la Bibliothèque chercher "les fleurs bleues" (cela fait partie de mes nouvelles pratiques). le monde imaginaire dans lequel Queneau nous entraîne m'a permis de rire comme, par exemple, quand le cheval qui parle dit "je me demande quand je reverrai mon écurie natale qui m'est une province et beaucoup davantage" (cf Heureux qui comme Ulysse). A noter dans les annales !
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Je n'avais pas du tout adhéré à "Zazie dans le métro", mais "les fleurs bleues" de Queneau, j'adore!!

- Beaucoup d'humour et de calembours (j'adore le détournement de la devise "Honni soit qui mal y pense" par : "Nenni soit qui mal y pense", "Hennit soit qui mal y pense", "Corpernic soit qui mal y pense")
- une histoire (des histoires?) complètement décalée,
- des personnages complètement loufoques (le duc d'Auge notamment)

Bref, je le recommande +++ !!!
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A lire et à relire! Ce livre est tellement merveilleux, plein de jeux sur les mots et de jeux sur les sonorités. L'histoire est perchée mais le livre savoureux!
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