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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aujourd'hui je vais évoquer L'amour la mère le nouveau roman de Pascal Quignard. Il est l'auteur d'une oeuvre très importante avec notamment le salon de Wurtemberg et Tous les matins du monde. Il a également publié de nombreux textes inclassables tels que le sexe et l'effroi, Les larmes ou le projet intitulé le royaume.
L'amour la mère est un roman mais la lecture est difficile, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages et à suivre une intrigue décousue. Il est question de musique (baroque) et de personnages fameux, l'action se déroule dans les années 1650. J'ai la sensation de ne pas pouvoir résumer ce texte, je préfère donc en citer quelques extraits épars qui mettent en exergue le style et la profondeur de ces aphorismes et précis littéraires. La prose précise et poétique se retrouve par exemple avec cette évocation d'embarcations fluviales : « le chaland wallon, la felouque arabe, la jonque chinoise. Un tialque et son étrange gouvernail. Les gondoles à la manière de Venise avec leu bec de drakkar. La lourde chaloupe ostendaise. » le lecteur familier de Pascal Quignard retrouve des thèmes qui lui sont chers ; Monsieur de Sainte-Colombe et sa viole de gambe par exemple rode dans ces pages. Il est précisé qu' : « en 1652, certains villages, en Picardie, périrent entièrement par famine. Puis la moitié de la population des cités disparut par épidémie. On se mit à brûler, à la façon de boucs émissaires, tous les vagabonds qui infectaient l'air. Les Égyptiens brûlèrent. Les sorcières brûlèrent. Les protestants brûlèrent. Les libertins brûlèrent. » Cette description apocalyptique résonne comme une semonce. Parmi les pensées assénées on retient ces mots repris en quatrième de couverture par l'éditeur : « tout homme, toute femme, qui met un objet à l'amour, n'aime pas. Tout être humain ou animal qui fixe un but à l'amour, n'aime pas. Qui impose un contenu, n'aime pas. Qui rêve un foyer, une maison, un enfant, de l'or, une récompense, n'aime pas. Qui court après la réputation, l'ascendant social, la voiture, l'honneur, n'aime pas. Qui vise le champion du tournoi, l'intégrité religieuse, la propreté, la délicatesse de la nourriture, l'ordre du lieu, le soin de jardin, n'aime pas. » Mais ces mots forts porteurs d'une philosophie ne sont pas suivis d'effet ; Éros côtoie Thanatos puisque : « le deuil n'est pas douleur qui dans le temps s'atténue. C'est un détachement hardi, actif, à l'endroit de la mort. Il ne faut pas consentir à la mort, mais lui dire adieu. Il faut détruire le lien merveilleux qui reliait à l'être disparu. (...). Et comme il y a un travail pour le deuil, il y a un travail pour l'amour. L'amour n'est pas une porte qui s'ouvre où il suffit d'avancer. Dans les premiers temps de l'amour le coup de foudre ne cesse de se réciter, de se figurer, de se reconstruire, de se comparer, de se réévaluer, de se faire fête. Il faut faire bon accueil au plus bel instant du monde. (...). La faim est pis que la mort. La faim exige. La mort anéantit. » L'auteur oscille entre l'amour, le sexe et la mort ; la jeunesse est le prélude à la vieillesse, ses évocations sont pertinentes : « il y a un plaisir fou à demeurer à genoux auprès de celle qu'on aime. Il y a presque de la joie à pleurer dans l'étoffe de sa jupe, à se blottir au plus près de son odeur. C'est un reste d'enfance. (...). Tous les sexes des hommes, tous les ventres des femmes, toutes les bouches des petits, les gueules des fauves, les becs des oiseaux, les crocs des serpents, les corolles des fleurs, restent des éléments vivants, à certains égards identiques, affreusement exigeants, affamés, indociles. L'enrichissement subit est une ascèse qui est octroyée à l'âme. »
Bien que figurant dans la catégorie des romans L'amour la mère est un texte atypique qui représente bien l'oeuvre exigeante et épatante de Pascal Quignard.
Voilà, je vous ai donc parlé de L'amour la mère de Pascal Quignard paru aux éditions Gallimard.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Il me tardait de découvrir ce roman mais pourtant je l'ai trouvé (au début du moins) assez difficile d'accès. L'Europe du XVIIe siècle ravagée par les guerres de religion, des artistes et des musiciens qui se retrouvent de loin en loin, la peinture et la musique baroque, une passion amoureuse : des thèmes qui s'entrecroisent, des chapitres plus ou moins suivis, pas nécessairement chronologiques, qui approchent les différents protagonistes et retracent par bribes leurs existences, mêlant réalité et fiction. Une oeuvre ambitieuse, que j'ai eu du mal à embrasser à la première lecture, mais dont j'ai donné de nombreux passages. À relire, en écho à Tous les matins du monde et à Terrasse à Rome, pour les personnages de Sainte-Colombe et de Meaume le graveur.
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Difficile de noter un tel ouvrage.
Merci à celui qui me l'a conseillé car je n'y serai jamais allée de moi-même !
Il est impossible de raconter l'histoire car plusieurs s'entrecroisent.
Leur point commun l'amour sous toutes ses formes- entre la belle Thullyn et le musicien Hatten, entre hommes, entre femmes, entre la princesse Sybilla et son cheval Josepha...
Je ne peux expliquer pourquoi mais j'ai été incapable de le laisser une fois commencé, juste pour la beauté de la plume.
Une très belle découverte !
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