Pour Racan, issu d'une famille de comtes, la littérature est plus un passe temps qu'un métier. Il aura été l'homme d'une seule pièce,
Les Bergeries, mais cette pièce eut un retentissement, une influence sur la production de l'époque.
Nous sommes dans le genre de la pastorale, dans laquelle les bergers et bergères se livrent à des amours plus ou moins contrariés, suivant les lois des chaînes amoureuses, ou celui qui aime n'est pas aimé par l'objet de la flamme, car il en aime un autre qui ne l'aime pas, et ainsi de suite ; « J'aime qui me fuit et fuit celui qui m'aime ». Mais nous ne sommes pas dans la tragédie et la convention veut qu'après les épreuves, indispensable piment des relations amoureuses, une fin heureuse permette aux amants de se réunir.
Les influences de Racan sont nombreuses :
Le Tasse, Honoré D'Urfé, Guarini… Avant que lui même ne devienne source d'inspiration pour ses continuateurs. La pièce est écrite en hommage, ou sous l'inspiration de la passion un peu convenue de Racan pour Catherine Chabot, épouse du marquis de Termes. le prénom de l'héroïne de la la pièce, Arténice, est une anagramme de Catherine.
La pièce écrite autour de 1619, a été publiée pour la première fois en 1625, Racan a continué de la modifier, et l'édition de 1632 contient de sensibles amélioration. Pièce longue, à l'intrigue complexe, d'un auteur qui n'a pas de véritables liens avec le théâtre, elle semble plus un texte à lire qu'à représenter. Sous influence de Malherbe, dont il fut ami et disciple, Racan soigne ses vers, la langue, bien plus qu'il ne fait une oeuvre efficace sur le plan scénique.
Arténice aime Alcidor qui l'aime. Mais il est pauvre et étranger, et le père d'Arténice lui destine le riche Lucidas, qui est aimé par Ydalie, qu'il ignore. Ydalie a aussi un soupirant, Tisimandre, que bien entendu elle ignore. Pour arriver à ses fins, Lucidas utilise les services d'un magicien, qui va faire voir dans un cristal magique qui déforme la réalité, Alcidor se livrant à la passion avec Ydalie. Arténice croit le cristal trompeur. Elle fuit Alcidor, et finit par raconter ce qu'elle a vu, ce qui amène une condamnation à mort d'Ydalie. Mais la vérité finit par apparaître et c'est Lucidas qui finit par être jugé. Après encore quelques péripéties, Arténice fint par épouser Alcidor, et Ydalie Tisimandre.
Objet hybride, artificiel, très lié à son époque, c'est plus une curiosité, que vraiment quelque chose de passionnant en soi.