La terre des mensonges

En Norvège, peu avant Noël, une mère de famille (Anna Neshov) est en train de mourir. Ses trois fils se réunissent alors dans la ferme familiale qui fut dirigée jadis de main de maître par cette femme tyrannique.
La suite sur mon blog.
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Le premier d'un triptyque passionnant sur la vie d'une famille paysanne en Norvège.
J'ai dévoré le premier, puis le deuxième et le troisième.
Tous les mots sont percutants pour traduire une situation, une émotion, un sentiment, un ressenti.
Il me semble impossible de commencer le premier sans lire les deux suivants lorsque l'on commence le premier.

Nous sommes en Norvège, quelques jours avant Noël. Dans sa petite ferme, Tor ne comprend pas. Ce matin, sa mère ne s'est pas levée. C'est pourtant le pilier de la famille. Dans le déni le plus complet, il finit pourtant par devoir la faire hospitaliser. Et appeler ses deux frères, avec qui il n'avait plus de contacts...
Si je n'avais pas, coup sur coup, entendu deux critiques dithyrambiques sur cette saga, je pense que je ne l'aurais jamais lu. La 4eme de couverture ne me tentait pas du tout, et j'ai toujours eu un peu peur des auteurs nordiques.
Et bien… si j'avais eu le tome 2 en ma possession lorsque j'ai terminé celui-ci, je l'aurais enchainé immédiatement ! C'est un véritable coup de coeur !
J'ai adoré ma lecture ! Je n'ai pas pu m'empêcher de dévorer le livre, et j'ai pris une claque.
Pourtant, c'est loin d'être un « page turner » dans le sens où les événements ne se précipitent pas.
Nous découvrons les 3 personnages principaux du romans, tour à tour, à travers les 3 premiers longs chapitres, et immédiatement, nous sommes dans leur tête, à chacun, prenons connaissance de toutes leurs pensées, réflexions, pendant 50 pages nous sommes eux.
Et puis « l'événement » arrive, on pense que le rythme va accélérer mais non, le roman reste très psychologique, et je dois dire que ça m'a beaucoup plu, car les personnages sont vraiment creusés, ils sont complexes… difficile de savoir ce que l'on ressent pour eux .
Y compris pour la mère, dont notre opinion change selon les protagonistes que nous suivons. Qui était-elle réellement ? Plus nous la découvrons, et plus nous comprenons l'éclatement de cette famille.
A un moment, Torunn dit que bien qu'elle sache à quoi s'attendre, ce qu'elle voit est presque un peu « macabre ». A ce moment là, j'ai pensé « comme cette lecture ».
On m'avait prévenu de ne pas m'attendre à une histoire familiale pleine d'amour et de bons sentiments. C'est le moins qu'on puisse dire. C'est une lecture dure, âpre. Les personnages semblent aussi froids que le décor dans lequel ils vivent, on découvre au fur et à mesure du roman des opinions, des actions, qui nous font grimacer de dégoût.
L'auteur excelle vraiment a installer son ambiance. On sent le froid, on voit la saleté. Quand elle parle de puanteur, on a l'impression qu'on pourrait la sentir.
Et comme quand on passe à coté d'un accident et qu'on ne peut pas s'empecher de regarder, parce qu'on se demande ce qui s'est passé… ici on ne peut pas s'empêcher de tourner les pages, parce qu'on a besoin d'en savoir plus.
Arrivée vers la fin, la révélation m'a vraiment surprise. J'ai dû relire le passage car je pensais avoir mal compris. Mais non… vite, la suite !

Lu après le tome 4 ce qui fait que le secret n'en était pas un pour moi, mais cela n'a gêné en rien pour moi la qualité de la lecture car le récit plonge au ras de la vie des personnages, s'attache aux infimes détails de leur existence, et c'est cette minutie dans la description qui donne l'âpreté, qui rend l'ambiance et révèle leur psychologie.
C'est aussi une découverte de la Norvège et du Danemark, on est vraiment plongé dans le froid du grand nord.
Ce roman n'est pas à lire pour se remonter le moral tellement il nous met en face de la face sombre de la condition humaine où le respect des convenances est une prison plus terrible que la loi réelle.
Mais trouve le bonheur ceux qui s'échappent pour vivre en accord avec leur vrai nature. C'est donc au final un appel à la tolérance et au respect. Et une leçon d'humanité pour apprendre à apprécier les petits bonheurs du quotidien.