"Ils verraient de la lumière aux fenêtres bien après l'heure habituelle, mais ils n'oseraient pas appeler si tard, ils resteraient longtemps éveillés et évoqueraient à voix basse dans l'obscurité tout ce qui avait pu se produire à la ferme voisine, ils se demanderaient qui était concerné et ils auraient au fond d'eux-mêmes la joie secrète et honteuse d'avoir été épargnés".
Découverte pour moi de cette auteure norvégienne. Après avoir lu, à plusieurs reprises, des critiques élogieuses, je me lance avec
La terre des mensonges dans
La trilogie des Neshov (à compléter avec
La ferme des Neshov et
L'héritage impossible). Plongée glaciale dans le grand Nord norvégien et ses secrets de famille.
Bienvenue chez les Neshov, une famille où il ne fait pas bon vivre. Margido dirige une entreprise de pompes funèbres, et le roman s'ouvre sur sa visite à une famille dont le jeune garçon vient de se pendre. Margido parle à peine à son frère Tor, qui dirige la ferme familiale où il élève des porcs et où erre l'ombre spectrale de son père. Mais les deux hommes ont coupé complètement les ponts avec Erlend, décorateur à Copenhague après avoir quitté la famille avec pertes et fracas à la fin de son adolescence.
L'agonie d'Anna Neshov, la matriarche touchée par une attaque, rassemble tout ce petit monde dans le grand Nord, et l'on voit aussi débarquer Torunn, la fille non reconnue de Tor, fruit d'un amour de jeunesse brutalement rompu par Anna près de quarante ans auparavant. La cohabitation de ces cinq solitudes fait ré-émerger des secrets de famille bien gardés.
Après une exposition un peu lente, pour ne pas dire carrément molle, on entre de plein pied dans ces histoires de famille si proches et si lointaines à la fois. Une écriture sans fioritures ni complications excessives, efficace, qui a la transparence du cristal et le coupant du verre brisé ; on ressort glacé, interrogatif, et en tous cas troublé, de ce roman qui m'a semblé très noir. Les personnages ont une véritable épaisseur, et connaissent des évolutions finement décrites, tant sur le plan de leur personnalité propre que de leurs rapports. le rythme, finalement assez lent, n'est pas ennuyeux e convient bien au propos et aux temporalités de cette chronique familiale.
Un roman qui donne envie de se pencher sur la suite de la trilogie !
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