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sur 1861 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Syngué Sabour (pierre de patience) parle d'une femme afghane au chevet de son époux, blessé d'une balle dans la nuque, en pleine guerre civile. Tous les jours, elle se retrouve entre les bombardements, les tirs, les morts avec cette peur au ventre de voir débarquer des soldats à sa porte.
Tout en s'occupant de ses deux petites-filles, cette femme veille sur lui, en lui procurant comme elle le peut, des soins pour le maintenir en vie. Complètement inconscient. Presque sans vie. Allongé. Inerte. Les yeux ouverts fixant le mur.
Alors, elle est là. Tout en s'occupant de lui, l'épouse se remémore. Sa vie, sa rencontre, sa première fois. Elle déballe tout, même ses secrets les plus enfouis. Passant de l'ange au démon avec cette impression de perdre la tête. de toute façon, il ne va pas se lever, il est presque mort.
Et, plus on avance dans la lecture, plus on découvre cette femme ; plus c'est angoissant. le contexte est terrible, le décor est morbide et l'atmosphère est oppressant.

Elle s'adresse à lui comme pour se venger de ce qu'elle a enduré à ses côtés ou avec sa belle-famille, tout en faisant allusion à son enfance. Les mots sont bien choisis, parfois cruels, parfois crus ; pour le blesser dans sa chair, dans son coeur...jusqu'à l'âme, avec de dangereuses paroles comme des électrodes pour le faire réagir. du coup, une sorte de méchanceté prend souvent le dessus et rapidement, elle se ressaisit. Qu'est-ce qui se passe ?
Ses pensées, ses actes sont terrifiants. Elle choque en tant que femme, épouse, mère et musulmane dans un pays où les femmes sont censées être pures, sans reproche.
Mais le plus effrayant dans tout ça, reste la fin.

Remarquable récit très addictif.
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Ce livre est d'une grande force, il m'a bouleversée, cette histoire peut paraître banale au premier abord. L'histoire d'une femme qui assiste son mari gravement blessé, rien que cela peut toucher. Une femme qui essaye de maintenir son mari en vie avec des moyens rudimentaires dans un pays en guerre. Mais ce qui m'a le plus touché, c'est le fait que cette femme ne peux s'exprimer et dire ce qu'elle a sur le coeur que parce que son mari est dans le coma. Je me demande combien de femmes de par le monde sont dans son cas, réduites à des pierres de patiences.
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La condition féminine dans une société qui impose le silence aux femmes, leur totale soumission, leur abnégation.
Dans une pièce, une femme afghane est au chevet de son mari,allongé sur un matelas à même le sol, qui ayant reçu une balle dans la nuque se retrouve dans un quasi coma. Elle profite de cette situation pour lui confier ses humiliations, ses frustrations et un lourd secret.Dans la mythologie perse, Syngué sabour ou pierre de patience est une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser ses souffrances, ses douleurs, ses misères,... tout ce que l'on ne peut pas révéler aux autres... La pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'elle éclate... Et ce jour-là, on est délivré.Récit écrit à la mémoire d'une poétesse afghane qui décrit la condition féminine dans une société qui impose le silence aux femmes, leur totale soumission, leur abnégation.Belle écriture, lente (au rythme des respirations de l'homme dans le coma) et oppressante donnant toute la profondeur au ressenti de la femme.
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Quelque part dans un pays en guerre, dans un temps non daté. Une femme veille son mari milicien plongé dans le coma par une balle dans la nuque. Seule, délaissée par la famille de son mari et ayant mis ses deux enfants à l'abri, elle se livre en un long monologue à son époux, inconnu lors de son mariage, absent durant de longues années et refusant toute communication avec elle du temps de leur vie commune. Ce corps allongé, refusant de se réveiller et s'obstinant à rester inerte comme une pierre va devenir pour la jeune femme sa syngué sabour, sa pierre de patience, qui emmagasinera ses maux jusqu'à l'explosion…

Atiq Rahimi livre un récit brut, dépouillé, dans lequel tout est dit simplement, quitte à choquer. J'aime ce style et il colle parfaitement au sujet qui est, selon moi, plus qu'un poncif sur la condition de la femme orientale, un symbole de la condition féminine, de manière plus large. le récit en devient ainsi beaucoup plus percutant, et à la limite le livre mérite une deuxième lecture pour l'aborder sous cet angle.

L'unité de lieu et de temps et les quelques personnages qui ne font que passer dans le récit me font dire que le roman aurait gagné à être adapté au théâtre plutôt qu'au cinéma. Je ne suis pas arrivée à comprendre l'intérêt de la retranscription cinématographique, même si les subtilités du texte y sont plutôt bien rendues.

Pour terminer c'est un livre que je recommanderais, il se lit vite et il est assez prenant. Il faut par contre aimer le style d'écriture de Rahimi, assez sec et dépouillé, et aimer aborder ce type de texte. le texte est universel, froid et nu comme le sujet. Il fait plonger dans une réflexion aussi profonde que l'ampleur du thème abordé.
Lien : https://lasocietedeslivres.w..
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"Syngué sabour" - Pierre de patience: élément mythologique "incarné" dans un mari-soldat dans le coma suite à une dispute entre compagnons d'armes. Monologue d'une femme, avec une subtile évolution de ses émotions à l'égard de l'homme à mesure qu'elle se rend compte qu'il est son "syngué sabour" et surtout qu'elle se rend compte des vertus cathartiques de cette parole livrée à un être aussi "neutre" qu'une pierre... Nous avons ici un exemple excellent de ce que seule peut opérer comme synthèse culturelle la littérature migrante: "incarnation" occidentale d'un mythe oriental (d'ailleurs répandu bien au-delà de l'Afghanistan et de la culture persanophone), partage de récits et de valeurs venus d'un ailleurs qui est propre à l'intimité de l'auteur migrant (son pays en guerre, la condition féminine dans ce pays, le rythme de vie scandé par la répétition des noms d'Allah comme magie, la version orientale du mythe d'Oedipe, relations familiales et sexualité féminine, l'intérieur des maisons...), un style original avec un usage d'éléments poétiques à l'intérieur de la prose, peut-être les éléments "universels" ou "ressemblants" (surtout la thérapeutique de la parole, justement, mais aussi le bouleversement moral causé par la guerre, la transgression de la loi du père, etc.).
La prose, remarquable, ainsi que cette merveilleuse idée narrative, rendent le débout du roman absolument magistral, la première moitié (jusqu'à la prise de conscience du rôle de l'homme dans le coma) fort intéressante; puis un certain decrescendo peut être ressenti, et l'introduction d'un personnage supplémentaire et extérieur (la jeune soldat qui vient faire son initiation sexuelle auprès de la femme) me semble ne pas être strictement nécessaire, et quelque part représenter un symptôme de cette perte de souffle; la fin me semble décidément bâclée (peut-être par peur de trop en faire...): dommage car elle devait être le point d'orgue (d'ailleurs anticipé...)
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Il y a des livres qui dérangent, qui mettent mal à l'aise, qui choquent, qui qui ébranlent...
Un coin de notre esprit nous chuchote de jeter ce livre loin, très très loin et ne pas lire cette histoire noire, lugubre, outrageuse, Ce même coin de notre esprit nous dit que malgré nos soucis et tracas du quotidien, on est bien là, maintenant, calé contre un bon coussin douillet et une tisane réchauffante et réconfortante en main. On n'est pas aussi mal lotie que l'héroine de ce livre. le fait est qu'on garde le livre en main, avec une forte détermination à le terminer, sans savoir pourquoi.
Une fois la dernière page tournée et le livre refermé, il reste tout de même ouvert dans notre esprit.
Car des années après l'avoir lu, lorsque je suis tombée sur sa couverture par hasard, toutes les émotions ressenties lors de la lecture ont refait surface... Je me suis trouvée à me demander ce que l'héroine était devenue, si elle allait bien... un peu comme une copine que l'on n'a pas envie de voir mais pour laquelle on souhaite beaucoup de bonheur.
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Dans Syngué sabour, on suit une femme Afghane qui veille sur son mari plongé dans le coma à cause d'une balle logée dans sa nuque pendant les affrontements. Cette femme, jusqu'alors sous l'emprise de son mari et des codes de la société afghane, confie petit à petit ses secrets les plus intimes à son mari qui ne peut lui répondre. Au fur et à mesure du récit la femme se libère en lui avouant ses pensées les plus profondes sur sa condition de femme, sur les circonstances de leur mariage et sur son rapport à la guerre. C'est un témoignage interloquant sur le statut de la femme actuellement dans cette partie du monde.
Lien : http://biblinua.blogspot.com..
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Jolie perle, petit bijou que ce livre!
Une femme veille son djihadiste de mari, dans le coma suite aux combats, et se décide à le considérer comme sa syngué sabour, sa pierre de patience, telle une pierre magique qu'elle pose devant soi pour déverser ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères...
Cette femme, au fil des jours et de la maladie de son mari, se confie, partageant son piètre sort de femme de djihadiste. Ce dernier, avant son coma, n'ayant pour elle aucun respect, la considérant comme sa chose, sa possession.
Ce livre est écrit tout en finesse, tout en subtilité, tout en émotion et, ce qui ne gâche rien, maintient le suspens jusqu'à la dernière ligne (avec un final à couper le souffle).
Un livre, plutôt une pierre (de patience), qui jalonnera mon parcours de lectrice à tout jamais.
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"Quelque part en Afghanistan ou ailleurs" une femme veille son mari dans le coma, blessé pendant un combat. Elle s'en occupe, change sa perfusion, et surtout elle lui parle. Parce que pendant toutes ces années elle n'a pas pu lui parler. Mariée sans l'avoir vu et alors qu'il était encore à la guerre, elle s'est retrouvé auprès d'un inconnu certes guerrier et viril mais maladroit et n'ayant aucune idée de ce qu'une femme peut penser ou désirer. Cette veille auprès de lui sera l'occasion de déverser tous les reproches qu'elle n'a jamais pu lui faire, toutes les frustrations qu'elle a subies, comme si c'était une "syngué sabour", une pierre de patience sur laquelle on peut déverser toutes ses souffrances. Pourtant c'est son pardon qu'elle demandera, espérant qu'il se réveille et qu'il ait changé.


Dans ce décor minimaliste, une chambre dépouillée, ce récit s'apparente à un conte oriental grâce à la langue poétique et musicale de l'auteur. le sujet très dur de l'oppression des femmes dans cette société est un peu allégé par la poésie de ce monologue auquel on se laisse tout de suite prendre.


J'avais également été très touchée par "Terre et cendres" du même auteur, écrit en persan. Celui-ci est écrit en français.

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Syngué Sabour, c'est une pierre à laquelle on raconte tout, et surtout tout ce qu'on ne peut révéler aux autres et au bout d'un moment cette pierre éclate, symbole de notre délivrance.
Ici la pierre est en fait un homme, le mari de la narratrice, mari qu'au final elle connait très peu. Un mari dans un espèce de coma après avoir reçu une balle dans la nuque mais qui s'accroche néanmoins à la vie. Sa femme lui confie ses plus lourds secrets, ce qu'elle n'a jamais osé lui dire...

Ce livre se lit très vite, pas de chapitres, justes des courts paragraphes qui se suivent pendant 150 pages et des phrases courtes, lapidaires.
J'ai été touché par ce témoignage d'une femme qui cherche à tout prix à sauver son mari, en le maintenant en vie, en le soignant, le lavant...Au fur et à mesure, elle lui parle, lui raconte SA vie à elle, comment ELLE ressent les choses. Plus elle parle et plus elle se libère de son emprise et découvre des choses sur sa propre histoire.

Un Goncourt qui ne m'a pas laissé indifférente, une belle découverte !

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