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sur 1844 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une femme veille sur son mari dans le coma après avoir reçu une balle dans la nuque lors d'un combat.
Elle lui livre ses réflexions sur sa condition de femme, sur les souffrances qu'elle a endurées pendant sa vie d'épouse, les maltraitances, les vulgarités cruelles.
Elle utilise une coutume persane qui utilise une pierre noire, Syngué Sabour, à laquelle on confie ses secrets jusqu'à ce qu'elle implose à force de contenir trop de douleurs.
C'est un roman à la lourde ambiance mais combien révélatrice de tout ce que les femmes enduraient à cette époque de la guerre en Afghanistan au début des années 1980.
Je l'ai lu à sa sortie en 2008 et quelques mois plus tard le roman recevait le prix Goncourt.
Quelques années plus tard, j'ai vu le film qui m'a beaucoup moins plu que le livre car traduire une telle ambiance n'était pas une mince affaire.
J'ai cru pendant quelques temps qu'Atiq Rahimi était une femme pour comprendre ainsi la douleur de ces femmes contraintes à se marier sans connaître leurs maris, contraintes à accepter le bon vouloir des hommes. L'auteur décrit les femmes comme des objets maltraités par leurs maris.
Après la relecture de ces derniers jours, j'ai mieux ressenti le mal-être que devait éprouver Atiq Rahimi pendant cette guerre en Afghanistan. Lui qui s'est d'abord réfugié au Pakistan, puis en Europe, à Paris où il a pu faire des études à la Sorbonne et obtenir un doctorat.
Il a maintenant la double nationalité , française et afghane . Ses livres sont actuellement écrits directement en français.
J'étais à ce moment et dans les années 90, très intéressée par ces auteurs comme lui, Yasmina Khadra aussi et tous ces problèmes me semblaient loin mais terribles en même temps. J'ai continué à lire sur la condition de la femme dans les pays musulmans et sans vouloir leur imposer notre culture, je crois pouvoir affirmer que les pauvres viennent vraiment de subir un bond en arrière avec la victoire des talibans déjà bien présents en 1980.
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« Syngué Sabour, Pierre de patience » quatrième livre de Atiq Rahimi, mais premier écrit en français, obtint le prix Goncourt 2008.
Afghanistan, pendant la guerre, depuis deux semaines une jeune femme veille seule son mari blessé, immobile et inconscient. le mari et la femme ne se connaissent pas vraiment. A 17 ans elle a épousé un inconnu parti à la guerre, elle va l'attendre patiemment, constamment surveillée par sa belle-mère. En dix ans de mariage, ils n'ont partagé que trois ans de vie commune où toute communication était impossible.

L'imam avait prédit le réveil de l'homme, mais celui-ci dort toujours, seulement maintenu en vie grâce à des perfusions d'eau sucrée-salée. Au fil des jours, la femme se décourage, son dévouement lui pèse et l'impatience monte en elle. Elle se trouve seule face au corps d'un homme tyrannique, jadis souvent violent, jamais à l'écoute : « Tu ne m'as jamais écoutée, tu ne m'as jamais entendue ! »

Dans cette terrible solitude, pour meubler le silence, elle commence à lui parler et entame un long monologue. Sa voix, d'abord timide et anxieuse, s'affirme. La femme ose enfin dire ce que l'épouse soumise n'a jamais pu exprimer, raconte ses doutes, ses illusions perdues, ses angoisses et ses rancoeurs ; elle va se dévoiler et se révéler à elle-même. Les confessions se succèdent, de plus en plus violentes et dévastatrices…

Dans un style efficace et sobre, Atiq Rahimi propose un long monologue dans un Afghanistan dévasté par la guerre. "Il me fallait une autre langue que la mienne pour parler des tabous", dit-il pour expliquer l'abandon du persan au profit du français. Il donne la parole à une femme musulmane contrainte au silence et à la soumission dans un pays où la femme n'existe qu'en tant qu'épouse soumise et silencieuse.

Le roman fait référence à Nadia Anjuman, une poétesse afghane, sauvagement assassinée par son mari qui la trouvait trop libre ; le destin tragique de cette femme avait profondément choqué Rahimi qui décida d'en faire un livre.
Un prix Goncourt qui vient récompenser un écrivain engagé contre les oppressions.
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Une chambre,
un homme dans le coma.

Respirations

Sa femme prend soin de lui…

Une deux. Une deux.
Gouttes de collyre.

Le mollah a dit, pour le sauver

prier,
chapelet

chapelet
tous les noms de dieu

Là, seule avec lui

respirations

chapelet

une, deux... gouttes. Une, deux... gouttes.

Respirations

Explosions !

Elle devient folle
elle grommelle
elle parle
elle lui parle
elle dit
elle le lui dit
elle lui dit tout…


L'histoire d'une de ces femmes dont on nie la vie. Terrorisée par la guerre à l'extérieur, elle se sacrifie encore, elle qui s'est toujours tu se mettra à parler à son mari dans le coma.

Fort ! Intense !
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Ouvrage choc prêté par ma mère, cette dernière m'avait avertie que l'intrigue était à la fois sombre et bouleversante… J'ai donc attendu d'être dans un bon état d'esprit pour découvrir « Syngué Sabour : Pierre de patience ». Si vous êtes amené(e) à plonger dans le récit, je vous invite à faire de même, car il s'agit d'une lecture qui ne laisse pas de marbre. le résumé explique assez bien ce que l'on va trouver au fil des pages : une femme veillant auprès de son époux extrémiste blessé suite à la guerre. Jour après jour, elle va veiller sur lui. Atiq Rahimi arrive vraiment bien à retranscrire les émotions de cette compagne, comme sa détresse, sa peur, son épuisement, son amertume, sa colère, sa peur, sa douleur, sa solitude, … Il faut dire que ses journées sont longues et similaires. Sans cesse, elle alimente son mari, le lave, prend soin de lui et lui parle. C'est sa parole qui va alimenter cette histoire, puisqu'elle va non seulement lui faire la conversation, mais elle va aussi narrer son enfance difficile (avec cette figure paternelle horrible), son mariage (bien triste, comme souvent dans les romans afghans que j'ai été amenée à lire), sa famille et ses secrets. Très vite, l'épouse va être persuadée que ce sont ses confidences qui maintiennent son conjoint en vie…

Dans ce huis-clos, on ne quittera pas la pièce où se trouve le corps de l'homme. Ce choix est pertinent et permet de mettre en avant cette situation difficile. le style haché, puissant et envoûtant de l'auteur renforce la puissance du texte, puisque l'on utilise des phrases courtes. J'ai beaucoup aimé sa plume ! Cette dernière m'a transportée dans cette pièce poussiéreuse, à écouter les tirs dehors, aux côtés de cette femme patiente, admirable et courageuse ! Celle-ci m'a énormément touchée à travers ses confessions. On la comprend aisément cette revanche envers son mari, mais également la gent masculine en général. Il semble toujours si difficile d'être une Femme dans certains pays, car cela signifie souvent être considérée comme du bétail que l'on échange selon ses désirs. Et c'est encore pire si l'on n'arrive pas à concevoir de descendance (c'est forcément la compagne qui est stérile) ou si l'on a uniquement des filles ! Ce livre met également en avant la guerre et la radicalisation. le contexte est très sombre et ce qu'il se passe dans le quartier de l'héroïne ne donne pas la sensation d'être en sécurité… Il faudra parfois faire preuve de ruse pour survivre, notamment lorsque des soldats font irruption chez soi. le dénouement retranscrit assez bien l'ambiance qui règne au fil des pages : c'est tragique, abominable, révoltant et douloureux ! J'ai refermé cet ouvrage avec peine et émoi. Un monologue aussi sensible qu'intense qui mérite son prix Goncourt.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Il y a quelque chose de l'ordre du théâtre dans ce roman d'Atiq Rahimi qui rappelle une tragédie antique. Un pays: l'Afghanistan, ou ailleurs. Un lieu: une maison, avec les tirs qui s'échangent et les bombes qui éclatent autour. Et une femme, laissée derrière dans cet enfer avec ses deux petites filles pour veiller son mari, un combattant blessé dans une bagarre avec un homme de son propre camp, et qui gît les yeux ouverts, dans un état comateux, branché à un soluté. Elle en fait sa syngué sabour, sa pierre de patience, une pierre qui absorbe les mots et les douleurs jusqu'à en éclater, et qui en délivre. Et elle parle, elle déverse sa colère et sa rage, racontant les violences et humiliations dont elle a été l'objet aux mains de cet homme et de sa famille, le dégoût et la haine des femmes… Elle libère une parole qui ne pourrait être, dans aucun autre contexte, ni dite ni entendue sans représailles terribles, transformant le lecteur ou la lectrice en syngué sabour, ainsi que je me suis sentie, proche de l'éclatement, tantôt enragée, tantôt horrifiée... le sort des femmes de certaines parties du monde n'a rien absolument rien d'enviable.
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Syngué Sabour, comme ce roman profond et dense, qui nous plonge au coeur des émotions d'une femme toute dévouée à son mari dépendant et qui, petit à petit laisse jaillir ses aspirations profondes, ses colères, ses déceptions, ses besoins vitaux dans un cri bouillant et déchirant.
Pierre de patience, comme un poids que l'on porte et qui alourdit nos espérances et nos soifs de liberté.
Syngué Sabour, comme cette plongée dans la douleur de la guerre où la seule préoccupation est de survivre.
Pierre de patience, comme un socle, un rocher sur lequel l'humain peut se construire solidement.
Syngué Sabour, comme ce corps que l'on trimbale et qui nous fait trébucher dès qu'il se met à mal fonctionner.
Pierre de patience, comme la condition de ces femmes afghanes dont l'avenir semble bien sombre et qui gardent au fond d'elles cette part infinie d'espoir et de liberté.

Syngué Sabour, Pierre de patience, comme ce bouleversant ouvrage de Atiq Rahimi qui m'a touchée profondément, qui a fait émerger de nouvelles questions existentielles et m'a fait perdre mon souffle plus d'une fois au profit d'une sorte de contemplation douloureuse.
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Ce qui m'a le plus marqué dans cette histoire, c'est que les personnages n'ont pas d'identités ! Pas de nom ! Cette femme qui veille sur son mari, elle une femme parmi tant d'autres. Elle n'a pas besoin de nom puisque de toute façon c'est la femme DE . Et son mari n'est pas identifié non plus puisque c' est un soldat comme beaucoup d'autres hommes de son pays. Ils ont perdu depuis longtemps ce qui fait d'eux des individus à part.

La femme me direz-vous n'a que peut de considération dans son entourage (mariée à un homme qu'elle ne connaît pas, esclave de son mari, et j'en passe). Oui mais un homme invalide aussi dans ce roman! Abandonnés de tous! de leur famille, de leur armée et même de leur Dieu !

Tout est cadencé. Au rythme de la respiration de l'homme. Au rythme des prières du Mollah. Au rythme des bombes !
Et plus on avance dans ce roman, plus cette femme se retrouve une identité. Elle parle d'elle! Se confie! Enfin elle peut être quelqu'un et partage sa vie, sa vision des choses et de son plaisir. Oui mais à quel prix ..
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Que dire de ce livre sinon que je l'ai aimé.
Ah ! Si... Je n'ai pu empêcher une petite pensée ironique pour ces jeunes femmes, nées dans un autre pays où l'égalité est un maître mot, qui revendiquent par leur tenue, et manifestent, leur "droit" à cette soumission.
Sans doute parce que, ainsi que le dit George Bernard SHAW, "Liberté implique responsabilité. C'est là pourquoi la plupart des hommes (femmes) la redoutent."
Et, pendant qu'elles défilent et s'insurgent... d'autres femmes, ailleurs, souffrent et, trop souvent meurent, en silence, pour le seul motif qu'elles ne sont pas nées avec une excroissance de chair entre les jambes.
Le monde est vraiment mal fait...
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Atiq Rahimi nous livre un superbe huis-clos avec son Syngué Sabour. Quelle merveille de livre. Même si le livre est dur par moment, ce fut un régal de le lire. Une fois ouvert, impossible de le refermer.

L'auteur nous plonge quelques jours de la vie d'une femme dans un pays en guerre, peut-être en Afghanistan ou ailleurs comme le dit si bien l'auteur. le lieu a d'ailleurs peu d'importance c'est cette femme qui est importante.
Obligé de restée près d'un mari plongé dans une sorte de coma, au milieu des ruines et d'une ville en guerre, elle va jour après jour se libérer et libérer sa parole pour livrer ses secrets un à un à cet homme, jadis dur et violent, qui ne peut plus rien, sauf entendre peut-être...

Cette femme est attachante et touchante et avec la folie qui semble monter en elle chaque jour un peu plus, c'est aussi la vie de toutes ces femmes qu'Atiq Rahimi nous permet d'effleurer.

Il y a une vraie puissance qui émane de ce livre et ce qui ne gâche rien, j'ai adoré le style.




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Ce livre est d'une grande force, il m'a bouleversée, cette histoire peut paraître banale au premier abord. L'histoire d'une femme qui assiste son mari gravement blessé, rien que cela peut toucher. Une femme qui essaye de maintenir son mari en vie avec des moyens rudimentaires dans un pays en guerre. Mais ce qui m'a le plus touché, c'est le fait que cette femme ne peux s'exprimer et dire ce qu'elle a sur le coeur que parce que son mari est dans le coma. Je me demande combien de femmes de par le monde sont dans son cas, réduites à des pierres de patiences.
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