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sur 1844 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
♫Hé toi
Mais qu'est-ce que tu crois
Je ne suis qu'un animal
Déguisé en madone !?
Hé toi
Je pourrais te faire mal
Je pourrais te blesser, oui
Dans la nuit qui frissonne
Prends garde
Sous mon sein, la grenade♫
-Clara Luciani- 2018 -
---♪---♫---🏹-💘-💣-💥---♫---♪---
Hadji mor'alé ?
- Balé ?
-Qui choisit la tête ? Qui choisit le pied ?
Comme l'a dit le prophète
le mercredi pas de saignée ....
Mais il ne dit Patou, plaid sous la tête
Lors du Djihad, on peut y avoir recours !
Elle est seule avec ses deux fillettes
Pierre noire précieuse : Syngué Sabour
Bruit de botte, une - deux à chaque souffle, une goutte
Tu confies tes malheurs, tes souffrances, ton désamour
Tes secrets, tu lui en parles, et la Pierre t'écoute
Mais toute fin heureuse exige un sacrifice
La pierre éclatera 💥 C'est peut-être ça l'Apocalypse
Le bonheur nécessite de se débarasser de trois amours
L'amour de soi, loi du père et morale de la mère
Ceux qui ne savent pas faire l'amour...font la guerre
Kandjar fiché dans le coeur
Le vent fait voler les oiseaux migrateurs
Afghanistan ou ailleurs
Teinte cendreuse de la tristesse
Ils se disent perses sur des décombres, démembrés
Hadji mor'alé ?
- Balé ?
-Qui choisit la tête ? Qui choisit le pied ?
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La femme musulmane dans toute son intériorité splendide face à l'homme diminué et muet.

Quelle belle revanche sur le destin de cette femme afghane (ou d'une autre nationalité, mais dans ces pays loin là-bas) !
Elle qui a dû subir le joug de son mari tout entier voué au djihad, tout entier irrespectueux de la « viande » que constitue le corps de son épouse (c'est lui qui l'a dit !), elle qui a dû obéir à ses beaux-parents en attendant que son mari revienne de la guerre, elle se déchaine, ici. Entendons-nous bien, se déchainer n'est pas à prendre au sens premier. Elle se dit, plutôt. Elle ose se dire. Elle clame ses secrets. Son mari tient le rôle de la pierre noire qui, dans la tradition, absorbe les souffrances cachées pour soulager celui qui s'en délivre.

Et je jubile. Ah ça oui, je jubile, car cette femme prend une belle revanche sur le destin de toutes ces épouses et jeunes filles musulmanes considérées comme des marchandises, des esclaves, ou autre chose d'encore plus avilissant. Je parle ici de l'islam radical tel qu'il est décrit dans ce roman-choc.

Et dieu que c'est poétique, que c'est bien écrit !
De petites phrases qui sonnent ou qui se font désirer dans un murmure...
De courtes descriptions du seul lieu mis en scène, la chambre, le huis-clos.
La vue, le toucher, l'ouïe nous font accéder au monde tout autour, et quel monde ! Les tanks, les tirs, la prière lancée à toute vitesse par le mollah qui a peur, les coups frappés à la porte et qui précèdent des arrivées coup de poing, les cris, les pleurs...

Au milieu de tout cela, la femme. Et puis l'homme par terre. Son mari qui a été atteint à la nuque par une balle quelques semaines avant et qui survit, malgré tout, dans un état végétatif.
La femme qui parle, qui parle, qui parle. Qui prie, aussi. Ou qui priait.
L'homme au regard fixe et vide, un tuyau dans la bouche, un dans le bras, des gouttes dans les yeux et parfois même une mouche dans la bouche.

Où tout cela nous mène-t-il, LA mène-t-il ? La fin est inattendue et me laisse dubitative.
Mais quand même....quelle femme !
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Il y a quelques mois, la lecture de « Terre et cendres » d' Atiq Rahimi m'avait profondément touché et je m'étais promis de revenir visiter les pages de cet homme. Voila qui est fait.
Syngué sabour… à tes souhaits, j'ai bon? C'est quoi ce titre? Pierre de patience (le caillou pas le saint) c'est marqué en sous titre.
Comme souvent, ayant renoncé à me laisser allumer par une quatrième de couverture affriolante, je me fie à mon flair et l'odeur de terre cendrée ayant laissé une empreinte profonde, j'ai plongé. En tant qu'enrhumé chronique, j'ai plus souvent qu'à mon tour un excellent feeling avec le plantage quand je laisse parler l'instinct mais cette fois, comme ça m'arrive quand même parfois, jackpot, j'ai fait sauter la banque.
Première surprise, pas forcément bonne, je m'aperçois mais un peu tard, qu'il s'agit d'un prix Goncourt, le 2008. Arf, une bête à concours, je crains le pire. Pas forcément dans l'écriture mais dans l'idée de compétition et de verdict de gens autorisés (ceux qui savent…) à dire quel est le meilleur le tout couronné par le coté commercial qui est en fait le seul but de ces petits arrangements entre amis. Mon dernier Goncourt (lu pas reçu, c'était celui des nouvelles ou de je ne sais plus quelle catégorie, lourde si ça existe) s'étant révélé une bouse indigeste (Raphael si tu passes par ici… ce n'est que mon avis, copyright je sais plus qui…) j'ai un peu flippé.
Et bien là, ce cru 2008 est une pure merveille.
Déjà 217 critiques faites donc là, je meuble un peu parce que si tout n'a pas été dit c'est à désespérer.
Prenez l'Afghanistan (ou tout autre région ayant les mêmes caractéristiques de stabilité quant à la notion de paix), la religion (dans le cas présent, l'islam dans ce qu'il a de plus radical) et cerise sur le gâteau… la condition de la femme. Un ménage à trois pas très catholique si je peux dire, cherchez l'intrus. le bordel quoi, si je peux dire encore (pardonnez moi saigneurs de tout poil). Liez les ingrédients avec de l'encre à la façon Rahimi et consommez sans modération.
Atiq Rahimi nous fait entrer au coeur de l'âme d'une femme qui va, pendant les 138 trop courtes pages, se libérer du poids des non dits dans un monologue adressé à son mari plongé dans le coma après avoir reçu une balle, le tout dans un climat d'insécurité totale.
Ce livre a été adapté au cinéma (c'est marqué derrière, j'étais passé à coté à l'époque mais je crois que je vais rester sur l'impression du bouquin) et ce n'est pas une surprise tant l'écriture est cinématographique (ça m'avait marqué aussi dans terre et cendres), ponctuée de plans séquences.
J'ai lu plusieurs billets sur ce titre, surtout des billets négatifs dont certains reconnaissant avoir abandonné en cours. J'ai cherché ces critiques négatives pour essayer de comprendre ce qui rebutait. J'ai renoncé parce que c'est comme demander à quelques personnes de désigner le bouquin de l'année. Tout n'est que question de sensibilité et de moment, alors comprendre le gout des autres…
Perso, j'ai adoré au-delà du raisonnable et j'encourage fortement à vous faire votre idée si vous ne faites pas partie des 217 autres coupables d'avis ici et autres lecteurs n'ayant pas fait de billet.
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Je viens de relire Syngué Sabour et mon émotion est restée identique à celle de ma première lecture. J'ai tout accepté de cette femme, ses paroles comme ses actes. Je me suis fondue en elle et ai ressenti ses humiliations, ses frustrations, sa colère, son abnégation mais aussi ses désirs et sa force.

Dans un pays en guerre, qui pourrait être l'Afghanistan, une jeune femme veille le corps de son mari. Celui-ci est plongé dans le coma suite à une balle reçue dans la nuque lors d'une bagarre, comble de l'ironie, avec ses propres miliciens. Elle va alors entamer un long monologue dans lequel elle lui révélera tous ses secrets. Et cette parole libérée est magique, puissante mais surtout dévastatrice.
Le corps de son mari inerte va prendre la valeur de la pierre de patience : syngué sabour. « C'est une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères… On lui confie tout ce qu'on ne peut pas révéler aux autres… Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate… Et ce jour-là, on est délivré. »

Sous le voile, la femme cachée va révéler sa personnalité, mais aussi ses désirs, ses rêves et ses frustrations. C'est un très beau texte sur la condition féminine en Afghanistan (société phallocratique), mais aussi sur le désir féminin.

Le début du roman est lent, les phrases sont courtes. Il est rythmé par le souffle de l'homme et le compte-gouttes qui lui est relié. Puis au fur et à mesure que la parole se libère, le rythme va s'accélérer.
L'unité du lieu (la pièce avec un matelas) rend l'atmosphère lourde et angoissante.
Les rares autres personnages du roman interviennent pour souligner les conditions de vie dans ce pays : le mollah et le fanatisme religieux, le jeune soldat et la sexualité, la barbarie humaine.

Encore une fois, c'est une lecture qui m'a ravie. Mais j'espère que l'image de l'homme afghan n'est pas seulement celle décrite dans ce court roman…
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Naître fille
N'être femme
Que dans le noir
Sous la domination et la terreur
Nous existons dans un monde abstrait
Où les cris ne sont audibles que des pierres
Dans une terre où tout explose
Et le rouge devient mort
Source de la vie, tu t'enfuies, tu t'écoules
Goutte à goutte
Oh mon sang, mes soeurs
Je n'ai plus de patience pour parler
Je rage, j'écume
Je suis une démone
Qui désespère
Et pleure votre sang


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Afghanistan, pendant une guerre sans fin. Au départ, cela m'a fait songer à une pièce de théâtre puis peu à peu le récit a pris des allures de contes des milles et une nuit où ce ne serait pas le sultan qui finirait par être soigné de sa barbarie, mais la personnage principale qui se délivrerait elle-même, à travers les récits qu'elle fait à son mari, de ses souffrances.
C'est une femme, parmi d'autres, seule avec ses deux petites filles. Un époux qui a pris une balle se retrouve dans un état végétatif. Un village qui vit au rythme du muézin, des appels au djihad et des combats entre chars et Kalachnikovs. Il n'y a pas de camp, les combattants sont tous les mêmes : des hommes. Grâce au rythme hypnotique et poétique de sa prose, l'auteur nous fait entendre une mélodie orientale pleine de douceur malgré la barbarie de la situation.
La femme profite de l'impuissance de son homme pour confier tout ce qu'elle a caché, refouler, toutes ses hontes, ces humanités, face à une société patriarcale qui l'a perpétuellement étouffé.
J'ai lu il y a quelque temps un livre de Marc Alain Ouaknin : « bibliothérapie, lire c'est guérir », « pierre de patience » m'a fortement fait penser au mouvement de résilience qu'entraîne la lecture et l'écoute du conteur qu'est Atiq Rahimi.
Pour faire en plus simple et moins alambiqué : j'ai trouvé ce livre magnifique.
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Je retrouve ce roman dans ma bibliothèque et j'ai eu envie de le toucher, de l'ouvrir tellement j'avais aimé ce livre lu il y a une dizaine d'années. "Syngué sabour" cette "pierre de patience" m'a marqué et je me souviens encore de ce huis clos. C'est une lecture dont je ne suis pas sortie indemne car Atiq Rahimi nous montre la guerre en Afghanistan à travers la voix d'une femme. Et cette musulmane qui veille son mari dans le coma est d'abord une femme.
Alors que son chapelet et le Coran l'accompagnent on se rend compte que ce n'est pas la religion qui l'oppresse mais les hommes qui la pratiquent.
Sous les bombes, elle se dévoue pour soigner son mari qui la maltraite depuis son adolescence. Car les filles n'ont pas le choix. Alors qu'il ne peut pas s'exprimer, elle va prendre la parole pour la première fois et lui dire ce qu'elle ressent mais aussi lui parler de ses rêves et de ses fantasmes.
En faisant cela, elle dépasse les tabous imposés par la société et les traditions.
C'est le premier livre de Atiq Rahimi écrit en français. Il mérite vraiment son prix Goncourt d'autant plus qu'il a été écrit à la mémoire de N.A.- poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari - et dédié à M.D.


Challenge Goncourt illimité
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Ces deniers temps, je ressens moins le besoin de lire des polars ou des thrillers, pourtant ce que je lis me bouleverse bien plus. Même si je sais que c'est de la fiction, je sais aussi que le décor est bien réel. La littérature dite blanche, est bien plus sombre qu'il n'y parait, c'est même dans ce genre de littérature que j'ai fait mes plus belles lectures. Je lis de moins en moins de polars, j'ai besoin d'être ancrée dans une réalité. C'est assez étrange, certains lisent pour s'évader, moi aussi, mais j'ai besoin de ces romans noirs.

Ce qui m'a attiré en premier dans ce livre, c'est son titre ! Sabour m'a fait penser au mot en arabe qui veut dire patience, et qui, en fin de compte veut dire la même chose. La langue perse a les mêmes sonorités gutturales que l'arabe, ce qui m'a beaucoup intriguée.

Atiq Rahimi s'est glissé dans la peau de cette femme pour nous raconter, les désillusions, les violences, la guerre, mais sans jamais nous dire où elle se passe, pour donner une dimension plus grande au propos et ne pas l'enfermer à un pays. Même si on devine où l'auteur veut nous emmener.

Il donne la parole à celles qui n'en ont pas, à celles qui doivent se taire et il le fait avec une grande noblesse, puisqu'il s'efface en tant qu'homme, pour ne laisser que la femme s'exprimer. C'est un texte fort, rude, mais qui recèle une grande poésie par moment, c'est bien tout le paradoxe que met en lumière l'auteur, d'une littérature persane. C'est d'ailleurs le seul livre qu'il a écrit en français, peut-être une manière de s'extraire de sa langue maternelle pour pouvoir entièrement se laisser posséder par cette femme.

La tension monte peu à peu, de femme soumise, égrenant son chapelet, priant pour que son mari survive pour s'accrocher à la seule vie qu'elle connaisse, elle s'ouvre peu à peu et ses paroles douces, murmurées, se font insistantes, provocantes, elle hurle, sa rage à ce Dieu dont l'enfer est sur terre, sa haine à son mari, et son obscurantisme. Enfin libre, elle devient une femme.

En lui offrant une voix, Atiq Rahimi, donne à toutes les femmes opprimées, une perpétuelle reconnaissance pour qu'elles ne tombent pas dans l'oubli, et deviennent toutes des symboles : « Cette voix qui émerge de ma gorge, c'est la voix enfouie depuis des milliers d'années. »

C'est dur, émouvant, certains passages sont suffoquant, pourtant, on continue de lire, car on aimerait qu'une lueur d'espoir apparaisse. Jusqu'à la toute fin, on espère…

Un livre engagé, contre l'obscurantisme, l'extrémisme religieux, hommage à la poétesse afghane Nadia Anjuman, battue à mort par son mari.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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En Afghanistan (ou dans un autre pays d'Orient) une femme veille et protège son mari, blessé d'une balle dans la nuque par un des hommes de sa propre milice. Il semble être endormi, mais est en réalité dans un coma profond, quasiment mort, depuis des semaines. C'est un héros de guerre, elle le sait et l'admire pour cela. L'imam vient la voir tous les jours et lui a prédit son réveil, mais elle ne sait pas si elle doit le croire, et surtout si elle le souhaite vraiment. En attendant, elle prie sans discontinuer, tout en s'occupant avec minutie de lui.
Au-dehors les combats font rage...la guerre approche. Elle veille sur son mari jour après jour, remplaçant sa perfusion, lui faisant sa toilette, tout en s'occupant de ses deux petites filles qu'elle n'autorise pas à entrer dans la chambre.
Mais il lui faut quitter la maison pour mettre ses filles à l'abri chez sa seule parente, une tante à la réputation sulfureuse, que son mari n'aime pas du tout. Son dévouement lui pèse, mais elle revient jour après jour.
Elle ne sait pas s'il l'entend mais peu à peu, s'enhardissant chaque jour davantage, elle va se confier à lui, au rythme des gouttes qui s'écoulent dans la perfusion...et de l'appel du muezzin. Elle se livre dans un long monologue et raconte son enfance, sa vie de jeune femme, faite de fréquentes humiliations, mariée très jeune à cet homme inconnu, en l'absence du principal intéressé, elle ne fera sa connaissance que trois ans plus tard. Mari violent et maladroit, souvent absent, elle ne fera que le croiser, et il lui fera longtemps peur, avant que peu à peu, elle apprenne à l'aimer. Elle formule à haute voix ses doutes, ses peurs, ses désirs et ses frustrations.
Il devient son "syngué sabour", sa pierre de patience, selon la culture perse et ce que lui apprend sa tante, cette pierre à laquelle il est autorisé de faire des confessions, jusqu'à ce qu'un jour elle éclate et que, la personne qui se confie, soit libérée pour toujours de ses tourments.
Après le temps des prières et de l'espoir, elle se met en colère et se révolte. Puis peu à peu renoue avec ses désirs, tabous dans sa culture, et se réapproprie son corps, humilié et caché trop longtemps. C'est alors en femme libre qu'elle s'exprime, elle devient même provoquante, attendant avec espoir qu'un jour son mari réagisse.

Ce roman a obtenu le Prix Goncourt en 2008. Je ne l'avais jamais lu, mais comme je l'ai trouvé cet été dans une boite à livre, c'était l'occasion que je le fasse. J'en avais beaucoup entendu parler lors de sa sortie, mais aussi lors de la sortie du film éponyme, adapté par l'auteur lui-même en 2013, avec pour co-scénariste, Jean-Claude Carrière.
Il s'agit du premier livre de l'auteur écrit en français, ces trois précédents romans ayant été écrits dans sa langue natale, le persan. Il dit avoir voulu aborder le sujet des tabous, dans un autre langue que la sienne.
Vous l'aurez compris, il s'agit d'un huis-clos qui se déroule dans la chambre où dort le mari. La femme déroule son long monologue sans que jamais celui-ci ne nous lasse. Peu à peu, le lecteur met une image sur son visage, imagine sa vie passée, le pays où elle vit. Elle n'a pas de nom, mais cela ne nous empêche pas de la connaître.
L'histoire de cette femme est poignante et l'auteur sait particulièrement bien décrire ce qu'elle ressent ce qui rend ses propos très touchants. La manière dont peu à peu la jeune femme s'approprie sa propre parole, sa vie, et même son corps est particulièrement émouvante. Elle aime encore son mari et redoute de le voir se réveiller et redevenir comme il était. Elle aimerait une vie plus douce avec lui ou alors préfèrerait la solitude et vivre sans lui...
L'ambiance est particulière car beaucoup de choses sont suggérés et non pas dites. Certains passages sont très réalistes, d'autres nous font penser que la jeune femme rêve, ou est tombée dans une sorte de transe, ou de folie passagère, et qu'elle parle toute seule à son mari absent, ou même déjà mort et le doute à ce sujet s'installe.
L'auteur dit avoir eu envie d'imaginer l'émancipation d'une femme, sa révolte face à la violence vécue par les femmes afghanes dans leurs propres familles.

Ecrivain et cinéaste, Atiq Rahimi est né en Afghanistan en 1962, où il est élevé dans une famille occidentalisée. Il fait ses études au lycée franco-afghan de Kaboul, ce qui explique qu'il maîtrise parfaitement le français. En 1973, son père et son oncle sont emprisonnés, puis ses parents s'exilent en Inde. Lui vit la guerre de 1979 à 1984, avant de se réfugier au Pakistan, puis de demander l'asile politique à la France. Son frère sera assassiné en 1989. C'est ce qui le pousse, dit-il, à continuer à écrire sur son pays.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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L'histoire d'une femme et de sa patience, le rythme est donné dans les premières pages et il se compte en respirations. le roman est fort dès le départ et s'intensifie, l'auteur nous apprend la patience en même temps que notre héroïne. 20 respirations pour écrire cette intro.

On la découvre peu à peu au travers de son quotidien peu banale, les bombes qui tombent au loin. 10 respirations de plus. L'homme à qui elle consacre ses journées et ses pensées, elle cale même sa respiration en fonction de celle de son mari, comptant, priant pour avoir plus qu'un souffle. 28 respirations et quelques ratures.

Dès le départ elle est montrée comme une femme forte, j'aime bien la tournure de phrase qu'utilise Latina « La femme musulmane dans toute son intériorité splendide face à l'homme diminué et muet », cela résume parfaitement mon ressenti sur l'oeuvre.
Je préfère ne rien écrire sur la suite du roman, préférant vous laissez découvrir aussi leurs parcours. Je reste sur le début du livre, j'ai été touché par cette femme et pourtant nous n'avons rien en commun, par son mari aussi et s'il avait été écrit dans un autre ordre mon approche de ce couple aurait été totalement différente. le livre doit avoir environ 10 ans mais semble d'actualité, si je n'avais pas su que c'était un roman je l'aurais pris pour une histoire vraie. Atiq Rahimi m'a fait retenir ma respiration plus d'une fois, il m'a marqué au point de devoir faire une pause quelques jours après avoir terminé ce livre.
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