Superbe préface de Lyotard à ce recueil qui date de 1991. Il y manifeste les difficultés d'approche de la pensée américaine pour un lecteur français et formule ses critiques aux auteurs américains. On effectue ainsi un aller-retour avant d'avoir fait le voyage, ce qui permet de le faire avec un point de vue déjà formé. Cependant le contenu des articles m'a semblé très différent du contenu des ouvrages que j'ai pu lire par ailleurs sur le sujet - beaucoup plus "mitoyens", plus proche des modes de pensée et des postulats familiers à un lecteur français, jusqu'à une reprise cartésienne. Si bien que je ne suis pas du tout persuadé que le recueil soit représentatif de la pensée américaine, mais peut-être davantage de la pensée américaine arrangée pour un lecteur français, un peu comme la cuisine chinoise ici n'a rien à voir avec la fondue de Shangaï ou le canard laqué de Pékin.
Commenter  J’apprécie         60
Il n'est pas de communauté politique sans idéal suprême, je préfère dire sans obligation suprême. Devons-nous être les plus riches, les plus nationaux, les plus puissants, les plus heureux, les plus égalitaires, etc ? Essayer de conclure la réponse à donner à cette question de devoir,à partir d'une argumentation descriptive, est tout à fait vain. L'argumentation ne peut qu'élaborer les procédures par lesquelles l'idéal étant fixé, l'interlocuteur constituant la communauté ont le plus de chance de s'en rapprocher collectivement.
Jean-François Lyotard.
Convaincus d'être, de naissance, destinés à représenter l'égalité et la liberté devant tous les esprits, les Etats-Unis se relèvent difficilement de la conjoncture d'agression de toutes sortes qui les a conduits à descendre au rang d'une nation comme les autres, seulement plus puissante, mais non moins compromise qu'elles avec l'injustice.
Jean-François Lyotard.
[L'écrivain] essaie d'apprendre à arranger les mots et les phrases comme il présume que son "interlocuteur" [mental] doit les arranger. Cela s'appelle écrire.
Jean-François Lyotard.