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EAN : 9782070144259
136 pages
Gallimard (06/02/2014)
3.9/5   252 notes
Résumé :
Ce qui manque à ce monde, ce n'est pas l'argent. Ce n'est même pas ce qu'on appelle «le sens». Ce qui manque à ce monde c'est la rivière des yeux d'enfants, la gaieté des écureuils et des anges.

C.B.

«Il y a bien plus dans ce magnifique et bouleversant recueil que dans nombre de traités de philosophie.»

François Busnel, L'Express
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Christian Bobin, lauréat du prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son oeuvre, n'est plus là, hélas, pour nous régaler de sa prose poétique, ces fragments si délicats et tellement universels. Alors, en attendant la sortie posthume chez Gallimard en février 2024 de son livre intitulé « le murmure », il nous reste son oeuvre, considérable, à découvrir ou redécouvrir

La grande vie s'ouvre sur une déclaration d'amour à une grande poétesse disparue :
« Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m'avez pris le coeur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C'est une chose bien dangereuse que de lire. »
Christian Bobin nous parle de ces petits rien qui font la vie, mais la mort aussi habite ses pages.
« Les familles où un enfant a disparu sont comme la galerie des glaces à Versailles, la nuit, quand aucun pas n'y résonne : un incendie de miroirs vides »

La nature n'est jamais loin qui se pare de lumières et de beauté. On croise ainsi les grands sapins « est-ce qu'ils lisent le journal ? » se demande le poète, puis il y a les fleurs du cerisier aux bras maigre ou encore cette rivière qu'on traverse « en sautant sur des pierres ». le poète n'hésite pas à s'adresser à un merle.
Chaque fois, ce sont de petits instantanés de vie que nous offre le poète et ses mots palpitent comme un oiseau blotti dans la paume de la main. C'est tendre, et parfois, traversé de chagrins.
Bobin cite aussi les personnages qui l'ont marqué. Il y a, bien sûr, son ami le peintre Soulage dont les noirs sont d'une profondeur insondable. Et puis on croise Ronsard, Kierkegaard, Robert Antelme et même Marilyn qui « affolait les hommes mais aussi bien les femmes ou le soleil. »
Christian Bobin évoque souvent le livre et l'écriture, qui sont au centre de sa vie.
Il aborde des thèmes universels comme l'enfance, la vieillesse et la mort mais toujours la poésie est là
« La poésie, c'est la grande vie »
Christian Bobin est un contemplatif qui sait si bien nous entrainer dans ses méditations, c'est pour cela qu'on l'aime.


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La grande vie, comme souvent les livres poétiques de Christian Bobin, c'est un feu d'artifice de mots, de phrases, de pensées, de toute une métaphysique intérieure de leur auteur. Et comme dans tout feu d'artifice, il y a quelques pétards mouillés, très vite oubliés par les fleurs incandescentes que Bobin place dans le ciel étoilé du lecteur. Pas de bouquet final non plus, mais une simple et belle phrase qui le vaut bien largement : "La poésie c'est la grande vie".

Dans ce livre précisément très poétique, Bobin offre la vedette aux fleurs, aux oiseaux, aux arbres, à la nature sans laquelle la poésie serait un hiver sans fin, et, naturellement aux livres et à l'écriture. Quand il les évoque, on est forcément admiratif devant ces courtes phrases, ces comparaisons étoilées, ce mélange de sensibilité personnelle et de faits dans lesquels chacun peut souvent se retrouver.

C'est de la très belle écriture, sur la vie, le devenir de l'homme, l'espérance, l'éternité, une succession de fulgurances qui ne peuvent qu'éblouir le lecteur.
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Il m'est bien difficile de parler de ce livre, ou de ce long poème. Difficile de le raconter, ou même de le résumer.
Ce livre m'a échappé, en même temps qu'il m'a ébloui.
Aucune explication à donner, car il fait appel à nos sens. Il nous transporte, il nous exalte, il nous charme.
Je l'ai lu comme tous les autres livres, mais avec « La grande vie », j'ai eu la sensation d'être un voleur de nuit en train de détrousser son laborieux quotidien.
Si vous voulez une preuve de l'existence de l'Ange, celui juché sur nos épaules, qui nous accompagne, nous aime, nous soigne, et nous console, lisez « La grande vie ».
Sous la plume de Christian Bobin, je suis prêt à croire en Dieu.
Avec lui, la beauté et la grâce sont là, sous notre nez, et nous passons devant sans les voir. Il suffirait de s'arrêter, de prendre un peu de son temps pour admirer le merle noir, les ailes des libellules gorgées de bleu ; pour rire des jaseries du geai, pour suivre « cette lumière qui danse pieds nus sur l'eau captive » ; pour sentir la main d'un fantôme bienveillant sur notre épaule ; pour voir Marylin et Marceline, et s'incliner devant elles ; pour sentir notre corps devenir plus léger, plus épuré…
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Comme tous les écrits de Christian Bobin, la lecture à petites gorgées est recommandée pour savourer la densité de chaque mot... dans l'infiniment petit…dans la splendeur du quotidien et la magie de tout ce qui vit.

Hommages multiples à la vie , aux livres, à l'écriture, aux poètes, à des artistes, écrivains ou musiciens qui lui font chanter la vie : la poétesse, Marceline Desbordes-Valmore, Bach, Soulages, Marcel Jouhandeau, « le petit garçon du boucher de Guéret « , Vermeer, Ronsard, Marilyn Monroe…Kierkegaard, Jean-Baptiste Chassignet (auteur de la fin du seizième siècle), Ernst Jünger, etc.

Hommages vibrants à la femme aimée, au Père…aux êtres aimés disparus, mais présences constantes bienveillantes…auprès de « notre » auteur

« Hier en me penchant pour te cueillir une fleur dans le jardin j'ai réappris ta mort qui m'a soufflé à l'oreille : pas la peine d'une fleur, à présent je les ai toutes. »
« Je suis entré dans le cimetière. Mon père marchait à mes côtés : invisible, il allait avec moi voir sa tombe »….

Les livres de Bobin sont comme des sources rafraîchissantes… qui balayent la routine, la lassitude…Textes qui chaque fois nous mettent dans l' urgence d'un vrai regard, envers tout ce qui nous entoure du plus anodin au plus invisible. Etre conscient du miracle d'être vivant, encore et toujours…

Pour achever cette brève note de lecture, je choisis un passage qui célèbre l'écrit, les livres qui nous font traverser les siècles, nous font goûter à l'éternité…
« J'entendais des voix. J'ouvrais le livre et j'entendais des voix. Des gens se parlaient par-dessus ma tête, s'interpellaient. Ils étaient morts depuis cinq siècles et ils échangeaient des nouvelles comme deux voisins par-dessus un muret. (…)
Qui est maître de ses lectures ? Un livre nous choisit. Il frappe à notre porte. La charité, monsieur. La charité de me donner tout votre temps, tous vos soucis, toutes vos puissances de rêverie » (p.52-53)

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J'ai ouvert le livre et j'ai entendu, j'ai senti, j'ai contemplé. le chant des oiseaux, celui du geai en particulier, les fleurs, les couleurs de la nature. J'ai observé à travers les mots poétiques de l'auteur, j'ai peut être aussi médité. En être hypersensible J'ai ressenti également une souffrance, de la mélancolie. J'ai lu la vie, mais aussi la mort, la richesse mais aussi la misère, la beauté mais aussi la laideur. Les mots sont beaux, doux et tristes. Nous recherchons tous la sérénité, l'auteur y compris, dans ce monde qui va trop vite. Cela fait du bien de faire une pause avec ce grand monsieur Bobin. Merci !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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critiques presse (1)
Liberation
24 mars 2014
Je pourrais dire ici ce que j’ai ressenti à le lire, l’impression qu’il ne parle qu’à moi, directement dans ma petite oreille décollée, ou l’énervement peut-être, devant tant de luminosité même au plus terne de la vie, devant cet angélisme à toute épreuve (des troupeaux d’anges dans ce livre), mon étouffement sous tant de fleurs, ou encore ma gêne face à son petit côté moraliste (mais un moraliste si peu sévère qu’on lui pardonne), et mon émerveillement malgré tout, parce que ce livre est si bien écrit, si ajusté, comme accordé.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (326) Voir plus Ajouter une citation
Je te revois préparer à manger pour les tiens. Ce travail infini pour lequel personne jamais ne vous remercie. Les mères par leurs soins élémentaires fleurissent les abîmes. Si il y a encore des lions, des étoiles et des saints c'est parce qu'une femme épuisée pose un plat sur la table à midi. Cette femme est la mère de tous les poètes. C'est en la regardant qu'ils apprennent à écrire . (p.122)
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Vers le milieu de l’après midi, un silence s’est fait partout dans le pré. Le ciel soudain a pâli comme quelqu’un à qui on vient d’annoncer une mort. Il n’y avait plus rien. Et puis tout s’est rallumé. C’est quelque chose qui arrive très souvent, vers le milieu de l’après midi. On ne le remarque guère. Il faut être prisonnier ou malade, ou assis devant une table, en train d’écrire, pour s’en apercevoir : l’étoffe du jour est trouée. Par les trous on voit le diable — ou, si vous préférez ce mot plus calme : le néant. Il y a un instant où le monde est laissé seul. Abandonné. C’est comme si dieu retenait son souffle. Un intervalle de néant entre deux domaines de la lumière.
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Cher petit merle, j'aurais voulu t'écrire à l'instant de ton apparition, mais je ne suis maître de rien : le téléphone à sonné,

Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C'était plus qu'il n'en fallait.
Dieu faisait sa page d'écriture, une goutte d'encre noire tombait sur le pré. Tu étais cette tache noire avec un rien orangé, le grand prêtre de l'insouciance, porteur distrait de la très bonne nouvelle : la vie est à vivre sans crainte puisqu'elle est l'inespéré qui arrive, la très souple que rien ne brise.
Dix secondes et tu as filé au ras de l'herbe jusque dans les bois, à l'autre bout de mes yeux.

Ta joie – insouciance –, petit merle, est passée de mes yeux à mon sang et de mon sang à ce papier qui me sert à t'écrire cette lettre. L'adresse ? Quelqu'un la trouvera, c'est sûr. Quelqu'un ou quelque chose te dira que j'ai écrit cette lettre pour toi.

Adieu camarade. Je te souhaite la vie belle et aventureuse. Tes dix secondes ont résumé toute ma vie.

p.78-79
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Vous mourrez tous, dit Homère. Vous mourrez d'un trait de javelot ou d'une rupture d'anévrisme, sur un sol étranger ou dans une infernale chambre d'hôpital. Et tous, sans exception, l'ange qui efface les fautes posera sa main sur vos fronts en sueur, vous aidera à entrer dans le soleil à l'heure dite.
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Quand je n’écris pas c’est que quelque chose en moi ne participe plus à la conversation des étoiles. Les arbres, eux, sont toujours dans un nonchalant état d’alerte. Les arbres ou les bêtes ou les rivières. Les fleurs se hissent du menton jusqu’au soleil. Il n’y a pas une seule faute d’orthographe dans l’écriture de la nature. Rien a corriger dans le ralenti de l’épervier au Zénith, dans les anecdotes colportées à bas bruit par les fleurs de la prairie, ou dans la main du vent agitant son théâtre d’ombres. A l’instant où j’écris, j’essaie de rejoindre tous ceux là.
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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