Jean d'Ormesson ou l'élégance du bonheur

Embarqué dans un salon du livre pour signer des livres sur Paris, je m'ennuyais ferme.

Les lecteurs intéressés par mes livres étaient peu nombreux. En plus, ils trituraient les livres, me racontant leur vie, leur désir, ou me posant des questions saugrenues. Et voir les autres auteurs (certains prestigieux) subir le même sort me rassurait, mais à peine.

J'avise donc Arnaud Ramsay, l'auteur de cette biographie qui était harcelé par des groupies de Jean d'Ormesson, qui bien sûr n'achetaient pas son livre.

Et pour tromper mon ennui, j'ai acheté cette aimable biographie, ou plutôt cette hagiographie, ce sympathique hommage rendu au grand écrivain.

Bon, on n'apprend pas grand chose mais cela se lit bien, et le milieu littéraire si petit, et un peu sectaire, apparaît dans toute sa splendeur surannée et sa morgue stérile. C'est un peu Splendeurs et misères des courtisanes, mais version Star Academy.

Bref, cela fait passer le temps, comme un Gala chez le coiffeur ou un Paris Match chez le docteur. On est un peu dans l'esbrouffe, et cette admiration de la noblesse désargentée mais raide sur ses traditions, de la bourgeoisie opulente qui court après la particule, des académiciens qui vivent dans un autre monde ou un autre temps, ça finit par agacer.

En plus, Jean d'Ormesson qui est vraiment cabotin (avec raison), ne se livre pas.

Et on ne fait qu'effleurer la surface des choses. Parfois, c'est assez cocasse, surtout quand les amis de Jean d'Ormesson, Tesson, Rouart et d'autres parlent de lui au passé, comme s'il était déjà enterré.

Il se dégage de tout cela, qu'au lieu d'essayer de découvrir ce qui se cache derrière un écrivain, à la manière d'un Sainte-Beuve, il vaut mieux essayer de le lire d'abord.

Ma précédente chronique sur Jean d'Ormesson vous indiquera quels romans lire.

Et si on aime ses livres, il ne faut pas chercher à le rencontrer, on sera toujours déçu.

Là-dessus, Proust et son Bergotte vous éclaireront mieux que moi.
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