Lorsque l'on est pas d'accord avec nombreux lecteurs au sujet d'un classique, on se fait tout petit, et on essaye d'aller dans le brouillard, d'en sortir au plus vite, là où cette lecture nous a plongé.
...
La montagne, comme la mer, est un environnement sublime mais hostile pour l'Homme, donnant à ses habitants une forme d'humilité et un sens de la solidarité, dépassant ceux des plaines et des villes. C'est un monde d'histoires et de superstitions.
...
C'est avec plaisir que je me lance à l'assaut de ce petit livre, y retrouvant des aspects familiers, ayant passé une partie de mon enfance dans les montagnes vaudoises. La présence dans le texte du Scex Rouge (bien que probablement pas le même qu'aux Diablerets), qui nous faisait bien rire, accompagné de vocabulaire typique, comme le déci, me renvoient là-bas.
...
Ce que certains critiques relèvent comme difficulté m'apparait aussi comme telle: le style.
Bien qu'il soit là pour rendre l'histoire comme dite par les gens du coin — la narration passant parfois au « on a dit, on a vu » — il est à mon sens très critiquable. Les répétitions se répètent sans cesse, entrecoupées de points-virgules; le vocabulaire a un problème: les verbes « aller » et « venir » phagocytent les autres (bien que probablement « réaliste »). Les descriptions peinent à donner du relief, de l'espace à l'ensemble: on est pris dans un univers non pas à trois, mais à deux dimensions (coucou Flatland). Bien-sûr que l'on monte ou l'on descend, mais les étoiles sont au même niveau que les cailloux. L'utilisation des couleurs s'avère parfois jolie, mais elle achève le côté « impressionniste flou » de l'ensemble.
...
Du côté des personnages, on reste encore sur sa faim. Leur communication est presque « finlandaise ». On touche probablement là au noeud de leurs soucis, et encore une fois à une forme de vérité, mais bon sang, qu'ont-ils à tout garder pour eux, au point de ne pas y réfléchir eux-mêmes. On touche là peut-être à un biais cognitif, mais je m'avance sûrement un peu loin, je ne pense pas la volonté de l'auteur comme naturaliste du Crétin des Alpes. Ce Romain en est un bon exemple d'ailleurs… Et puis ce Clou, il est probablement le plus malin, dans les deux sens du mot; la menace qu'il impose n'est jamais résolue…
...
Donc comme mon ami Wyoming, je suis plutôt très déçu de ce livre (en audio, ça doit être pire…), bien que je retenterai avec son «
Derborence » sur mes rayons. Cette histoire de superstitions manque de complexité d'intrigue, et son style est aussi indigeste qu'un Papet Vaudois sans sa bouteille de Fendant.