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Citations sur Présence de la mort (12)

J'ai trop aimé le monde. Quand j'ai cherché à imaginer plus loin que lui, c'est encore lui que j'ai imaginé. Quand j'ai cherché à aller au-delà d'où il est, je l'y ai retrouvé encore. J'ai tâché de fermer les yeux pour voir le ciel : c'était la terre ; et le ciel n'a été le ciel que quand il est redevenu la terre. Quand on a recommencé à y souffrir, à s'y plaindre, à s'y interroger ; - sous des arbres comme sous nos arbres, sous des saisons d'arbres et de plantes comme les nôtres, parce que l'été n'est l'été que quand il y a eu l'hiver.
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Alors les grandes paroles vinrent ; le grand message fut envoyé d'un continent à l'autre par-dessus l'océan. La grande nouvelle chemina cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et réponses. Pourtant, rien ne fut entendu.

[C.F. RAMUZ, "Présence de la mort", 1922, chapitre I - incipit]
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La plupart des hommes sont ainsi faits qu'ils ne peuvent s'intéresser qu'à l'immédiat et au détail ; ils aiment à se laisser tromper. Peu lèvent les yeux jusqu'au ciel, peu le comprennent. Peu savent même qu'il existe, et là-haut le grand mécanisme, l'astre plus ou moins approche, l'astre se rapprochant toujours. 
(page 29, chapitre 11 - Tome 2 Editions de la Pléiade)
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Ici, dans ce repli entre les deux collines, où c'est la basse ville et c'est la basse vie ; dans ces dessous, ces régions d'en bas, ces prisons ; - ici, tout à coup, liberté !
Plus rien qui puisse nous empêcher de faire ce qu'on veut, vous entendez, vous autres, depuis aujourd'hui, plus rien … Mais dépêchons-nous !
(page 25, chapitre 9 - Tome 2 Editions de la Pléiade)
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Il y a ces images, qui se sont formées au-dedans de vous : on ne peut déjà plus empêcher les dehors de se mettre à leur ressembler, ayant été influencés par elles. Une crainte est née en vous ; tout l'accroît. Voilà qu'elle vous fait tenir autrement la tête, avoir une autre couleur de visage ; elle est peinte sur votre visage, elle passe de votre visage au visage de la personne que vous venez de rencontrer.
(page 23, chapitre 8 - Tome 2 Editions de la Pléiade)
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Alors les gens sont survenus ; ils ont commencé à lire. C'est une proclamation du Conseil d'Etat. Le gouvernement fait appel au bon sens des citoyens : or, c'est justement ce qui devrait vous rassurer qui vous inquiète.
(page 23, chapitre 8 - Tome 2 Editions de la Pléiade).
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Il y avait, cette nuit-là, beaucoup trop d’étoiles et trop blanches. Chacun se tient seulement dans l’interrogation ; tout est arrêté.
Ils sont nus sur leur lit, partout ; ils se retournent de droite et de gauche, ils cherchent une place pour leur tête. Nus, ayant ôté de dessus eux jusqu’à leur chemise qui les gêne, mais il y a cette autre gêne qui est dans l’air et qui est l’air.
Chacun qui se débat pour son propre compte, – repoussant continuellement quelque chose qu’ils voudraient écarter d’eux, et c’est eux, c’est leur propre peau, comment ils sont faits, la propre menace qu’ils sont à eux-mêmes ; et de chaque main, des deux pieds, par des mouvements lents ou brusques. Par des précautions prises, ou au contraire des violences. Les petits enfants, les mères, ce qui est jeune, ce qui est vieux. Dans l’épais de l’air, sur les draps. Sous un toit ou sous point de toit ; dans chacune de ces centaines de centaines de maisons qui se suivent, éparses ou agglomérées, avec des fenêtres éclairées ou pas éclairées, – les vieux, les jeunes, les riches, les pauvres, les malades, les bien portants.

Parce qu’il n’y a plus de différence entre les hommes.
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On voit dans la cour de la ferme le travail de chaque soir qui se fait. Les hommes sont deux ou trois, dont le maître ; ils vont et viennent. Ils sont fixes sur eux-mêmes. Ils n'imaginent rien au-delà de ce qu'ils sont. Ils considèrent une certaine fixité des choses comme étant tellement fixe qu'elle ne pourra jamais changer. Ils vont dans le temps comme si le temps devait exister toujours.
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On va à la mort par peur de la mort. C'est tellement incompréhensible ! Voilà comment l'homme fait. L'homme, un homme: ce rien qui est tout, puis il n'est plus rien du tout. Celui-ci voit qu'il va ne plus rien être, et il a tellement peur de ne plus rien être, et il a tellement peur de ne plus être qu'il pense: « Plutôt n'être plus ! » Voilà comment les hommes sont faits. Ils vont à la mort par peur de la mort, ils la guient du mauvais côté. Croyant s'éloigner d'elle, ils vont à sa rencontre; ils sont attirés par le vide même, - comme dans les montagnes, devant un précipice, lorsque le pas qu'on fait pour y échapper vous y porte et la crainte d'y tomber est justement ce qui vous fait tomber.
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Et il y a de même un travail plus beau que de faire, une plus belle espèce de travail: c'est de défaire. Ils n'étaient plus fatigués.
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