Memento Mori m'avait été conseillée, il y a un petit moment déjà, par une amie qui avait eu un véritable coup de coeur pour les dessins. Mais, je n'ai franchi le pas que ce mois-ci car j'étais à la recherche d'une lecture qui n'aurait pas trop alourdi ma PAL. Memento Mori se décline en trois tomes et se trouve à la croisée entre la bande dessinée française (format classique 22,6x29,8 et 48 pages) et le manga japonais (apport graphique du shojo et cadrage éclaté du découpage narratif). L'histoire, quant à elle, s'inspire directement du conte de la Belle et le Bête.
Si je n'ai pas été complètement séduite par l'histoire que j'ai trouvée par moment un peu brouillonne et partant un peu trop dans tous les sens, force est de constater que l'auteure arrive parfaitement bien à se réapproprier le conte classique. Car, en réalité, que reste-t'il de l'oeuvre originale? Une jeune fille, qui pour sauver un membre de sa famille, se retrouve prisonnière d'un château enchanté et à la merci d'une mystérieuse bête (en réalité, un Prince victime d'un enchantement). Pour le reste, autant les personnages que l'intrigue, tout est assez inédit, original et imaginatif. Et le scénario regorge, quant à lui, de rebondissements surprenants. En ce qui concerne le dénouement, je n'aurais pas vu les choses se terminer ainsi mais après tout, il est conforme au titre.
La véritable force de Memento Mori se niche au creux de ses magnifiques dessins et de leur extraordinaire coloration.
En premier lieu, la symbolique a fait l'objet de beaucoup de recherches et se réfère constamment au genre artistique des vanités. Ainsi, nous avons la présence d'un masque sur la couverture du tome 1, d'un crâne sur le tome 2, de la Mort et sa faux sur le tome 3 et l'omniprésence de fleurs dans tous les tomes, rappelant au pauvre mortel que nous sommes, qu'un beau jour, il faudra rendre l'âme (Memento mori : rappelle-toi que tu vas mourir).
Les dessins très chargés mais fourmillant de détails (que ce soient au niveau des costumes ou des décors) évoluent constamment au fur et à mesure des tomes. S'ils restent certes "jolis" au premier tome, ils acquièrent leur titre de noblesse par leur finesse de plus en plus prononcée, au tome 3. La colorisation devient également de plus en plus travaillée et prend des teintes pastels.
En revanche, j'aurais deux reproches à faire : le premier est le choix d'un cadrage éclaté qui n'était pas toujours évident à suivre (je ne lisais pas toujours dans le bon ordre, les dialogues) et la ressemblance un peu trop frappante entre certains personnages ont ajouté de la confusion (par exemple, Idris ressemble au Docteur Clayborne ; le père de Fléau avec Mallaury ou Calliste avec sa soeur Eïlis et la sorcière). Ces deux aspects ont quelque peu nuit à ma lecture.
En conclusion, Memento Mori est un ouvrage remarquable davantage par ses magnifiques et dynamiques dessins (5/5) que par la relecture du conte de la Belle et la Bête (3/5). J'ai vu que sur sa page Facebook, Rann, présente à la Japan Expo 2016, à Paris, a sorti un nouvel opus Physalis Hozuki. Si les dessins sont aussi aboutis, je me laisserais bien tenter!
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