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EAN : 9782258146747
304 pages
Presses de la Cité (14/09/2017)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Pour la première fois, François Raveau, le plus jeune résistant déporté de France, témoigne et raconte aussi "l'après". Une voix singulière et lucide. Celle d'un homme exceptionnel – devenu psychiatre, ethnologue...– qui ne cesse de s'interroger sur l'Histoire.
François Raveau a onze ans quand la guerre éclate. Très précoce intellectuellement, l'école ne lui convient pas. Dès 1940, il est engagé avec ses parents, protestants, dans des opérations de résistance... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voici un entretien de 300 pages entre François Raveau, considéré comme le plus jeune résistant déporté de France (à 16 ans!) et son ami Michel Mollard, d'une quarantaine d'années son cadet. Des questions courtes et pertinentes, qui s'enchaînent adroitement, et qui servent des réponses d'environ une page.

Né en 1928, François Raveau raconte son enfance loin du monde scolaire, auprès de parents plutôt originaux et prompts à s'engager dans diverses causes. La Résistance en sera une, et François Raveau, alors âgé d'à peine 15 ans, les suivra donc tout naturellement dans cette activité. C'est donc en tant que résistant qu'il sera déporté et passera par les camps de Neuengamme, Fallersleben et Wöbbelin entre avril 1944 et mai 1945. Une expérience dont il relate des épisodes aussi terribles qu'inimaginables, ajoutant sa voix à celle des nombreuses autres victimes du système concentrationnaire nazi.
Dans la seconde moitié du livre, il évoque ensuite les années d'après-guerre, les années soixante... au travers de son propre parcours de médecin, psychanalyste puis anthropologue. Sa trajectoire est atypique et assez étonnante, jalonnée de voyages et de rencontres avec des personnages célèbres (Malraux, Sartre...) dont Raveau dresse un portrait sans détours. de la même manière, il donne un avis sans concessions sur certains résistants et sur les communistes, avis certes personnel, mais légitimé par sa propre expérience de vie et de survie.
Les trois dernières décennies sont en revanche peu abordées, certainement parce que l'homme est à présent presque nonagénaire et qu'il a dû mettre progressivement un frein à la vie trépidante qui fut la sienne. On pouvait toutefois attendre davantage de la troisième partie intitulée "aujourd'hui", dans laquelle l'avis éclairé de Raveau sur les sujets actuels brûlants aurait été apprécié. Car, dans ces dernières pages, il ne livre pas son sentiment sur le monde et la France de 2017, alors que les motifs de réflexion sont nombreux et que le fameux "retour aux années 30" et aux années 1940 est devenu un leitmotiv dans de nombreux discours publiques.

L'ouvrage n'est certes pas une biographie exhaustive du personnage (qui visiblement en mériterait une... et qui serait fort épaisse!), mais de nombreuses zones d'ombres sur sa vie subsistent, sans doute souhaitées par lui-même. On comprend en effet qu'il a de nombreuses relations avec des personnalités influentes à travers de monde, qu'il appartient à de nombreux réseaux... dont on peine à connaître l'origine, et donc le lien éventuel avec son statut d'ancien résistant. Ayant oeuvré fort jeune dans la résistance, on ne peut lui attribuer un tissu de relations pré-existantes, et il ne reste au lecteur qu'à établir ses propres suppositions en s'appuyant sur le contexte de la guerre froide...

François Raveau adopte un ton assez détaché dans ses propos, ce qu'annonce Michel Mollard dès son introduction. L'homme est ainsi, oscillant souvent entre humour et cynisme, y compris lorsqu'il raconte des épisodes particulièrement violents ou inhumains de son passé de résistant et de prisonnier. Une attitude qu'il assume parfaitement (n'est-ce pas un moyen comme un autre d'assurer sa survie psychique au-delà de sa survie physique?), mais qui peut déstabiliser un lecteur susceptible de s'attendre à un témoignage poignant sur les camps. Mais au-delà de cette forme différente de ce que l'on peut lire habituellement, le fond n'en reste pas moins insupportable, et c'est peut-être dans cette particularité que réside la force du témoignage de François Raveau.

C'est donc un entretien réellement très intéressant que j'ai pu lire grâce à Babelio et aux Presses de la Cité. Michel Mollard a su adroitement le mettre en forme dans un style ni trop oral, ni trop littéraire, et je pense qu'il a su retranscrire correctement le contenu volontairement ambigü, flou, détaché ou cynique de certains propos de son interlocuteur. Je suis heureuse d'avoir pu découvrir cet homme à la vie singulière, témoin de l'Histoire, et, indéniablement, acteur de celle-ci.
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Je suis le chat qui va tout seul est un recueil d'entretiens entre François Raveau, "plus jeune résistant déporté de France" et Michel Mollard. Les questions et les réponses s'enchaînent aisément et nous dévoilent le portrait d'un homme au parcours intense et atypique. Beaucoup de questions sont centrées sur sa participation à la résistance puis sur sa déportation mais portent aussi sur l'après-guerre, ses carrières de médecin, de psychanalyste et d'anthropologue. le style est très fluide et émaillé de citations et de références, l'humour et le franc-parler sont omniprésents. Au delà du portrait d'un homme et d'une histoire, c'est aussi une réflexion sur la vie et les rapports entre humains que nous livre François Raveau et Michel Mollard. Une belle découverte et une belle leçon de vie !
Merci à Babelio et aux Presses de la Cité.
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Je suis le chat qui va tout seul est le récit de discussions entre François Raveau, le plus jeune résistant déporté de France et son ami Michel Mollard.
Les questions/réponses se lisent avec beaucoup de facilité et nous dressent le portrait d'un homme à la vie trépidante et incroyable.
La première partie du récit est consacrée à la participation de François Raveau à la résistance puis à sa déportation.
La seconde porte, elle, sur l'après-guerre, les différents métiers qu'il a exercés, de médecin à psychanalyste en passant par anthropologue.
J'ai beaucoup aimé le franc-parler et l'humour dont fait preuve François Raveau tout au long de ces entretiens.
Une jolie découverte pour moi, je le conseille.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(...) je me dis que je suis content de ne pas avoir été là au moment de la Libération. J'irais presque jusqu'à avancer que j'étais heureux d'être encore dans mon camp...
De tout ce qu'on m'a raconté, de tout ce que j'ai lu, l'épuration a été quelque chose d'affreux, d'ignoble.
Tous ces gens qui se sont employés à ne rien faire pendant l'Occupation, ou qui ont été doucement complices de ce qui se faisait, et qui brusquement se révèlent des résistants, prennent des airs de matamores, vont tondre de pauvres filles! Je repense par exemple à un huissier, un collaborateur notoire, qui était une cible quand j'ai été arrêté. On se posait la question de savoir qui parmi nous allait le liquider, car c'était une menace pour les maquis. Je rentre et il est médaillé de la Résistance parce qu'il a dû retourner sa veste au bon moment.
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On est en lisière d'une forêt. A travers les barbelés et la clôture électrique, on voit des biches, des cerfs, tous ces animaux qui se promènent. C'est la forêt allemande, celle du romantisme allemand, , c'est magnifique. Les Allemands placent leurs camps dans des endroits merveilleux...
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Oui, de la viande circule et on sait très bien que c'est un bonhomme. Le moment est venu où l'on sait que l'on va mourir le lendemain. C'est très difficile à décrire. Pour les gens tellement faibles que nous sommes devenus, tout est alors permis.
Les gens qui disent qu'il ne faut pas bouffer les autres n'ont jamais eu faim de leur vie...
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Pour beaucoup de mes amis, chercher à expliquer, c'est déjà être complice. De fait, il est très dangereux de chercher à expliquer, mais expliquer n'est pas excuser et cela aide comprendre la société contemporaine.
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Dans le chaos de l'Allemagne des derniers mois, il y a toujours cette espèce de rigueur dans l'absurde. Mener des combats qui n'ont plus aucun sens. Déplacer des condamnés qui ne sont pas encore morts pour les mettre dans des camps et les faire mourir encore plus...
C'est vraiment l'absurdité grandiose.
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