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EAN : 9782915746525
284 pages
TDO Éditions (31/05/2010)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Jean préfère l’ombre à la lumière. Au cours de l’été 1938, sa vie à Font-Clare, va connaître de terribles bouleversements. L’arrivée imprévue de deux invités, et la découverte sur le domaine familial d’une étrange sépulture, vont notablement transformer son existence.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour un premier roman, c'est réussi !
L'histoire se situe dans un terroir viticole, mais ce qui en fait l'originalité, c'est aussi le style : le récit est livré à la première personne, mais au détour d'une phrase l'auteur peut passer à la troisième personne, et plus étonnant encore, à la deuxième personne.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est au cours de l’été trente-huit que tout a basculé. À cette époque-là, âgé de quatorze ans, je fréquentais sans relâche l’église de Villanove. Ma mère, mon père et moi y occupions une petite chapelle, dont les chaises de bois vernis portaient au dossier des petits écriteaux de cuivre, où figuraient nos noms. Il faut dire que nous comptions, nous les Lagarde, parmi les plus fortunés de la région. À la première rangée, nul ne s’installait jamais, sauf une femme très âgée prénommée Marguerite. Sa ferveur me fascinait. Derrière elle, se tenaient quelques bigots, qu’une attitude exagérément contrite rendait ridicules. Plus en retrait, les visages de belles jeunes filles émergeaient d’une masse compacte de costumes et de mantilles sombres. Si par hasard ma mère
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surprenait mon insistance à caresser du regard l’une ou l’autre de ces villageoises, j’écopais d’une remontrance sévère et, à peine de retour chez nous, je subissais deux heures d’exposition au soleil. La pire des punitions ! Cela peut paraître bénin, mais pour l’amateur d’obscurité que j’étais, cette sanction prenait l’ampleur d’un véritable châtiment.
Si je reviens m’asseoir sur ce qui fut mon siège réservé, les terribles événements de l’été trente-huit reviennent en ma mémoire. Je revois le corps déchiqueté par les pales du vieux Moulin. La voiture de gendarmerie. La foule rassemblée. Alors parfois je pleure. D’autres images me reviennent à l’esprit, celle de cette forme humaine gisant au milieu d’un couloir sombre dans une odeur insoutenable de poudre, ou bien celle de ce pendu, qui si longtemps a hanté ma mémoire. Aujourd’hui encore, je suis un homme déchiré. Mais foin d’abattement, revenons à mon récit.
Au moment de la communion, les jeunes demoiselles semaient en mon être des graines de désir. Encore enfant, je ne me reconnaissais guère le droit de succomber à la rêverie légère et à la paresse religieuse, ces deux péchés mortels desquels le prêtre s’escrimait à me tenir éloigné. Si j’y cédais tout de même, de retour chez nous, je me mortifiais afin d’expier.
Maman, qui m’élevait dans le plus strict respect des lois religieuses, opposait à mes inclinations adolescentes, l’exemple de l’abbé Bonnastre dont les actes, selon elle, ensei11
gnaient la vraie voie :
― Le péché de chair entraîne l’homme dans les profondeurs noires de l’enfer, expliquait-elle.
― Mais vous mère, lui demandais-je un jour, n’avez-vous pas contourné quelquefois ce précepte, ne serait-ce que pour me mettre au monde ?
Avant de me gifler, elle m’avait rétorqué : « J’étais à cette époque ignorante des desseins de Dieu ».
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