Jean-Luc Aubarbier s'impose comme étant une valeur sûre du polar maçonnique. Après son jeu mortel avec
L'échiquier du Temple et nous avoir plongé dans l'enfer des fous de religion avec
le testament noir, le
Dan Brown du Périgord est revenu avec son nouveau thriller mettant en scène ses héros Pierre Cavaignac et Marjolaine Karadec.
Cette nouvelle aventure est très certainement le plus grand chassé-croisé temporel que j'ai lu. Histoire et préhistoire, Homo sapiens sapiens et Cro-Magnon, franc-maçonnerie et chamanisme, voici le programme de ce nouvel opus sur fond de réchauffement climatique
Si l'enquête de Cavaignac et Karadec se passe au début des années 2000, mon coup de coeur va pour la période historique. La plongée vers la préhistoire et la rencontre avec le monde de l'homme de Cro-Magnon était tout à fait surprenante. Je n'ai jamais imaginé que la « civilisation » des Cro-Magnon pouvait être aussi hiérarchisée. On imagine tous que dans une tribut, il existe un chef de clan, des chasseurs, un sorcier et le commun des mortels. C'était une véritable surprise, un vent de fraîcheur, … Enfin, appelez comme vous le voudrez mais c'est tout simplement génial !
La rencontre avec certains Cro-Magnon m'a énormément fait penser à l'adaptation en dessin animé de l'oeuvre de
Roger Lecureux et d'
André Chéret, Rahan, fils des âges farouches. Les connaisseurs auront suivi les aventures dès la fin des années 60 dans la magazine Pif Gadget. Si vous êtes comme moi, vous avez grandi dans les années 80 et vous avez regardé la série éponyme qui a été diffusée sur Canal+. Ça y est vous revoyez ce grand blond qui parcourt le monde à la recherche de la demeure du soleil. Avec tout ça, vous ajoutez l'esthétique du film 10.000 de
Roland Emmerich et bien entendu, on met de côté, les mammouths aidant à construire des pyramides.
Et puis les personnages de Noah, de Kora et d'autres sont attachants mais s'imaginer les Cro-Magnon à la fin de la dernière ère glaciaire, obliger de repenser leur mode de vie, abandonner la chasse pour la domestication et surtout quitter leur habitat pour éviter de subir la « grande vague », il y a quelque chose qui vous prend aux tripes et réécrire le mythe de l'arche de N… c'était osé ! C'était couillu, Monsieur Aubarbier et vous l'aurait compris, mon coup de coeur va pour la partie (pré)historique.
Revenons à Pierre Cavaignac et Marjolaine Karadec. Après avoir fait une extraordinaire découverte dans une grotte couverte de peintures préhistoriques, ceux-ci doivent tenir les lieux secrets. Après avoir rencontré un activiste écologique, franc-maçon et croyant aux vertus du chamanisme, Marjolaine tombe en admiration du personnage. Il faut dire que si on imagine le personnage, il ressemble à un mannequin sorti d'un catalogue Ikea.
Plus sérieusement, Lars Erickson est homme mature pour qui les gens sont prêts à se sacrifier. Malgré le côté bel homme, gendre idéal, le Suédois est un véritable manipulateur pour ne pas dire un gourou et ça, on le ressent dès les premières pages où le rencontre. Bref, Lars Erickson est un méchant qu'on aime détester. D'ailleurs, ce qui m'a choqué à un moment donné, c'est la présence d'Anders Breivik. le terroriste des attentats de Norvège joue un petit rôle dans le roman mais très dérangeant. En tout cas, j'ai senti un frisson me parcourir l'échine. On peut dire que
Jean-Luc Aubarbier joue avec les émotions des gens.
Le mélange de chamanisme, de menace climatique et de franc-maçonnerie est tout à fait surprenant voire déconcertant car on se laisse emmener par l'auteur dans un jeu de piste qu'on ne pensait pas capable. Les dernières pages se lisent avec une boule dans le ventre. La bombe va-t-elle exploser ? L'autre « grande vague » va-t-elle tout ravager ? Pierre et Marjolaine vont-ils réussir ?
En fait, c'est un grand tour de force et
Jean-Luc Aubarbier nous montre qu'il est une valeur sûre, que ses héros sont intelligents et généreux. Bref, on redemande !
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