AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 1525 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en 2015 (année de la parution du roman). Ce fit une belle découverte en ce qui me concerne, de cette auteure talentueuse à la plume raffinée.
"Amours" raconte une rencontre improbable entre deux mondes opposés, réuni par une rencontre aussi passionnelle qu'inattendue C'est le récit de cet amour tabou et interdit, évoqué avec une infinie délicatesse, tout comme l'univers feutré qui le cache...
Commenter  J’apprécie          00
AMOURS....Mot que l'on aurait pourtant tendance à écrire au singulier, voir même avec un "A" majuscule, pour ce qu'il représente d'entièreté, d'exclusivité, d'inconditionnalité, de plénitude, d'adhésion totale, voire d'unicité.
Mais Leonor de Récondo nous l'agrémente d'un "S" pluriel !
Tiens donc ! Se pourrait-il que Victoire que l'on découvre plutôt conformiste et "raisonnablement" mariée nous surprenne ?
Nous sommes en 1908, Victoire et Anselme mariés à la mode bourgeoise, petits arrangements entre familles...
Anselme et ses assauts brutaux, totalement ignorant des désirs féminins, culture patriarcale oblige; Anselme et sa quête forcenée d'un héritier...
Victoire, plutôt résignée, qui voudrait bien faire et donner l'image d'un couple bien rangé.
Et puis Céleste, la domestique, qui porte si bien son prénom, et qui portera également l'héritier en question, conséquence des "besoins" impérieux de Monsieur..
Sauf qu'il ne s'agit pas là d'une nième histoire "maître-servante" à la Maupassant ou O. Mirbeau, mais bien plutôt d'un roman d'apprentissage. Pour Victoire, c'est l'éveil du désir intime, l'apprentissage du plaisir.
Et la voilà décomplexée, décorsetée, qui fait sa révolution et découvre la sensualité et l'érotisme.
Qui découvre son corps et l'amour dans les bras de Céleste.
Et le petit enfant né, entre ces 2 femmes, qui les rapproche puis les unit.
Très joli roman, miroir des comportements de la société au début du XXe siècle, du poids des conventions et des convenances, de l'amour conjugal si souvent dicté par Monsieur.
Très jolie écriture, romanesque et poétique, infiniment de délicatesse, de tendresse et de douceur.
Figures féminines étonnantes, intelligentes et combatives, courageuses et résolument modernes, capables d'assumer leurs inclinations pas franchement de mise à l'époque !
A lire ! Vraiment !!

Commenter  J’apprécie          40
Ayant apprécié le style de « le grand feu » malgré un certain sentiment d'inachevé ressenti à sa lecture (voir ma chronique), j'ai voulu affiner mon impression et ai décidé d'enchaîner sur « Amours » dont la note sur Babelio supérieure à 4 est un indicateur attractif.
Avec ce roman, situé au tout début du XXème siècle, on entre dans une de ces maisons bourgeoises de province où Monsieur est notaire et Madame, oisive et dépressive. le petit personnel gravite discrètement entre boudoir et coiffeuse, cuisine et combles du manoir que corvéable à merci, il habite à l'année.
Un Downton Abbey miniature mais la grande classe « à la française », car ici, Monsieur viole allègrement la bonne dans le dos de sa femme qui peine à s'épanouir dans une relation conjugale réduite à sa plus triviale expression.
Lorsque Clémence, docile petite bonne, discrète et pieuse se retrouve enceinte des oeuvres de son rustaud de maître, Anselme de Boisvaillant, Victoire qui se pense stérile, fomente un coup pendable, celui d'usurper le bébé en simulant une grossesse. Une situation commode qui permet d'assurer une descendance sans les inconvénients des coïts triviaux d'Anselme. le décor est posé. Les personnages aussi. Pas très reluisants !
Lorsque l'enfant nait cependant, Victoire qui ne l'a pas porté, n'éprouve rien et ne sait pas s'y prendre. L'enfant dépérit et c'est la pauvre Clémence qui le prend secrètement et nuitamment en charge. C'est alors que le récit bascule dans une autre dimension. Lors de rencontres nocturnes, Victoire va développer un amour passion pour la petite bonne que jusqu'alors elle méprisait.
E de Recondo, très douée pour décrire 1/les élans du coeur et du corps, les émois et les ébats auxquels vont se livrer les deux femmes réunies chaque nuit dans la petite chambre de bonne, 2/ les aspects musicaux de la vie de Victoire dont l'épanouissement sexuel affûte les qualités de pianiste,
nous entraîne dans un récit érotisé dont le prisme sera l'homosexualité de ses deux femmes que tout oppose. Malgré les velléités de Victoire à s'affranchir de certains carcans, naît une situation très déséquilibrée dont l'issue ne peut être que funeste.
Celle qu'a choisie l'auteur ne m'a pas réellement convaincue, non plus que le rapport inégal de ces deux femmes dont l'une est totalement soumise aux désirs de l'autre dans un déséquilibre « de classe » qui met mal à l'aise. Car on ne sait pas grand-chose de ce que ressent Clémence en dehors du fait qu'elle prie (avant), puis cesse de prier (pendant), puis prie à nouveau (après). Ce qui somme toute est bien peu de chose pour cerner une psychologie.
J'ai malgré tout davantage apprécié ce roman que le précédent. Plus abouti, plus construit, il n'échappe pas cependant à nombre de stéréotypes et de situations caricaturales au goût de déjà lu... qui en outre pâtissent de l'inconsistance de personnages peu fouillés et sans grande présence romanesque.
Bref, pas mal, mais je reste (encore) sur ma faim.
Commenter  J’apprécie          80
Tout d'abord je remercie Sylvaine de l'avoir pioché pour un item à valider pour le multi défis.
Je devais le lire de plus longtemps , j'e avais entendu beaucoup parlé.
Bien sûr ce livre parle de l'Amour.
C'est quoi l'Amour ?
Si vous voulez découvrir Léonor de Recondo celui -ci est très interessant.
jJe vais continuer à découvrir cet auteur.
Commenter  J’apprécie          60
Début du 20ème siècle, Victoire a été mariée, (bien davantage qu'elle ne s'est mariée), à Anselme de Boisvaillant, notaire de son état.
Mais à l'époque c'est l'usage et perdue dans une fratrie de soeurs, aucune autre destinée n'était prévue pour elle que de se "bien marier". Alors, elle s'est pliée aux exigences familiales pour remplir son rôle d'épouse et tenir sa maison avec l'aide indéfectible de Huguette et Pierre, domestiques fidèles depuis toujours au service des Boisvaillant. Mais de cette union imposée ne naît aucun enfant, Victoire redoutant entre tout " l'enchevêtrement immonde" avec son époux, auquel son éducation de jeune fille bourgeoise ne l'avait pas préparée. Anselme, déjà marié une première fois, se pense infertile et va maladroitement chercher du réconfort auprès de la très jeune bonne Céleste chez laquelle il " s'invite" occasionnellement et avec une grande brutalité. de cette relation contrainte va naître un enfant, Adrien. Ayant découvert la grossesse de Céleste et la vérité sur l'identité du père, Victoire impose ( plus qu'elle ne propose ) un marché à la jeune domestique : la garder auprès d'eux mais faire passer l'enfant pour le leur. Victoire se dit donc mère d'Adrien mais ne parvient à donner aucune tendresse au nouveau-né... Pas beaucoup d'amour(s) jusque là me direz-vous...oui mais l'amour est protéiforme et évanescent et s'invite là où on s'y attend le moins. Dans ce foyer, de multiples sources d'amours finissent par sourdre : celui d'Huguette pour son mari, blessé depuis la guerre, celui de Pierre pour Anselme qu'il considère presque comme un fils, l'amour naïf que la douce Céleste porte à la Sainte Vierge, celui plus inattendu et sensuel entre Céleste et Victoire et enfin celui que tous porteront à Adrien, point de convergence de tous ces amours.
Un court et très beau roman, dans lequel la musique s'invite, comme souvent chez Leonor de Recondo, violoniste avant d'être écrivain, même s' il s'agira ici de piano...j'ai désormais hâte de me jeter dans "le grand feu".
Commenter  J’apprécie          10
Nous sommes en 1908, Anselme et victoire forment en apparence à beau couple.
De ce mariage arrangé, ni amour ni enfant ne sont nés.
Dès les premières lignes, l'auteur nous montre qu Anselme monte donc dans la chambre de leur jeune domestique, Céleste, pour y assouvir ses ardeurs
... Malgré ces 3 personnalités torturées, cette maison bourgeoise va nous révéler amours interdits et secrets.
J'ai lu ce roman en écoutant les morceaux de piano joué par Victoire. Ils m'ont permis je pense, de mieux apprécier la sensibilité, la sensualité de ce livre qui aborde la maternité de deux femmes.

Une belle surprise, peut-être un coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          60
Cinq ans après son mariage de convenance en plein tournant du XXe siècle, Victoire n'en revient toujours pas de ce qu'il lui faut bien admettre comme une étrange déception : l'existence qui s'annonçait parfaite dans sa demeure cossue du Cher, entre un époux établi dans sa position de notable et une domesticité à ses petits soins, s'avère terriblement vide et ennuyeuse, en plus de rester incompréhensiblement stérile. Loin d'elle l'idée que ses dérobades au devoir conjugal, non seulement élucident l'absence de descendance du couple, mais aussi légitiment, dans l'esprit du digne notaire, l'assouvissement de ses pulsions naturelles entre les cuisses résignées de la jeune bonne : Céleste n'est-elle pas entièrement à leur service, comme le fut d'ailleurs, apprendra celle-ci dans les chuchotements d'arrière-cuisine, l'actuelle gouvernante à l'époque du père de Monsieur ?


Mais, les traditions ayant décidément la vie dure, à la perpétuation du droit de cuissage succèdent bientôt la grossesse de la bonne et la sensible question de l'honneur de tous. Alors, là encore comme seuls les domestiques de la maisonnée se souviennent en toute discrétion qu'il en fut déjà ainsi en ses murs un quart de siècle plus tôt, l'épouse pragmatique choisit de faire d'une pierre deux coups : l'on prétendra que l'enfant est un rejeton de Boisvaillant pur jus. Les apparences dignement et utilement sauvées, n'en reste pas moins que Victoire, épouse sans amour désormais mère sans instinct maternel, s'enlise dans un bovarysme croissant. Réunies dans la chambre de bonne où Céleste s'emploie en catimini à prodiguer les soins au nourrisson pour lesquels Victoire ne présente aucune disposition, les deux jeunes femmes se découvrent une sensualité inattendue qui les emporte bientôt dans les vertiges clandestins d'une relation saphique.


Merveilleusement juste et élégante, la plume de Léonor de Récondo excelle à peindre en peu de pages l'étouffant huis-clos de cette demeure bourgeoise, miniature de la bonne société de l'époque. Réduites, qu'elles soient bien nées ou servantes, à la seule fonction qu'on leur assigne, tenir leur rang et procréer pour les premières, répondre aux besoins des maîtres pour les secondes, les femmes y sont, pour leurs familles et leurs maris, des « biens » comme les autres, sans avis ni personnalité, conservées dans l'ignorance de leur sexualité et dans l'interdit de leurs désirs, avec pour garde-fou l'hypocrite mais impitoyable camisole des convenances. Celles qui, certes pas sans souffrances, se plient sans faillir à cette discipline, sont les premières à contribuer à la perpétuation de leur soumission de mères en filles. Les autres jouent leur place dans la société, risquant l'opprobre, la déchéance, voire même, d'ailleurs, l'internement psychiatrique.


Campés de manière nuancée et vivante, les personnages sont particulièrement convaincants et le lecteur se laisse d'autant plus aisément transporter en ces années pas si lointaines où il semble que la condition féminine n'a pas évolué depuis des siècles, que l'écriture, superbe de puissance visuelle mais aussi sonore, l'auteur y ayant troqué son violon pour le piano de Victoire, confère à cette histoire de facture plutôt classique un charme doucement envoûtant.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          7312
L'Amour est triste, beau, violent, désespéré. L'écriture de Léonor de Récondo l'est aussi. C'est au son de la sonate au clair de lune que joue Victoire que j'ai fini ce court roman d'une pure beauté et les mots de l'autrice ont pris une autre dimension. C'est un roman féministe sur une situation inconcevable au début du 20ieme siècle. L'écriture est magnifique, jamais vulgaire, des personnages auxquels on s'attache rapidement malgré leurs failles.
Commenter  J’apprécie          30
Le résumé en 4ème de couverture est terrible, froid : Tandis que son épouse dort paisiblement, Anselme le notaire abuse de Céleste, la jeune bonne qui tombe enceinte. Pour sauver l'honneur de tous, Victoire décide d'adopter l'enfant...

L'histoire se passe au début du siècle dernier et tout y est bouleversant, les mensonges, les non-dits, l'ignorance absolue des femmes de leur corps, leur goût...
Elles sont soumises au désir de l'homme à qui elles doivent tout céder.

Et dans ce tableau abject, naît quelque chose de beau, l'amour.

Et là débute une nouvelle histoire. C'est beau et forcément tragique. C'est une histoire de femmes qui s'ouvrent à elles-mêmes, se découvrent intimiment et c'est effroyable de se dire que ce n'est pas si loin de nous et que dans certains endroits dans le monde, ça existe encore.

Un court récit prenant dont certains passages sont d'une beauté surprenante. Oui, il est court, mais l'émotion est là, à chaque page.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
Superbe !

Un livre délicat et puissant à la fois ! Un souffle qui m'a emporté, me faisant lire ce roman d'une seule traite...
La plume de Léonor de Recondo est d'une classe impeccable et implacable tout au long de ce court roman.

Énorme coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (2738) Voir plus



Quiz Voir plus

Amours : Léonor de Récondo

En quelle année se passe l'histoire ?

1542
2000
1947
1908

5 questions
42 lecteurs ont répondu
Thème : Amours de Léonor de RecondoCréer un quiz sur ce livre

{* *}