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EAN : 9782707310750
126 pages
Editions de Minuit (31/12/1998)
3.88/5   12 notes
Résumé :

Vingt-trois chants où le "je" d'une femme sans nom, sans âge, sans visage, dit la Passion du Splendid Hôtel, son trésor, sa chose, légué par grand-mère qui l'a fait construire au bord du marais virulent. Splendid Hôtel déjà délabré, attaqué, miné, et qui ne cessera d'endurer tous les fléaux, de souffrir de tous les maux, dont le pire : la tendance fatale de ses sanitaires à se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Jusqu'ici tout va bien. » pourrait être la devise de cette femme vieillissante qui entretient et gère l'hôtel miteux hérité de sa grand-mère, construit en plein milieu d'un marais à l'air pestilentiel, son bois pourrissant, ses tuyauteries rouillées fuyant de tout côté, sa charpente menaçant de s'effondrer, en bref insalubre et sordide. Mais ce cadeau empoisonné, elle en est fière et le maintient debout jusqu'à la fin, contre toute raison, et malgré ses deux soeurs parasites qui font fuir les quelques clients restant.
Ce roman est avant tout un excellent monologue intérieur résumant les pensées, la dispersion mentale du personnage, grâce à un enchainement de phrases ultra courtes changeant subitement de sujet de l'une à l'autre, ou au contraire se répétant de manière obsessive, comme si la narratrice était au bord de la folie, s'attardant sur des choses insignifiantes pendant que sa vie et celle de ses sœurs se décompose avec son hôtel malsain.
Autre particularité de ce monologue intérieur (technique souvent utilisée pour ralentir le temps et décrire une grande somme de sensations se produisant en un cours laps de temps), il permet ici de voir le temps en accéléré, de passer des mois ou des années en quelques phrases, comme si la vie de la narratrice avait défilé sans qu'elle s'en rende compte – un procédé nouveau pour moi et que j'ai aimé découvrir.
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Ce roman est une relecture pour moi, et je le trouve encore meilleur que la première fois. Il fait partie d'une trilogie publiée dans la fin des années 1980 aux éditions de Minuit et rééditée en 2017 en un seul volume sous la dénomination "Les Héritières" par Le Tripode.
Ce volume comprend donc le ci-devant Splendide Hôtel, Forever Valley et Rose Mélie Rose.
Phrases brèves sans adjectifs pour dépeindre l'inexorable enlisement dans le marais d'un hôtel et de sa propriétaire : canalisations en péril, sanitaires bouchés, toiture prenant l'eau, infiltrations au sous-sol, invasions de mouches, moustiques, termites, punaises, rats, odeur pestilentielle en provenance du marécage lorsqu'il pleut, gel, clients égoïstes et mal embouchés.
Ainsi va la vie de la narratrice.
Les techniques de l'écriture blanche et du nouveau roman sont présents mais seulement en tant qu'outils et non comme fin en soi.
Une parenté avec Hélène Bessette, mais pas la même chose tout de même.
Je suis étonnée de voir aussi peu de critiques pour des livres de cette qualité alors que d'autres, bien moins ambitieux, bien moins valeureux, sont encensés à chaque rentrée d'automne et d'hiver par la presse.
Car Marie Redonnet continue à écrire, mais ne "sort" pas un livre chaque année comme un métronome, d'où sans doute la qualité de son écriture.
Quelle injustice ! quelle perte !
Peut-être survivra-elle alors que certaines productions s'apparenteraient davantage à de simples objets de consommation immédiate.
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Tout se barre en sucette dans cet hôtel, qui n'a plus rien de splendide (mais on ne sait s'il le fût jamais). Les sept plaies d'Égypte, en comparaison c'était presque la fête! La narratrice, qui est aussi la gérante de l'établissement, se bat en permanence. Contre les mouches, les dettes, les rats, les odeurs, les canalisations qui fuient, les boiseries qui se délitent... mais aussi contre ses deux soeurs vieillissantes, qui lui pourrissent la vie. Pensionnaires à vie de l'hôtel, elles entendent être traitées comme des clientes privilégiées. C'est l'un des points forts de ce roman que de décrire les relations amour-dépit au sein d'une fratrie...

Le livre est entièrement écrit à la première personne, d'une écriture tellement dépouillée que l'on songe à l'Étranger de Camus. Comme Meursault, la narratrice subit les évènements sans paraître n'avoir sur eux aucune prise. L'hôtel se vide, se remplit, sans qu'elle n'ait vraiment d'impact sur sa fréquentation, car sa principale clientèle est constituée des différentes équipes qui vont se succéder pour un projet de ligne de chemin de fer: prospecteurs, géologues, ... Ce projet verra-t'il jamais le jour? Suspense, au coeur de ce marais hostile. On pense au désert des Tartares.

Le long monologue de la narratrice nous montre à merveille l'évolution de ses humeurs. L'abattement fait place à l'espoir, puis de nouveau à la tristesse; la grand-mère, qui lui a légué cet hôtel, est tantôt louée pour sa clairvoyance, tantôt décriée pour avoir décidé de le construire dans cet endroit isolé et malsain.

Bien entendu, la longue glissade de l'hôtel vers la décrépitude ne peut que faire écho à celle du vieillissement des trois femmes. La fin - que je ne dévoilerai pas - est implacable. Mais l'espoir n'en est pas tout à fait absent... Une réflexion presque métaphysique sur la vie. Bravo!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Grand-mère n'aurait jamais dû construire une façade tout en bois. Elle voulait que le Splendid ressemble à une de ces maisons coloniales dont elle admirait les reproductions dans ses albums. Mais le bois est de mauvaise qualité et mal adapté à cette région des marais. J'ai beau mettre toutes les sortes de produits pour lutter contre les maladies du bois, il y en a toujours une qui résiste aux produits. Cette fois, je suis inquiète. Le bois est tellement attaqué par endroits que je peux y enfoncer un doigt comme dans de l'éponge. C'est bien beau de réparer la tuyauterie comme je le fais, mais il faut aussi que les poutres tiennent, parce que les tuyaux sont accrochés aux poutres.
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Videos de Marie Redonnet (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Redonnet
A paraître aux éditions le Tripode le 4 janvier 2018.
https://le-tripode.net/livre/marie-redonnet/trio-pour-un-monde-egare

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