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sur 451 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 #14

Une rumeur qui court dans un campus américain. Qui dit qu'après une soirée très arrosée, Alice aurait été abusée sexuellement par deux étudiants qui s'en sont vantés le lendemain lors du debriefing matinal de la fête. Elle ne se souvient de rien mais il faudra vivre avec, se reconstruire en ignorant ce qui lui est arrivé. Est-ce que seulement cela lui est arrivé ?

Pour raconter le pouvoir dévastateur d'une rumeur, Kate Reed Petty choisit de construire son récit comme un étrange kaléidoscope, à l'image de la mémoire fragmentée d'Alice depuis le traumatisme subi. Alternent ainsi des scénarios de films écrits par Alice et sa meilleure amie Haley, des brouillons de lettres de candidatures universitaires, des lettres d'Alice à Haley, mais aussi des chapitres à la première personne faisant porter la voix d'Alice et de Nick ( un des amis des supposés agresseurs ) et des chapitres à la troisième personne pour proposer le point de vue masculin de Richard et Max, ceux qui auraient agressé Alice. le récit brouille audacieusement les pistes façon puzzle pour démêler le vrai du faux jusqu'à un final surprenant qui donnera la clef.

Cette audacieuse structure narrative pourrait n'être qu'un exercice de style, virtuose mais creux. Ce n'est absolument pas le cas. Si quelques longueurs m'ont fait perdre le fil, si le dispositif tient l'émotion quelque peu à distance, Kate Reed Petty décortique brillamment la mécanique de la rumeur en montrant comment elle prend forme et est reçue, comment elle détruit tout sur son passage, victime comme bourreaux supposés, colporteurs et entourage, comment elle hante tout ceux qui la côtoient quelle que soit leur position initiale. L'occasion également de dresser le portrait cruel du monde universitaire, avec ses codes, ses meutes, ses marginaux et une pression exercée au nom de la réussite.

Le plaisir de lecture a été très cérébral , lié à la maitrise formelle de ce premier roman troublant et addictif, qui se joue des genres en toute liberté ( très proche du thriller psychologique ) et tient le lecteur en haleine en bousculant ses certitudes, sur les thématiques graves de la culpabilité, du harcèlement, de la place que nous accordons à la vérité et du mensonge dans nos vies. Il m'a manqué cependant de vibrer aux diapasons des personnages pour que le roman laisse une empreinte forte, je suis restée trop en surplomb de l'intrigue.
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Roman très actuel au regard des sujets développés, « True story » évoque de façon particulièrement convaincante les ravages que peut entraîner une rumeur (qu'elle soit fondée ou non) sur sa victime mais également sur son entourage.

Alice, étudiante américaine à l'université, aurait été violée par deux garçons lors d'une soirée très arrosée. Alors que les deux agresseurs s'en seraient vantés le lendemain matin, elle n'en garde aucune réminiscence. Mais est-ce que l'agression a-t-elle vraiment eu lieu ?

Ce premier roman de Kate Reed Petty est très troublant et déstabilisant du fait de l'absence de souvenirs et par la forme adoptée choisie par l'autrice. Cette dernière ne se contente pas de narrer l'histoire par la voix d'Alice ou d'un autre protagoniste en particulier mais ajoute des projets de scénario écrits par Alice et sa meilleure amie, Haley, des lettres d'Alice, des chapitres évoqués par les violeurs présumés. Même les différentes pièces prennent un format différent du texte de l'histoire. Bref, c'est tout un puzzle qui est mis sur la table et qui ne se terminera que dans les toutes dernières pages.

Portrait passé au vitriol des campus universitaires américains, les émotions sont mises de côté pour se concentrer sur le phénomène destructeur de la rumeur et de ce qu'elle engendre.

Certaines longueurs dans le texte ont fait que je n'ai pas pu m'attacher aux personnages ou en ressentir de l'empathie. La multitude de « pièces jointes » a fait que j'ai gardé une certaine forme de détachement vis-à-vis de l'intrigue.

Ce fût une bonne lecture certes mais avec quelques petits écueils qui ont fait que ce livre n'a pas trouvé sa place dans mes coups de coeur du mois.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Quel livre singulier !

Eté 1999, Alice lors d'une soirée est ramenée chez elle par deux adolescents passablement alcoolisés. Elle ne garde aucun souvenir de ce trajet sur la banquette arrière de cette voiture et cependant une rumeur se répand comme une trainée de poudre. Alice va devoir dorénavant vivre avec ce trou noir dans sa vie, avec cette question lancinante de savoir ce qu'il s'est passé ce soir-là, si elle est une victime ou non...

Sur ce postulat de départ, l'auteur nous livre un récit éclaté, un véritable exercice de style où la narration se décline de diverses façons : lettres personnelles, lettres de candidature à l'université (et tous ses brouillons...), mails, scénarios, récit à la première personne, à la troisième personne, utilisation du "tu" pour le personnage se racontant, retranscriptions d'entretiens...etc... des variations de style parfois étonnantes. Mais Kate Reed Petty ne joue pas seulement sur cet axe-là, elle propose des changements de temporalité, un focus sur les différents protagonistes et leur point de vue, ce qui donne un récit caméléon étonnant où la vérité de chacun s'inscrit dans une pièce d'un puzzle qu'Alice tente de reconstruire petit à petit. Il y a une vraie maitrise dans l'agencement de l'histoire avec une fin particulièrement bien trouvée qui met en abîme tout le roman.

Le thème est profond et parfaitement exploité, difficulté de se construire, culpabilité, colère, passage à l'acte. La rumeur prend toute sa dimension dévastatrice. Et pourtant si je reconnais la force du message, l'ingéniosité du récit, l'originalité de la forme, si j'ai été happée par certains passages (la relation d'Alice et Q), il m'a manqué une dimension essentielle à mes yeux pour en faire une très bonne lecture, l'émotion. le récit déstructuré reste bien souvent froid, comme un récit mis à distance. Mais ce bémol très personnel mis à part, c'est une lecture très originale à découvrir.

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister.

Lien : https://chezbookinette.blogs..
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En cet été 1999 dans une petite ville américaine de Virginie, la vie s'écoule paisiblement pour les lycéens.
Entre les matches de l‘équipe de crosse du lycée public des garçons, les fêtes ou plutôt beuveries dans lesquelles l'alcool coule à flot, et les joints, leurs seules préoccupations sont les filles et leurs demandes de bourse pour l'université.
Oui mais voilà qu'au cours de l'une de leurs fêtes, Alice une jeune fille qu'ils ne connaissent pas et qui fréquente le lycée privé de la ville s'enivre à tel point que Richard et Max deux des garçons la raccompagnent chez elle alors qu'elle est inconsciente.
Et puis en retrouvant les autres, Richard et Max se vantent de ce qu'ils auraient fait à Alice.
Mais qu'ont-ils fait au juste ?
Et de quoi se souvient Alice ?
C'est alors que la rumeur va prendre de plus en plus d'importance et que la vie de tous va en être irrémédiablement bouleversée.
15 ans plus tard, Alice essaie de savoir ce qui s'est passé.
Mais que s'est-il réellement passé ce soir-là ?
Entre les points de vue des différents protagonistes, True Story essaie de démêler les différents écheveaux de cette histoire.
Lorsque la rumeur est plus forte que tout, comment trouver la vérité ?
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A l'arrière des berlines

(Plan séquence)
II bascule avec Suzy sur le grand lit de la suite en lui arrachant tous ses vêtements. La caméra se rapproche doucement de la jeune femme.
(Close-up sur ses yeux embrumés)
Au ralenti, les corps s'étreignent.
Désireux de masquer mon inexpérience, je récite toutes les postures du kamasoutra apprises consciencieusement :
(Split screen) le Crapaud, La Pieuvre, L'Enclume…
Tu te dis : oh là, là, j'assure grave !
(Fondu au blanc.)
Allongé alangui, tu te tournes vers Suzy pantelante : alors heureuse ? dis-tu.
- …c'est que, vois-tu…
Tu sens le danger, le reproche.
- c'était pas mal, dit-elle, mais c'était peut-être un peu too much, non ?
Et là, elle parle de sentiments, d'oubli des performances…
- tu sais, parfois, moins, c'est mieux !
(Fondu au noir)

Eh oui, en amour comme dans l'écriture, multiplier les positions ne suffit pas toujours.
Kate Reed a construit son récit comme un patchwork, un kaléidoscope, utilisant divers procédés : récits directs, rapportés, dialogues imaginaires, extraits de lettres, de scénarios de films, de fausses-pistes, variations de points de vue…Jusqu'au dénouement qui donne la clef de l'ensemble.
Ce faisant, elle a créé une oeuvre assez originale et plutôt prenante. On devine qu'elle a voulu reconstruire le trouble d'Alice, qui cherche depuis des années, à comprendre ce qui a pu lui arriver sur la banquette arrière quand deux garçons l'ont ramenée chez elle, dans un état d'ébriété poussé.

C'est techniquement irréprochable, mais la performance masque un peu le sentiment et perd le lecteur (d'ailleurs, à lire certains commentaires sur Babelio, des lecteurs ont loupé des éléments). J'avoue pour ma part, avoir survolé rapidement certaines parties un peu ennuyeuses.

Dommage car ce roman à la traduction impeccable est proche de quelque chose de grand.
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Je n'avais pas particulièrement envie de lire un énième ouvrage contemporain sur le thème des agressions sexuelles, mais j'ai tenté le coup avec True Story, qui s'avère une excellente surprise.

En 1999, au terme d'une fête, deux adolescents ramènent chez elle une jeune fille complètement ivre et inconsciente. Plus tard, les garçons se targuent stupidement d'avoir profité d'elle. La rumeur se propage comme une traînée de poudre. La jeune fille ne se souvient de rien, mais son traumatisme n'en est pas moindre. Pendant une quinzaine d'années, nous suivons les acteurs de ce drame, principalement à travers les récits de la victime, Alice, et d'un témoin indirect, Nick, un ami des accusés.

Il s'agit du premier roman de Reed Petty, mûri puis écrit sur une période de dix ans. L'autrice mêle habilement les styles et les types de narration et manifestement elle sait comment raconter une histoire. Chacune des cinq parties du roman pourrait se suffire à elle-même, comme une nouvelle, mais tous les morceaux s'emboîtent parfaitement. Une réflexion sur l'air du temps, mais aussi sur le processus de création littéraire. Un page-turner ingénieux et abouti. Devrons-nous attendre dix ans avant de lire le deuxième roman de l'autrice, comme avec Donna Tartt? J'espère que non, mais parfois il faut le temps qu'il faut.
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« True story » est le roman d'une rumeur concernant une agression sexuelle qui se serait déroulée à l'arrière d'une voiture, perpétrée par deux étudiants sur une jeune fille prénommée Alice. Les deux garçons concernés par cette affaire, très populaires au sein de leur équipe de Lacrosse se vantent d'avoir abusé d'elle. Alice se retrouve alors montrée du doigt, moquée, parfois défendue, mais elle est surtout totalement perdue, car elle ne se souvient de rien. Que s'est-il réellement passé dans cette voiture ? Sur une période de 15 ans, et à travers de nombreux supports narratifs différents, Kate Reed Petty retrace les tranches de vie de ses protagonistes concernés par la rumeur, mais aussi celles de personnages satellites impliqués de près ou de loin dans cette affaire. Dans notre société, et dans les écoles américaines (puisque c'est ici le lieu de l'action), les affaires de viol sont rapidement étouffées, surtout lorsqu'elles mettent en cause des garçons sportivement doués et promis à de brillantes carrières, ou carrément tues.L'auteur s'efforce de dénoncer cette « culture du viol » dans les lycées, ces attitudes qui normalisent ou encouragent le viol. Sa manière de le faire est singulière.D'abord, elle utilise un schéma narratif peu commun en utilisant tous les « genres » littéraires à sa disposition. Ainsi, vous trouverez par exemple dans « True Story » une partie du récit flirtant avec du fantastique, des brouillons de candidature pour entrer à l'université, des morceaux de pièces de théâtre écrites durant l'adolescence. L'auteur joue avec les temps, les lieux, les personnages et les styles. Cet assemblage de genres narratifs qui peuvent laisser le lecteur un peu perplexe durant la lecture finit par créer un vaste patchwork. Une fois les pièces assemblées, le lecteur entrevoit, petit à petit, ce qui se rapproche le plus de la tangibilité des faits laissés d'abord à sa libre appréciation, puis de l'authenticité des conduites pour aboutir à LA vérité crue et sans fard.

Kate Reed Petty emmène progressivement son lecteur vers la réponse à la question suivante « Que s'est-il réellement passé ce soir-là ? » en utilisant un espace-temps d'environ 15 ans durant lequel le lecteur découvre ce que sont devenus les protagonistes. Elle exploite le sujet de différents points de vue : la façon dont on se voit, la façon dont les autres nous perçoivent, les choses dont on se persuade soi-même et ce que les autres disent de nous. Toutes ces « stories » nous définissent et sont susceptibles de changer notre futur. (C'est l'auteur qui exprime son point de vue dans une interview et je reprends ici ses propos pour expliciter mon ressenti) La fin du roman, ce moment tant attendu où enfin toutes les pièces du patchwork sont assemblées en est d'ailleurs un magistral exemple. Dans les affaires de viol, ici sur campus, chaque membre de la communauté a un rôle à jouer. Il doit porter sa part de responsabilité pour secourir une victime potentielle ou en protéger une autre. Lorsqu'un maillon de cette chaîne est défaillant, c'est toute la chaîne qui s'écroule. On ne sait plus distinguer le vrai du faux. Or, dans cette affaire, les apparences sont trompeuses. Les garçons considèrent ce qu'ils ont fait comme un faire-valoir, Alice ne peut qu'avoir honte lorsque l'école entière la considère comme une fille facile. Haley, son amie, en prenant sa défense est elle aussi harcelée, presque considérée comme une folle hystérique, féministe à outrance.

J'ai beaucoup aimé le mélange des genres dans ce roman, même si j'avoue avoir été songeuse sur le chemin pris par l'auteur, m'interrogeant sur ce qu'elle cherchait à nous dire, comment elle nous le disait, pour quelle finalité. Pour parvenir à assembler toutes les pièces du puzzle, il faut lire le roman jusqu'au bout. Je dois dire que la fin m'a scotchée (et il en faut pour réussir encore à me surprendre !) et que forte d'avoir toutes les cartes désormais en main, j'aurais pu recommencer ma lecture du début pour rechercher les indices laissés délibérément par l'auteur. Oui, dans cette lecture, il faut rester zen et savoir se laisser porter. Ne pas chercher à tout comprendre, tout de suite. Patiemment écouter ce que cherche à nous dire l'auteur, la laisser nous emmener jusqu'au bout du chemin. Cela prend un peu de temps et d'indulgence, mais le final en vaut la peine. J'ai particulièrement apprécié la partie sur les dissertations écrites par Alice pour ses candidatures dans diverses universités. le sujet était d'écrire à propos d'une « expérience importante qui a eu un impact sur moi ». Alice doit donc parler d'elle et ce n'est pas si aisé. Cette partie, précisément, engage l'avis du lecteur sur ce qui est écrit. Ainsi, il donne silencieusement son avis sur le texte, devient partie prenante de l'exercice et c'est par ce biais que l'auteur permet au lecteur de plonger intégralement dans l'existence d'Alice. Alice est passionnée de films d'horreur (évocation du « silence des agneaux ») et l'une des pistes envisagées pour parler d'elle est de parler de cette passion. le résultat des nombreux brouillons qu'elle produit, et des commentaires de sa professeur est passionnant.

« True Story » est un texte exigeant parce que le récit a l'air de partir dans tous les sens. Or, l'auteur sait exactement où elle va. Comment se construire après une rumeur ? Dans quelle mesure cette rumeur nous définit-elle ? Peut-elle orienter notre avenir ? Un premier roman magnétique et audacieux.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Uh.

(je m'ai pas pris beaucoup de patates dans le bide dans ma vie mais je me rappelle que ça fait à peu près ce bruit/cette sensation là…)

Alors ça minou.e, ce True Story, ça relève du championnat des romans les plus intelligents à lire selon moi si t'as envie d'un avis.

Parce qu'au delà de mettre en avant la banalisation de la culture du viol, de mettre la tête de ses lecteurs dans leur propre merde (je parle de moi là, ça fait son petit effet Les Crocodiles de Mathieu Thomas si tu te rappelles…), Kate Reed Petty construit son histoire en te donnant elle-même des pistes à chaque début de chapitre sur sa façon d'écrire.

C'est un peu comme Tarantino quand il nourrit ses films d'ingrédients pour que les fans de cinéma se fassent brosser dans le bon sens du poil, à reconnaitre des techniques, des éléments de décors, des dialogues, des clins d'oeil qui flattent les connaissances en matière de cinéma.

Kate Reed Petty fait exactement la même chose dans True Story. Dès le départ les gosses se foutent de la gueule de Bill Clinton ; l'histoire se déroule en 99, on est en plein procès Monica Lewinsky, à débattre à droite et à gauche sur qui à raison sans se préoccuper de l'état de la victime ni de son impact sur sa vie. C'est le propos même de True Story.

La meilleure amie d'Alice est fan de Scream et va voir le 3e volet avec son prétendant (qui est aussi le narrateur de la première partie du roman) ; plus tard ce même narrateur est en plein délire psychotique façon slasher et permet d'éclaircir sur beaucoup d'éléments nécessaires à la compréhension qui se planquent sous le roman.

J'ai adoré. Franchement je hurle ; c'est soigné, méticuleux, ça a beau te faire baisser la tête en mode « putain je suis vraiment un connard » pour tous les exemples de bienveillance toxique (ou de malveillance non assumée).

Ce roman est à lire absolument.

Je jure (cette fin est 🤯👌)

Et j'aime beaucoup le travail de traduction de l'🇺🇸 par Jacques Mailhos, ça fonctionne à merveille ici (rien que pour les références culturelles qui sont absolument pas foirées)

See ya !

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Tout a été dit sur la construction astucieuse de ce roman qui croise différentes voix et différents supports d'écriture, avec une certaine habilité.
Mais ce qui retient davantage mon attention, plus encore que le thème de la rumeur mis en avant dans les critiques , c'est celui de la dénonciation de la culture du viol qui sévit sur les campus américains.

Ainsi le discours glaçant du coach sportif qui convoque Nick lorsque le scandale éclate :" le coach parlait de nos week-ends, et il dit que ce que nous faisions le vendredi soir après les matchs, ca nous regardait. Les garçons, c'est les garçons dit-il. Puis il rit pour lui-même et regarda le plafond. Crois-moi, je sais ce que c'est qu'être un garçon ". Et d'ajouter que le problème n'est pas ce qui arrive à la jeune fille, mais ce qui risque de ternir la réputation de l'équipe.

Tout est dit : lorsque l'on est un garçon, on doit se comporter en garçon et donc avoir une attitude sexuelle agressive. Et ceux qui, comme Richard ou Nick, n'adoptent pas d'emblée cette posture sont moqués et humiliés.
Autre paramètre de cette culture du viol, la fille est jugée responsable de ce qui lui arrive. Nick va jusqu'à s'insurger :" Ils allaient s'en prendre à nous parce qu'elle était sortie avec deux gars ? Ils voulaient nous punir, nous, parce qu'elle buvait trop, parce qu'elle était facile ? Alors qu'il y avait des putains de tonnes de gars qui faisaient ce genre de truc tous les jours de la semaine. "

Toutes les cases sont cochées et la vie d'une jeune fille est détruite. de tentative de suicide en dépressions et en relations toxiques, les tentatives de prendre le contrôle sur son histoire, démontrent bien que pour Alice, peu importe que le viol ait réellement eu lieu mais ce qui compte, c'est que ce viol ait été rendu possible par le contexte.

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La première idée qui me vient à l'esprit au moment de partager mon ressenti, c'est que la construction est particulièrement atypique et originale.
Rien que pour cette raison, le roman mérite que l'on s'y arrête.
Personnellement, j 'ai beaucoup aimé. Certes, certains chapitres m'ont beaucoup plus interpellée que d'autres, mais globalement l'ensemble est réussi.

Une écriture diversifiée donc, avec des chapitres écrits sous forme de roman épistolaire, des chapitres à la prose "classique", des extraits de pièces de théâtre écrits par les héroïnes durant leur enfance...D'ailleurs qui est vraiment l'héroïne dans l'histoire ? Y a t-il seulement une héroïne ? Il y a une victime, c'est certain. Victime d'un viol ? Pas sûr...victime d'une rumeur, il n'y a pas de doute.

Si la quatrième de couverture laisse à penser que le roman se consacre au personnage d'Alice, ce n'est pas toujours le cas.

J 'ai beaucoup aimé le chapitre consacré à Nick. Outre le fait qu'il y règne un climat angoissant, les ravages de l'alcool sont particulièrement bien exposés.

Un roman qui fait réfléchir aux conséquences qui peuvent découler d'un moment d'égarement et d'oubli, un roman qui est également un véritable plaidoyer contre l'alcool.

Car il ne faut pas oublier que la rumeur naît d'une soirée bien arrosée...








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