Merci à Babelio et aux Editions Robert Laffont pour «
Fermer les yeux » d'
Antoine Renand. (Un confinement étant passé par là, j'ai reçu le roman 2 mois plus tard que prévu. Mais il a fini par arriver et cela vaut bien un chaleureux remerciement).
L'histoire se situe entre l'Ardèche et l'Ain. Trois personnes vont s'unir pour retrouver un tueur en série et ainsi, innocenter un homme en prison depuis quinze ans : Dominique Tassi, un gendarme à la retraite, Nathan, un jeune écrivain qui interview des tueurs en série et Emma, une jeune avocate.
J'avoue que, durant ma lecture, je me suis trop attachée aux défauts de ce roman, tant sur la forme que sur le fond, pour vraiment réussir à accrocher. Dès les premières pages, je n'ai pas réussi à
fermer les yeux (oui, facile) sur l'écriture qui un peu trop basique à mon goût. Les personnages, en plus d'être relativement convenus, manquaient de profondeur. La pointe de la plume, selon moi, n'était pas assez fine pour dessiner plus les détails, les contours et les ombres. Cela ajouté à l'intrigue, cela avait un arrière-goût des séries policières régionales et on aurait pu titrer « Meurtres mystérieux en Ardèche ». Au programme, la chasse à un violent prédateur, agrémentée de quelques moments de romance (l'attirance sans surprise entre deux des personnages). Il serait utile de notifier que, compte tenu des scènes de violence, l'histoire qui va suivre est réservée à un public/lecteur averti.
Le scénario et certaines situations m'ont fait souvent tiquer ou hausser le sourcil, par facilité ou manque de crédibilité… Pour qu'un polar ou thriller me tienne en haleine, que je m'enthousiasme pour une histoire, il ne suffit pas d'une intrigue originale ou des plus ténébreuses, d'un thème sociétal qui m'intéresse ou encore d'actions et d'adrénaline qui montent en crescendo au fil des pages au point d'avoir le rythme cardiaque qui s'emballe et défaille. Non, le style d'écriture est probablement la condition sine qua none pour permettre une fluidité de lecture, sans trop de soubresauts désagréables et pour trouver également de l'intérêt pour les personnages et ainsi, m'attacher à eux.
Malheureusement, gênée par le style, je suis restée à distance, sans réussir à m'y plonger, m'arrêtant plus sur les dialogues manquant de souffle, les mots employés et la technique utilisée.
De petites histoires ou flash-backs s'insinuent dans l'histoire principale. Technique qui permet de peaufiner les traits de caractères des trois personnages, tout en parsemant les pages, çà et là (et de bien entendu) d'un peu d'hémoglobine et de violence, pour satisfaire les âmes en mal de frisson.
Les évènements ne collent pas toujours ni à ce qu'on suppose/connaît d'une enquête policière ni aux caractères des personnages dépeints : les énormes défaillances de l'enquête de base menée par les gendarmes dont Tassi. Ce dernier, alcoolique et cancéreux, hanté par la mort de sa fille, qui va avoir la force de courser quelques méchants. Nathan, la trentaine et quasi imberbe, qui a déjà réussi à interviewer 16 tueurs en série et les faire parler (Dixit : « Racontez-moi, ça m'intéresse »). Oubliant ses phobies et tocs liés à un traumatisme des plus trashs dans son enfance (il n'a pas de chance non plus), il va même être capable, sans prévenir personne, quasi la fleur aux dents, revêtant la tenue du super flic valeureux, d'aller seul aux devants d'embrouilles des plus risquées. L'avocate Emma est plutôt secondaire, mais elle est belle et intelligente, et malgré la pression et le surcroit de travail liés au procès en cours, elle va entamer tout de même une relation amoureuse. On ne lui en demande pas plus à cette belle Emma.
L'auteur Renand, en fin de roman, lors des remerciements, explique que cette histoire était à la base un scénario écrit il y a quinze ans (soit à l'âge de 25 ans environ) et retouchée depuis. Cela peut expliquer les faiblesses de ce roman et je devrais être plus indulgente.
J'avoue ne pas avoir encore compris les raisons de cet emballement quasi collectif. Décidément j'ai dû passer à côté. Décidément je l'ai trop attendu, j'en ai trop attendu. (Peut-être ai-je dépassé mon quota de romans policiers et thrillers).
Au fur et à mesure des jours de confinement, alors que je guettais le facteur, je voyais le nombre de lecteurs de ce roman augmenter. Un peu envieuse, un peu frustrée de ne pas faire partie de ceux-là. Je fantasmais déjà sur ce moment de lecture (tout plaisir et évasion étaient bons à prendre pendant cette période particulière).
Une fois le déconfinement arrivé, j'eus l'agréable surprise de voir dans ma boîte aux lettres cette grosse enveloppe que je n'espérais plus… J'ai délaissé mes lectures en cours, impatiente de découvrir ce roman policier de ce nouvel auteur et de lâcher un ‘'wouahh'' de contentement… Mais, je l'ai attendu, attendu mais le plaisir ni les émotions ne sont pas venus. Je l'ai tant attendu que j'en ai peut-être été plus déçue.
Non pas que ce roman policier soit dépourvu de qualités (il suffit de lire la majorité des billets pour le comprendre). Arrivée aux 2/3 du roman, il est vrai que l'action et les rebondissements m'ont un peu plus intéressée. Mais arrivé aux dernières pages, j'ai dévissé… Je n'étais pas montée très haut, certes, mais quand même, ça fait un peu mal.
Le final (c'est-à-dire l'explication d'un bon nombre de haussements de sourcils face aux scènes et comportements incongrus au cours de l'enquête) ne tenait que sur sept pages (et deux principalement). Et au risque de spoiler encore un peu, je me permets de citer le commentaire d'un des protagonistes : « C'est une histoire abracadabrante »… Je n'aurais pas dit mieux.
La « clé de l'énigme » aurait mérité d'être plus détaillée pour être convaincante. Peut-être n'aurais-je pas alors refermé ce roman avec une pointe d'agacement. C'était comme si on recollait tous les morceaux d'un vase les uns aux autres pour obtenir un truc qui ne ressemble pas à un ersatz de vase mais qu'on devait s'en contenter. C'était comme si Poirot réunissait tous les suspects liés à l'enquête, la tension se lisant sur certains visages, et que regardant l'heure, il énonçait, tout de go, en pointant du doigt : « C'est vous,
Colonel Moutarde, avec le chandelier, par pure jalousie ! ». Sur ce, il les laissait, tous médusés, pour aller déjeuner. Rideau…. (J'abuserais en ajoutant : d'autant plus médusés qu'il n'y avait pas de
Colonel Moutarde dans la salle ni dans l'histoire).
J'exagère bien sûr mais j'avoue ma déception et ma frustration à ne pas faire partie de la grande majorité qui ont encensé ce thriller (et à me retrouver dans la catégorie des rares pinailleurs de service). Peut-être qu'aujourd'hui, avec quelques années d'écriture, d'expérience et de maturité (même en relations amoureuses),
Antoine Renand réussirait à m'embarquer plus aisément dans son récit. Je vous laisse en juger par vous-même avec son second roman « Empathie » (édité en 1er). Je crois que, pour ma part, avec les impairs et les manques de «
Fermer les yeux », je passe.