Dans l'oeil de la tempête

Le charme d'un livre qui dévore l'imprévisible. Une fresque contemporaine, sensible et réaliste. Une immersion sociétale, juste et implacable. Les tragédies « Dans l'oeil de la tempête ». le roman se situe en Amérique à Chicago. L'histoire dépasse les frontières et les océans. Elle pourrait être sur le rebord de nos fenêtres, entre nos murs et nos coeurs.
Témoin critique de notre monde, Clémence Renard, observe avec attention, les trois protagonistes principaux.
Céleste, une jeune fille en proie à la folie de son père, pervers et fou amoureux de sa propre fille.
Anthony qui sombre dans l'addiction technologique. Compte les battements de son coeur au rythme des messages reçus avec des petits coeurs pour toile de fond.
Suzanne piégée par son mari, complètement embrigadé dans une communauté évangélique.
Nous les suivons comme notre ombre. le récit est de pluie et d'authenticité. Les sentiments vifs, exacerbés, contrôlés par la main de maître de Clémence Renard.
Les croisements sont des miscellanées, des fulgurances de nos troubles sociologiques. L'ère moderne attise l'oeil de la tempête. Souffrir pour mieux se relever. S'émanciper pour atteindre la voie. Personnages si vivants, dans un huis-clos où chacun (e) se heurte à ses propres turbulences.
Céleste, dont l'amie Zoé sera son sauveur. L'amitié soupape, contre les risques d'un père paranoïaque qui filme sa fille jour et nuit en cachette ou pas. Il pense côtoyer sa femme décédée. le transfert malsain est une détonation. Céleste étouffe, ploie comme le roseau, pétrie d'angoisses et de souffrances. le tête à tête avec son père machiavélique devient un tsunami. le vent s'engouffre sur son corps frêle d'adolescente, jusqu'au jour où.
« Mr F. sort la caméra de son sac à dos. Céleste ne l'avait pas vu l'emporter. Gros plan yeux et visage ».
« Bon, bon, allez, ça suffit. Mais je t'aime, ma grande. Si tu savais comme je t ‘aime. Dis-moi que tu le sais, tu le sais, hein, que je t'aime ? Sans toi, je n'ai plus rien. C'est bien simple, je n'ai plus rien ».
Céleste est le rocher de Sisyphe. Une danseuse étoile dans le sombre de ses jours. On admire ses courages et la montée des eaux qu'elle retient au creux de ses mains coquilles et guerrières. La caméra premier signal d'une tempête dévorée par les authenticités.
Anthony est un garçon fragile et solitaire, courbé sous les affres d'une quête d'identité. Il se percute contre ses déboires amoureux. Il a le complexe de l'Albatros, il se prend les pieds (ailes) dans le tapis. Son allié, son téléphone, son ordinateur, sa puissance virtuelle contre ses échecs amoureux. C'est un anti-héros lisse et effacé qui frôle les murs et ne tient qu'au fil de j'aime sur son profil. Les réseaux sont son double, la traversée du miroir. Hyperconnecté, sa mère fuyante et absente, il est une brebis égarée en plein courant d'air, dans l'oeil d'une tempête qui va tout bousculer. « Un incel » comme le dit la quatrième de couverture. Un jeune homme qui n'a en main qu'un as de pique. Un être perdu dans les méandres flous d'une émancipation impossible. Les relations virtuelles sont à l'instar d'un frigo vide. Il se pressent affamé, mais persiste dans son addictologie virtuelle. Jusqu'à quelle avancée de la tempête résistera-t-il ?
Suzanne. Ah ! Suzanne, celle dont la vie est réglée comme une horloge. Ou plutôt au rythme d'une maison connectée à outrance. Figée dans un conformisme au paroxysme avéré, elle est embrigadée, elle aussi. Ses sentiments comme ceux de Céleste et Anthony dévorés, tous, par une société virtuelle. Son mari est membre (elle aussi), d'une communauté évangélique. Il est sous emprise mentale. Ne pense qu'à agir en fonction de cette dernière. Suzanne, mère au foyer, humiliée et ignorée, pressent l'heure d'un vent violent. Les rouages s'affolent. Son coeur bat la chamade. Elle est prisonnière dans une cage dorée qui vole dans tous les sens. Les courants d'air comme des soupapes de sécurité. Elle comprend, réagit et fuit. Tant son mari est un bloc d'une religiosité malsaine. Il va se marier avec sa fille. Un rituel digne d'un conte incestueux. le gourou a frappé. Mais dans ce récit, il y a aussi des belles envolées de tendresse, d'amitiés, des chasses aux éclairs, l'oeil du cyclone photographié en instantané, comme une rédemption. On aime se serrer au chaud entre Suzanne et Kyle dont je ne dirai rien.
Lisez ce livre ! Sensible, perspicace, terriblement humain. Magistral, poignant, un premier roman qui dépasse largement ses grands frères. Un antidote aux addictions psychologiques. Publié par les majeures Éditions Fugue.

« La force, c'est de savoir qu'elle peut être là ou partir. Rien ne la contraint plus, elle fait ce qu'elle veut. Céleste. La file qui remonte le chemin du vent. le chemin qui l'habite. le vent puissant du Sud, elle l'affronte à contre-courant. Elle est le produit des regards qui tuent, des mots écorchés, elle est celle qu'on a voulu saigner. Elle a vacillé, exsangue. Aujourd'hui, elle se tient bien droite. Elle a traversé une tempête et l'a mangée, avalée, l'ouragan est planté là, profond dans son gosier. Elle est revenue pour la faire exploser, pour la faire accoucher, cette tempête. Secouer les morts, déterrer les fantômes. Plus fort. »

Dans l'oeil de la tempête, Clémence Renard @clementiagoupil @editions_fugue #rentreelitteraire

Avis de tempête!

Elle se lève sur Chicago, prête à tout dévaster… arrachant, emportant, semant chaos et désolation…

Mais la tempête n'est pas que naturelle, elle se lève aussi au coeur des gens, elle répand sa lave, de la même manière…au plus profond de l'âme des protagonistes!

Avis de premier roman captivant!

L'autrice a le talent de créer une atmosphère prenante peu à peu… elle l'installe progressivement, en présentant ses personnages principaux, tour à tour, Céleste, Anthony, Suzanne…

Qu'est-ce qui les unit? Leurs fêlures? Leurs blessures?

La psychologie de chacun est présentée, étudiée… une grande part est donnée à la vie intérieure, aux réflexions personnelles…

C'est un roman profond qui met en scène différents aspects de la société actuelle, que ce soit la place des réseaux sociaux, les relations inter-familiales, la recherche d'un partenaire, les incels, la place déviante que peut prendre la religion…

« Il fallait, chaque jour, accomplir la tâche que Dieu faisait peser sur chacun. Suzanne exécutait ce qu'on attendait d'elle. Pas par complaisance, mais parce que c'était la juste chose à faire. de là viendraient son salut et sa tranquillité d'esprit. »

Je ne souhaite pas en révéler davantage des thèmes abordés car ce roman se découvre au fil des pages et délivre son message, lentement…

La tempête extérieure évolue au diapason des émotions que l'on voit croître en chacun des personnages et symbolise leur lutte intérieure, le déferlement des sentiments…

Ce livre, d'une grande richesse, offre un miroir brisé de notre société, brisé sur ses écueils et ses désillusions…

« Elle allait désinstaller Tinder fissa et ne plus espérer rencontrer qui que ce soit sur cette plateforme putride. »

Avis de déferlement! de tempête, de sentiments, de désenchantement!

La lecture de l'oeil de la tempête me laisse un sentiment assez mitigé. L'autrice nous plonge dans la vie de trois personnages singuliers qui doivent affronter leurs difficultés personnelles tandis qu'une tempête s'annonce à Chicago. Clémence Renard parvient très bien à retranscrire les réflexions de ses personnages et à nous faire entrer dans leur tête. J'ai également apprécié la transition entre les deux premiers points de vue. Ceci dit, les autres transitions étaient moins bien amenées et j'ai eu du mal à faire un parallèle entre les trois histoires qui nous sont racontées. Céleste est un personnage touchant et attachant qui a vécu des choses affreuses et avec qui on ne peut que compatir. A côté, Anthony est tellement abject que je n'ai pu ressentir aucune empathie pour lui et Suzanne est un peu transparente. J'ai eu du mal avec l'idée de les mettre sur le même plan. Et encore plus de mal à comprendre où l'autrice voulait en venir avec ce roman. Si j'ai apprécié les histoires qui nous étaient racontées et que je ne me suis jamais vraiment ennuyée pendant ma lecture, j'ai trouvé qu'elles n'étaient pas complètement abouties et je suis restée sur ma faim. Quant à l'écriture, je l'ai également trouvé un peu inégale. Il y avait de beaux passages et d'autres un peu simplistes et crus. Ce changement de style se prêtait parfois à l'histoire et parfois un peu moins.

Ce que j'ai le plus apprécié dans ma lecture c'est la plume de Clémence Renard. L'écriture est à la fois fluide et poétique avec ses figures de style qui n'alourdissent pas le style et servent l'histoire.

Ce roman chorale prend le temps d'explorer la psychologie de chacun de ces trois personnages avec leurs fragilités. L'événement redouté tout le long du récit et commun aux protagoniste c'est la tempête qui reste en fond. Plusieurs clins d'oeil à l'oeil, c'est le cas de le dire !

J'ai bien aimé cette lecture, cependant je n'ai pas été totalement immergée dans l'histoire par le style d'écriture très beau mais de ce fait moins ancré dans la réalité.

Ce fût tout de même une belle découverte !

J'ai vraiment bien aimé ce livre, sûrement un livre que je n'aurais pas Lu de moi-même et à tort car le style d'écriture était vraiment incroyable avec des personnages vraiment bien écrits et des liens entre tous ce qui rend l'histoire de plus en plus entraînante. Au global le livre était vraiment une découverte que j'ai bien aimé, avec des personnages repoussant comme attachant. Je dirais que le point négatif était sur l'histoire de Céleste qui je trouve par moment n'avance pas assez et reste trop dans le passé. Mais lisez le ! Il en vaut vraiment la peine !