On se souvient de ce thriller frileusement érotique avec
Sharon Stone qui surfait avec un opportunisme crasse sur le succès de Basic Instinct. Pour les "auteurs", la seule présence de la star déculottée suffirait à faire du métrage un succès.
Pas De bol, ce fut un flop, alors que le matériau d'origine, le court roman de
Ira Levin donc, proposait une vision très intéressante sur la notion de voyeurisme, à travers le prisme de la télévision.
Visionnaire,
Ira Levin l'est certainement (ce que Chuck Palanhiuk défend par ailleurs), et ce récit, un peu moins de dix ans avant Loft Story en France et le doigt dans un engrenage infini, prouve à quel point l'auteur a vu venir le danger de la vie privée rendue publique à travers l'oeil torve de caméras plus ou moins planquées. C'est le point fort du roman, global, l'idée centrale au coeur.
Malheureusement, et là ce sera très subjectif,
Sliver aurait pu bénéficier d'un développement plus profond, plus complexe, plus fouillé, pour donner du poids à la caractérisation du danger. La tentation de l'érotisme est franchie de manière frigide, quand le film s'y est engouffré à bras raccourcis, alors que pour le coup, rendre le lecteur complice aurait été pertinent, et perturbant.
On reste un peu extérieur a cette narration, pourtant bien menée, jusqu'à un dénouement au parti pris surprenant, guidé par une dernière image essentiellement symbolique, qui peut laisser de marbre.
On reste sur un sentiment d'incomplétude, malgré une sympathie évidente.