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EAN : 9782913904064
111 pages
La Chambre d’échos (04/04/2000)
4/5   2 notes
Résumé :
Un éclairage oblique, rasant, porté sur l’enfant Genet, gosse de l’Assistance, « petit Paris » placé chez des villageois d’Alligny-en-Morvan. L’auteur traque l’ombre du poète dans la vieille bâtisse où celui-ci passa son enfance. Dans les herbes des prairies qu’il foule à son. tour, il en révèle l’empreinte. Il réveille les souvenirs des vieux du village et raconte non seulement l’enfant, mais le vieil homme revenu, brièvement, peu avant sa mort.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'enfance de Jean Genet fut-elle ce long fleuve tranquille que le romancier avance, personnellement j'en doute. La soeur de Rimbaud et le mari de cette dernière nous avaient déjà fait passer la vessie d'Arthur Rimbaud pour une lanterne éclairant le chemin vers Dieu, certes on n'en est pas là ici mais il semble quand même que cette enfance à Alligny-en-Morvan ne fut pas aussi aseptisée que cela, même si effectivement elle se fit dans une famille d'accueil affectueuse.

Jean Genet est né fin 1910 et il arrive à quelques mois chez la famille Régnier, petits artisans du village d'Alligny-en-Morvan qui compte alors de près de 1 900 habitants qui est composé d'une trentaine de hameaux. La Grande Guerre porte un sacré coup à sa démographie puisque, entre le recensement de 1911 et celui de 1921, il y a une perte d'un quart de personnes.

Je n'ai aucun goût pour le voyeurisme mais de ses émois homosexuels et de son premier vol à dix ans, on n'apprendra rien. Je cherchais des clés pour comprendre Jean Genet s'était retrouvé à Mettray, une colonie pénitentiaire que je connais bien (de l'extérieur, je précise). La seule piste qui m'est offerte est qu'il vit mal de ne pas aller à l'École primaire supérieure de Corbigny, d'après l'auteur mais il rêvait d'ailleurs peut-être du lycée de Nevers.

Il devra attendre un an pour intégrer une formation de typographe dans l'École D'Alembert à Montévrain en Seine-et-Marne. Vu ses résultats en français et le fait que l'on n'a pas manqué de rapporter son goût pour la lecture d'autre part une formation artistique de très bon niveau y était offerte. C'est un bon choix et si on l'a envoyé là c'est qu'il avait déjà fait des bêtises dans son village nivernais.

Mon grand-père, également brillamment reçu au certificat d'études quelques années avant Jean Genet s'est vu offrir par l'Assistance publique un destin de métayer. Quoique frustré, il n'est pas passé par la case colonie pénitentiaire de Mettray. de ce destin, il n'est sorti que du fait de l'hécatombe en hommes durant la Grande Guerre. Ce malheur lui a permis de présenter un concours aux Ponts-et-chaussées et de grimper dans les responsabilités. Voilà d'où je parle, comme on dirait.

L'asociabilité précoce de Jean Genet non seulement n'est pas expliquée mais est gommée. On est ici plutôt dans la lignée du titre Saint-Genet, comédien et martyr de Jean-Paul Sartre dont on connaît plus les engagements d'après-guerre que la clairvoyance historique sous L'Occupation et plus tard.

L'ouvrage s'appuie sur les écrits des romans de Jean Genet, je ne suis pas sûr que l'auteur ait consulté le dossier de l'Assistance publique de Jean Genet à qui sa mère a donné un patronyme. Rappelons que certains enfants naissaient de père et mère inconnus. On gagnera à lire l'article d'un historien qui s'est sérieusement penché sur l'avenir des enfants confiés à l'Assistance publique. Je ne suis pas sûr que Jean-Pierre Renault est lu d'Ivan Jablonka le livre "Les Vérités inavouables de Jean Genet" sorti en 2004 chez Seuil. Un compte-rendu en est paru dans le numéro de la revue L'Histoire daté janvier 2005 et portant le numéro 294. Voir aussi https://laviedesidees.fr/Retrouver-Genet.html et au sujet du Musée des nourrices et des enfants de l'Assistance publique se situe au coeur du village, justement d'Alligny-en-Morvan, se reporter à https://laviedesidees.fr/Retrouver-Genet.html

Je n'ai pas noté la page, mais il me semble que l'on parle à un moment de la SEITA dont la création ne remonte qu'à 1926. Soyons clair: je pense comme une certaine chaîne payante que la fiction peut servir à mieux éclaire L Histoire. J'ai trouvé qu'ici ce n'était guère le cas.
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L'enfance de jean Genet, ce sont les arbres et les collines, les chemins et les prairies. La vieille maison de Génie, et les odeurs de campagne et de cuisine. Ce sont aussi les mots, les mots lus, les mots écrits, l'envie d'apprendre qu'il devra oublier, puisqu'il n'ira pas au delà du certif.
Je connais mal l'oeuvre de Jean Genet, mais ce remarquable travail d'écriture de Jean-Pierre Renault, tout en poésie, m'a donné envie de la découvrir, d'y rechercher l'enfant qu'il était, l'homme qu'il est devenu, que l'on devine ici dans ce personnage âgé qui revient sur les traces de son enfance.
Merci à " La chambre d'échos" et à Babelio de m'avoir fait toucher à travers ce livre, ce que peut être aussi la résilience.
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C'est en voulant approfondir, l'histoire du Morvan, laiterie de paris, lieu d'accueil des orphelins de la République, que je suis venue à ce livre.
Finalement, de cet aspect, je n'ai pas découvert beaucoup de choses : que Genet est arrivé bébé à sept mois confié à sa famille adoptive et qu'il en est retiré à 13 ans et 10 mois pour partir étudier la typographie.
C'est alors qu'il fugue.

Revenons sur l'enfance de Genet telle qu'elle est contée par monsieur Renault.
Une enfance solitaire, rêveuse, semblable à bien d'autres enfances.
Un petiot sensible, fragile, souvent accroché aux jupes de sa mère.
Un enfant que le départ des hommes laisse seul parmi les femmes de la maisonnée.
Les rumeurs l'ont atteint : il est un enfant trouvé, sa maison n'est pas la sienne ; ces mots ouvrent un grand vide en lui, il se sent différent.

La nature est son refuge, ils s'inventent des vies imaginaires avec les enfants du voisinage.
En classe, il est brillant mais , vu son statut de pupille de l'état, il se voit refuser l'accès au cours complémentaire ; l'injustice le blesse, alors que ses notes brillantes lui permettent d'éviter la vie de domestique ou de valet de ferme, il pourra accéder au centre d'apprentissage de l'Assistance publique. Il faut attendre ses 13 ans révolus… il souffre de ne plus avoir accès à l'école et se procure des livres. Il lit, il écrit dans la solitude, il brûle ses premiers écrits.

J'ai apprécié ce récit, les descriptions de cette nature, de la communion entre l'enfant et son environnement.
J'ai souri à l'évocation de cette enfance un peu sauvageonne.

Les dernières pages portent le sceau de la rupture, on sait ce qu'il advint après et l'on frémit à ce qu'a pu éprouver l'enfant qui se sent une seconde fois abandonné, qui se sent trahi par la nation qui proclame Liberté, égalité, fraternité.

Ce livre donne l'envie de lire ou relire Jean Genet en faisant fi des jugements qui ont pu être portés sur son oeuvre, sa personne.
Ouvrir ses livres comme on part à la rencontre d'une sensibilité et la ressentir en partage.


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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le temps est âpre. Dans le matin gelé tu peux tenir debout sur une branche noire de genêt gelé. Ici la vie t’endurcit, petit. Tu seras dur comme le granit rose et gris, insensible et cynique comme le froid d’hiver, triste comme les ciels gris de neige, sombre genêt gelé.

Tu as aussi le sourire étoilé de l’éclatante fleur jaune du genêt au printemps. Genêt gris, genêt jaune. Tu redescends pour la dernière fois, cette saison, la vache barrée à l’étable. Tu quittes la nature. Seule compagne.
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