L'enfance de
Jean Genet fut-elle ce long fleuve tranquille que le romancier avance, personnellement j'en doute. La soeur de
Rimbaud et le mari de cette dernière nous avaient déjà fait passer la vessie d'
Arthur Rimbaud pour une lanterne éclairant le chemin vers Dieu, certes on n'en est pas là ici mais il semble quand même que cette enfance à Alligny-en-Morvan ne fut pas aussi aseptisée que cela, même si effectivement elle se fit dans une famille d'accueil affectueuse.
Jean Genet est né fin 1910 et il arrive à quelques mois chez la famille Régnier, petits artisans du village d'Alligny-en-Morvan qui compte alors de près de 1 900 habitants qui est composé d'une trentaine de hameaux. La Grande Guerre porte un sacré coup à sa démographie puisque, entre le recensement de 1911 et celui de 1921, il y a une perte d'un quart de personnes.
Je n'ai aucun goût pour le voyeurisme mais de ses émois homosexuels et de son premier vol à dix ans, on n'apprendra rien. Je cherchais des clés pour comprendre
Jean Genet s'était retrouvé à Mettray, une colonie pénitentiaire que je connais bien (de l'extérieur, je précise). La seule piste qui m'est offerte est qu'il vit mal de ne pas aller à l'École primaire supérieure de Corbigny, d'après l'auteur mais il rêvait d'ailleurs peut-être du lycée de Nevers.
Il devra attendre un an pour intégrer une formation de typographe dans l'École D'Alembert à Montévrain en Seine-et-Marne. Vu ses résultats en français et le fait que l'on n'a pas manqué de rapporter son goût pour la lecture d'autre part une formation artistique de très bon niveau y était offerte. C'est un bon choix et si on l'a envoyé là c'est qu'il avait déjà fait des bêtises dans son village nivernais.
Mon grand-père, également brillamment reçu au certificat d'études quelques années avant
Jean Genet s'est vu offrir par l'Assistance publique un destin de métayer. Quoique frustré, il n'est pas passé par la case colonie pénitentiaire de Mettray. de ce destin, il n'est sorti que du fait de l'hécatombe en hommes durant la Grande Guerre. Ce malheur lui a permis de présenter un concours aux Ponts-et-chaussées et de grimper dans les responsabilités. Voilà d'où je parle, comme on dirait.
L'asociabilité précoce de
Jean Genet non seulement n'est pas expliquée mais est gommée. On est ici plutôt dans la lignée du titre
Saint-Genet, comédien et martyr de
Jean-Paul Sartre dont on connaît plus les engagements d'après-guerre que la clairvoyance historique sous L'Occupation et plus tard.
L'ouvrage s'appuie sur les écrits des romans de
Jean Genet, je ne suis pas sûr que l'auteur ait consulté le dossier de l'Assistance publique de
Jean Genet à qui sa mère a donné un patronyme. Rappelons que certains enfants naissaient de père et mère inconnus. On gagnera à lire l'article d'un historien qui s'est sérieusement penché sur l'avenir des enfants confiés à l'Assistance publique. Je ne suis pas sûr que
Jean-Pierre Renault est lu d'
Ivan Jablonka le livre "Les Vérités inavouables de
Jean Genet" sorti en 2004 chez Seuil. Un compte-rendu en est paru dans le numéro de la revue L'Histoire daté janvier 2005 et portant le numéro 294. Voir aussi https://laviedesidees.fr/Retrouver-Genet.html et au sujet du Musée des nourrices et des enfants de l'Assistance publique se situe au coeur du village, justement d'Alligny-en-Morvan, se reporter à https://laviedesidees.fr/Retrouver-Genet.html
Je n'ai pas noté la page, mais il me semble que l'on parle à un moment de la SEITA dont la création ne remonte qu'à 1926. Soyons clair: je pense comme une certaine chaîne payante que la fiction peut servir à mieux éclaire
L Histoire. J'ai trouvé qu'ici ce n'était guère le cas.