Faute de mots, là aussi, pour les décrire, nous nous contentons de souligner, une fois encore, les sentiments profonds que nourrissent les Chinois pour les brumes et les nuages. Matière insaisissable et évanescente entre toutes, ceux-ci leur apparaissent pourtant comme des substances charnelles. Dès lors, ils entretiennent avec eux des rapports quasiment "sensuels". Les poètes ne parlent-ils pas de "dormir au sein des brumes et nuages" ou de "caresser brumes et nuages"? Et les adeptes du taoïsme conseillent, eux, de se "nourrir de brumes et nuages".
Tout Chinois qui parvient au Huang Shan éprouve l'étrange sensation de retrouver "son lieu et son milieu", de "toucher au but". Pour peu qu'il s'y attarde toutefois, il fait l'expérience d'un amour passionnel qui le dépasse, il éprouve la présence d'un être combien réel et pourtant désespérément inaccessible, à la fois comblé de beautés palpables et chargé d'indicibles mystères, tour à tour attirant et fuyant, révélant et cachant... Rien d'étonnant à ce que, de tout temps, poètes et peintres le comparent à une ensorcelante figure féminine qui hante et féconde leur imagination.
Pourpres ou azurés, passés au lavis ou nimbés d'un halo lumineux, brumes et nuages ont leur palette en accord avec celle des rochers et de la végétation. On les voit monter de la vallée vers le sommet et évoluer d'un mont à l'autre, les entraînant dans un processus de métamorphoses perpétuelles. Comme pour accomplir un rituel sacré, avant l'aube on se rend sur la haute terrasse ou sur le mont Lion-accroupi pour voir les flots de nuages déchirés par le soleil levant, et le soir, irrésistiblement, on se dirige vers l'ouest, jusqu'au belvédère Nuages-déferlants pour voir les marées de nuages emporter le soleil couchant. A ces heures la nature même, avec ses monts, ses pins, ses rochers, le Singe-contemplant-l'océan, la Déesse-offrant-des-fleurs, l'Immortel-séchant-ses-bottes, silhouettes soudain figées là, au premier plan, semble frappée de stupeur. Spectacle grandiose auquel on ne se lasse pas de participer, tant il change de lumière et d'aspect à chaque instant.
Rocher propulsant arbre
Arbre aspirant rocher
Cercle ouvert renouant l'alliance terre et ciel
Cercle fermé renouvelant le mystère à trois faces
Dans l'ombre offerte homme errant
Asseoit enfin son royaume.
Rencontre autour de Marc Riboud - Prix Nadar 2012 - Fnac des Ternes
Retrouvez Marc Riboud sur fnac.com : livre.fnac.com Rencontre autour de Marc Roiboud à la Fnac des Ternes, à l'occasion de son Prix Nadar 2012 de la photographie. En présence de : Yasmine Youssi Jean-Claude Gautrand Frédérique Founès Catherine Riboud Xavier Barral Philippe Bordas le Prix Nadar récompense depuis 1955 un livre consacré à la photographie ancienne ou contemporaine édité en France au cours de l'année. Il est attribué en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France et la Fnac, sous le haut patronage du Ministère de la Culture et de la Communication. Dès sa naissance en 1954, sous l'impulsion de la passion de ses pères fondateurs pour la photographie, et sans interruption depuis, la Fnac a développé une véritable politique de diffusion et de promotion de l'art photographique : d'abord par des opérations ponctuelles. En effet, en 1956 a été fondé le Photo-Ciné-Club par Max Théret. En 1957, a été créé le premier concours photo Fnac. En 1966, Jean Lattès inaugure une première exposition permanente en Fnac...). Puis très vite à travers la création d'un réseau de galeries permanentes (ouverture de la première galerie permanente à la Fnac Étoile en 1969) qui sont aujourd'hui en France une vingtaine, et par la multiplication des lieux et occasions de rencontres entre photographes et grand public (forum, expositions hors-les-murs, concours, prix...). La Fnac dès 1978, à également constitué une collection qui compte actuellement près de 2500 œuvres majeures. l'...
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