Cessons de maltraiter nos vieux !

Mis-à-part un livre très complaisant intitulé "Viens chez moi, j'habite dans un EHPAD" et quelques articles au contenu objectif autour de quelques EHPAD ayant des moyens importants, ce type d'établissement a mauvaise presse, au sens propre (les articles sur certaines maltraitances sont légions depuis une dizaine d'années) et au sens figuré (au sein de familles qui ont dû confier là un de leurs proches).

L'intérêt de cet ouvrage est de permettre de comprendre que le dysfonctionnement n'est pas un épiphénomène mais renvoie à des questions de fond ; par ailleurs l'auteure met en exergue quelques initiatives originales positives.

Dans l'introduction, elle pointe le fait que l'épidémie du covid a mis en évidence la situation dramatique du vécu des résidents en EHPAD ; ici les conditions de vie n'ont fait d'ailleurs que se dégrader à l'occasion de cette épidémie. Élise Richard avait déjà réalisé pour une émission Zone interdite, diffusée en octobre 2018, sous le titre de "Maisons de retraite, maintien à domicile : le scandale des personnes âgées maltraitées". Elle va retrouver deux ans plus tard dans sa nouvelle enquête « les failles de tout un système : cadences infernales, maltraitance institutionnelle, pénurie de personnel, embauche de soignants sans diplôme, ou encore véritable business aux dépens de nos aînés » (page 9).

Elle a réalisé pour l'ouvrage qui nous intéresse une réflexion de fond qui l'a conduit aux quatre coins de l'hexagone (humour). Elle cite la plupart du temps nommément les établissements sur lesquels elle a pu recueillir des informations ; ainsi à travers la gestion de l'épidémie du corinavirus sommes-nous transportés notamment à l'EHPAD Les Près du Lys dans le Pas-de-Calais et à celui de la Rosemontoise de Valdoie dans le Territoire de Belfort. Ce dernier a connu en 2020 le plus fort taux de mortalité dû au covid de tous les EHPAD de France. de nos propres sources, ceci s'explique par une cause extérieure, à savoir la proximité de Mulhouse où une réunion d'évangélistes de la Porte ouverte (sic) du lundi 17 au vendredi 21 février 2020 a accueilli (avec fortes embrassades et serrages de mains) ; ces derniers venaient de tout l'ensemble francophone avec une part non négligeable de personnes résidents dans les DOM. Toutefois le taux de mortalité dans cet EHPAD n'aurait jamais atteint un tel niveau si un certain nombre de dysfonctionnements (avec en particulier des postes non pourvus depuis des mois et un absentéisme record des titulaires, plus présence de légionelles) n'existaient déjà auparavant dont certains nous sont connus d'ailleurs personnellement (et en particulier, non mentionnée de la maltraitance psychologique dont a été victime un de no proches). On retiendra que la direction interdit aux soignants de porter des masques, prétextant de ne pas effrayer les résidents, quoique non formulé l'hypothèse personnelle d'éviter des dépenses supplémentaires (pour l'achat des dits masques) n'est pas à exclure. Cet EHPAD doit, selon nos informations personnelles, sa création à des mennonites (protestants anabaptistes présents historiquement des deux côtés du Jura et en Alsace), toutefois la gestion de cet EHPAD fut confié, au bout de quelques années, à une association dénommée SERVIR heureusement dessaisie à ce jour, non sans mal, au profit du pôle gérontologique Claude Pompidou.

Un des autres EHPAD visité est celui de Saint-Jacques à Grenade en Haute-Garonne, on y apprend que les résidents n'ont droit qu'à une douche par semaine ; cette fréquence est malheureusement la règle dans presque tous les EHPAD. L'absence d'infirmière la nuit était d'usage jusqu'à une date récente, nous savons personnellement que les EHPAD doivent maintenant avoir une infirmière de nuit mais plusieurs EHPAD peuvent la partager pour la même nuit. Une aide-soignante ne pouvant pas accéder, de façon autonome, à l'armoire-pharmacie, des retards d'administration de médicaments se produisent en cas d'accident ou crise. Les EHPAD privés à but lucratif comptent beaucoup plus de résidents pour le même nombre de soignants dans les autres établissements. Or plus on va vers l'avenir, les résidents seront en moyenne de plus en plus âgés et de plus en plus malades. de plus vu la difficulté de recrutement, en particulier chez les aides-soignants, il est embauché du personnel qualifié ; ceci ne comblant qu'une partie des manques, la surcharge de travail entraîne un surcroît de travail donc de fatigue, ce qui se traduit par un absentéisme massif. L'auteure invite (dans le but de recueillir des informations) une étudiante pour occuper, sans qualification, un poste d'aide-soignante ; sans formation, on lui confie tout de suite des fonctions dont celle de distribution des médicaments sans savoir d'ailleurs comment il leur est administré.

Certains directeurs d'EHPAD privés ont démissionné, ne supportant plus d'imposer des repas de faible qualité (cas de dénutrition) et diverses conditions qui se traduisent par de la maltraitance. Diverses informations sont données comme sur l'allocation personnalisée d'autonomie. le livre en vient aussi à évoquer l'aide à domicile aux personnes âgées (qui touche actuellement environ deux millions sept cent mille personnes de plus de soixante ans) où là encore la situation est souvent dramatique. Des initiatives locales visent à améliorer le fonctionnement des EHPAD ou de promouvoir un dispositif EHPAD hors les murs comme c'est le cas dans deux départements bretons en Franche-Comté pour la société Âges et Vie, ou en région parisienne et lyonnaise avec la société Alenvi (voir https://alenvi.io/). Ce titre sort peu avant la Semaine bleue, qui du 4 au 10 octobre 2021, destinée à « sensibiliser l'opinion sur la contribution des retraités à la vie économique, sociale et culturelle, sur les préoccupations et difficultés rencontrées par les personnes âgées, sur les réalisations et projets des associations ».