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4,19

sur 1595 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dix lettres, dix confidences, dix visions.

Dans la première lettre datée du 17 février 1903 et écrite à Paris, Rilke suggère au jeune poète Kappus de ne pas chercher le regard ou la reconnaissance extérieure. Au contraire, il mentionne qu'il faut plutôt se fermer pour plonger dans son intériorité.

«Il n'est qu'un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire?» (p.18)

Il recommande aussi à Kappus de s'éloigner d'un thème comme l'amour pour aborder dans ses écrits des éléments de son quotidien comme les songes, les objets, l'enfance, les souvenirs, etc. Pour ce faire, Rilke mentionne que le poète doit sonder son coeur pour savoir s'il souhaite vraiment créer.

Dans la deuxième lettre portant la date du 5 avril 1903, rédigée en Italie, apparaît assez courte car Rilke avait souffert de l'influença et il s'en remettait péniblement. Cependant, dans cette dernière, il traite de deux sujets. Tout d'abord, l'ironie et ensuite les livres qui lui sont essentiels: la Bible et les bouquins de Jens Peter Jacobsen.

Dans la troisième lettre du 23 avril 1903 rédigée aussi en Italie, Rilke revient sur les livres du poète danois Jacobsen et sur la critique. Mais encore, il parle du temps car :

« Être artiste, c'est ne pas compter, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir». (p. 35)

Puis, il aborde les bouquins de Richard Dehmel.

Dans la quatrième lettre dont la date est le 16 juillet 1903 et écrite à Worpswede, Rilke s'adresse au jeune poète en ces termes pour souligner qu'un lien s'est établi entre eux : «Très cher Monsieur Kappus». Il mentionne au jeune homme de s'accrocher à la Nature et qu'il faut surtout qu'il soit patient, qu'il vive ses questions et non pas ses réponses. Il continue en abordant les nuits d'amour et qu'il doit par-dessus tout supporter sa solitude car cette dernière ouvre les yeux à l'indicible.

Dans la cinquième lettre, celle portant la date du 29 octobre 1903 et rédigée à Rome, Rilke suggère que dans la ville où il se trouve, les gens chérissent trop les vestiges du passé. Pour lui, il faut pour qu'il y ait beauté, avoir vécu avec son coeur. le vécu s'avère très important pour lui. Il mentionne que le calme et le silence lui apportent l'inspiration.

Dans la sixième lettre rédigée le 23 décembre 1903 à Rome, Rilke la débute en abordant la grande solitude intérieure car c'est la plus importante. Il relève que la sagesse, c'est accepter l'incompréhension comme un enfant. Il traite des plaintes de Kappus par rapport à son métier d'officier et à celles qu'il adresse à Dieu.

Dans la septième lettre écrite le 14 mai 1904 à Rome, Rilke aborde en premier le sonnet envoyé par Kappus. Il lui dit que c'est son meilleur. Ensuite, il explique qu'il importe de s'en tenir au difficile et que la solitude apparaît aussi marquée par la difficulté tout comme l'amour. Il offre au jeune poète cette merveilleuse explication sur l'amour :

«L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'amour de l'être aimé.» (p.75)

Et il poursuit en disant que le don de soi-même en amour est «un achèvement». Les jeunes veulent trop rapidement vivre l'amour et ils se perdent l'un dans l'autre pour finir désillusionnés.

De plus, il relève que dans l'amour comme dans la mort, l'être humain est seul. Mais encore, il termine cette sublime lettre en disant ceci :

«Il sera cet amour que nous préparerons, en luttant durement : deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s'inclinant l'une devant l'autre». (p. 84)

Je trouve les dires de Rilke magnifiques, profonds. Il faut avoir beaucoup réfléchi sur le sens de la vie, de l'amour pour partager de tels propos à un autre être.

Dans la huitième lettre datée du 12 août 1904 et rédigée en Suède, Rilke débute en parlant des grandes tristesses qui affligent son correspondant. Il revient sur l'importance de la solitude et du recueillement pour vivre sa tristesse car selon Rilke : «Nous sommes solitude». (p. 91) Rilke explique au jeune poète que nous nous construisons dans les épreuves et que ces dernières sont essentielles pour l'évolution de l'être humain.

Dans la neuvième lettre dont la date est le 4 novembre 1904 et le lieu de la rédaction est la Suède, Rilke fait allusion à l'importance de la difficulté de vivre et à la solitude. Il dit aussi ceci :

«Croyez-moi, la vie a toujours raison». (p. 104)

Par ailleurs, il aborde les sentiments purs que peut ressentir Kappus et qui sont souvent tributaires de l'enfance. Il transmet également au poète des éléments concernant la vie et la mort. Car, selon lui, l'être humain est seul dans la vie et dans la mort.

Dans la dernière lettre portant la date du 26 décembre 1908 dont la rédaction a été faite à Paris, Rilke se réjouit de savoir que Kappus est heureux dans son métier de militaire. Il mentionne que l'art est aussi un mode de vie.

Pour moi, les Lettres à un jeune poète de Rainer-Maria Rilke s'avère un livre essentiel pour ceux s'intéressant au processus créatif. Il faut lire ces lettres pour être le témoin d'une belle relation que je peux qualifier d'amitié. L'amitié entre les écrivains transige aussi et surtout par la correspondance à l'époque dont il est question dans ces missives.


https://madamelit.ca/2022/09/26/madame-lit-les-lettres-a-un-jeune-poete-de-rainer-maria-rilke/
Lien : https://madamelit.ca/2022/09..
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Par l'entremise d'une connaissance commune, un jeune élève officier, Franz Xaver Kappus, va écrire à Rilke pour lui demander son avis sur les poèmes qu'il a écrit.
Cette lettre va être le début d'une correspondance riche de 10 lettres entre lui et l'auteur pendant 6 ans.
Ces lettres ont été publiées par le jeune homme après la mort de leur auteur et sont devenues le texte le plus apprécié de Rilke (et aussi les plus lus sur Babelio).
Comment pourrait-il en être autrement ?
En les lisant, j'ai été impressionné par la teneur de ces écrits, surtout face à nos sms minimalistes de notre temps.
Quelle qualité, quel rigueur pour répondre à ce jeune homme et quelle bienveillance du poète vis à vis de cet apprenti poète !
Rilke lui partage son amour pour la solitude (le destin de l'artiste est d'être seul), lui conseille l'introspection , de rester le plus proche de ce qui le touche vraiment.
A lire et relire !
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"Lettres à un jeune poète" rassemble les 10 lettres que le poète Rainer Maria Rilke a envoyées en réponse à celles de Franz Xaver Kappus, aspirant poète et fervent lecteur des oeuvres du premier.

Dans ses missives, Rainer Maria Rilke tente de lui dépeindre ce qui fait l'essence et le travail d'un poète, mais aussi et surtout, il tempère la fougue de Franz par ses conseils pleins de sagesse.

L'écriture est d'une poésie sans pareille. Et quand on pense qu'il s'agit d'une simple correspondance, d'un homme qui prodigue ses conseils en toute amitié et humilité à un inconnu qui l'a sollicité, cela laisse rêveur. On se retrouve nostalgiques d'une époque qu'on n'a pas ou peu connue, où s'écrire des lettres était un acte du quotidien, et un acte littéraire en soi.

Je recommande vivement cette lecture dont la beauté du texte m'a chavirée.
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Dix lettres et un cours complet de philosophie pour le même prix.
Cet échange épistolaire, à forte densité intellectuelle, constitue une véritable leçon de vie.
Qu'est-ce que la création, où puise-t-elle ses ressources, comment en reconnaître la pureté et la nécessité. Qu'est que la sexualité véritable, où doit-elle nous emporter, qu'elle énergie mobilise-telle ?
Pourquoi nos vies devraient se nourrir de merveilleux et se régler sur notre totale indépendance de pensées et d'actions vis à vis des normes contraignantes du monde.
Où se niche Dieu et pourquoi le silence et surtout la patience sont ferments de vie et non de mort.
On découvre ici avec stupéfaction l'étonnante maturité d'un homme de moins de 30 ans, très certainement nourri de philosophie orientale et de psychanalyse.
Oui, ces lettres devraient être étudiées en classe mais à une époque où on insulte des auteurs, parfois décédés, sur les réseaux sociaux pour la complexité supposée de leur pensée, Rilke a-t-il encore sa place dans les lycées ?
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Ces lettres ont dû faire pousser les vocations de poètes comme des champignons. Mais, hélas, beaucoup d'appelés et peu d'élus! le destinataire des lettres de Rilke, d'ailleurs, semble n'avoir pas prospéré. Plus généralement, ces lettres donnent envie de se dédier à fond à nos passions.
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Un petit livre tout ce qu'il y a de magique pour toute personne qui se lance dans une passion artistique. Celle de la poésie, bien sûr, mais toute autre passion pourrait également s'abreuver des paroles claires et sereines de cet auteur génial. A lire absolument, plutôt cent fois qu'une...
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Lors de mes lectures le nom de Rilke revenait souvent et en particulier avec cet ouvrage dont le titre ne pouvait que m'inciter à le découvrir. J'aime beaucoup les correspondances, les échanges épistolaires surtout quand il s'agit de courriers d'écrivain(e)s car comme dans les journaux intimes, les personnalités se révèlent, se "lâchent" et ici je dois dire que j'ai été surprise du contenu.

Je pensais lire des conseils d'écriture d'un poète affirmé et reconnu à un apprenti-poète et finalement ce sont dix lettres d'un poète certes mais d'un philosophe à un jeune officier, Monsieur Kappus, celui-ci attendant un avis sur ses écrits et recevant finalement des préceptes de vie : la solitude, la vie, l'amour, la maturité, les choix, préceptes nécessaires selon Rilke au travail d'écrivain

"Laissez à vos jugements leur évolution propre, silencieuse, sereine ; comme tout progrès, elle doit venir du fond de votre être et rien ne peut ni la presser ni la hâter. Tout est là : porter à terme, puis enfanter. Il vous faut laisser chaque impression, chaque germe de sentiment s'accomplir en vous, dans l'obscure, l'indicible, l'inconscient, le domaine inaccessible à votre propre intelligence et attendre avec une humilité et une patience profondes l'heure de la naissance d'une nouvelle clarté : cela seul est vivre pour l'art, qu'il s'agisse de comprendre ou de créer. (p19)"

Comme je le précise souvent je ne suis pas lectrice de poésies et je ne pensais pas être aussi séduite par ces échanges que je pensais axés sur celle-ci et dans une langue difficile d'accès. Il n'en est rien ni pour la poésie ni pour l'écriture, les pensées. Rilke évoque peu les vers de son correspondant mais plus sur ce qui transpire à travers eux où à travers les courriers reçus du jeune homme. Au début le ton est assez distant, presque sévère puis au fil du temps on sent une certaine complicité voire de maître à élève teintée d'amitié sincère s'installer entre eux (il n'y a que les lettres de Rilke et pas celles de Kappus). Rilke voyage beaucoup, souffre souvent de maladies ou de fatigues qu'il évoque en introduction puis développe à son correspondant ce qu'il doit savoir sur la vie mais également sur ce qu'implique être écrivain.

L'écriture est de toute beauté, fluide, le poète argumente, démontre et se fait même parfois prophète :

"Cette humanité que la femme a portée à terme dans la douleur et l'humiliation se révélera le jour où, en modifiant sa situation extérieure, elle se sera dépouillée des conventions de sa seule féminité, et les hommes, qui aujourd'hui encore ne le voient pas venir, en resteront surpris et abattus. Un jour (...) seront là la jeune fille et la femme dont le nom ne marquera plus seulement l'opposition au masculin, et aura une signification propre, qui n'évoquera ni complément ni frontière, simplement vie et existence : l'être humain dans sa féminité. (p46-47)"

J'ai beaucoup aimé car il s'adresse finalement pas seulement à un jeune poète mais l'humain, un petit livre de philosophie à l'usage des hommes (et des femmes) sur les attentes, les espoirs, les interprétations et sur l'impatience alors que tout cela demande temps et réflexion. 

Une véritable bonne surprise, une écriture remarquable et une acuité sur le monde qui l'entoure, malgré son jeune âge à l'époque de la rédaction de ces lettres (de 28 à 33 ans) on a l'impression de lire l'analyse profonde d'un homme ayant déjà beaucoup vécu avec en plus une pensée réduite à l'essentiel et je comprends mieux pourquoi il apparaît comme référence dans de nombreux ouvrages. D'autres ouvrages de correspondances ont été publiés et même si je ne vais pas vers ses poèmes (mais pourquoi pas tenter) j'aimerais les lire car qui ne rêverait d'avoir cette faculté de rédaction.

A lire, à relire, à méditer.... Un petit ouvrage à garder à portée de main pour le réconfort qu'il procure dans les moments de doute, pour revenir à l'essentiel et pour apprécier une vraie belle plume.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je n'ai que la version audio, écoutée en boucle mais les lettres du jeune poète n'y figurent pas. Seuls les réponses de R.M Rilke sont là, lues par Barbara.
Un chef d'oeuvre pour moi qui découvre la réponse que je ferai désormais à ceux qui me poussent à écrire; et bien des écrivains qui se prennent pour des génies méconnus devraient méditer ce texte!
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L'art subtil et élégant de dire à un jeune auteur que ses vers sont convenus, peu sincères et qu'écrire est foncièrement un besoin intérieur et solitaire, avant d'être un moyen de partage et de reconnaissance.
Remarque également précieuse, car mal reconnue en général, sur l'importance de faire confiance à ses goûts et désirs propres en matière de littérature au lieu de succomber aux directives et avis péremptoires des autres.
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En s'aventurant dans ce recueil de lettres, on s'introduit tout entier dans la fabrique de la poésie. Choisi dans son édition réunissant les lettres de Rilke et celles de Kappus, on y trouve au travers de pages d'une intense profondeur comment le grand art permet de se découvrir, de se comprendre soi-même. Combien il n'est pas une fuite vers un monde imaginaire mais bien un affrontement de l'absurde qui nous relie au monde, et la force qu'on peut tirer de ce combat.
Dans cet ouvrage, élève et professeur sont également passionnants à lire. L'un par la clairvoyance de ses propos sur le monde, la vue qu'il adopte ; et l'autre pour son honnêteté, sa transparence, et finalement la dernière lettre où il rejoint le maître. Il le rejoint à sa façon, suivant sa propre voie et sans même en avoir totalement conscience, mais il est enfin maître de son propre choix et n'ayant plus besoin, désormais, de plus de réponse que tout autre maître en aurait besoin lui-même. L'interruption de cette correspondance en devient ainsi d'une force tout aussi évocatrice que l'était sa continuité l'instant précédent.
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