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sur 1573 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon Dieu!! La lecture des Lettres à un jeune poète devrait être OBLIGATOIRE au lycée!
"Aimer aussi est bon : car l'amour est difficile. S'aimer, d'être humain à être humain : voilà peut-être la tâche la plus difficile qui nous soit imposée, l'extrême, la suprême épreuve et preuve, le travail en vue duquel tout autre travail n'est que préparation.
C'est pourquoi les jeunes gens, qui sont débutants en tout, ne peuvent pas encore aimer : il faut qu'ils apprennent. Il faut que de tout leur être, de toutes leurs forces rassemblées autour de leur coeur solitaire, angoissé, qui cherche à jaillir, ils apprennent à aimer. Or l'apprentissage est toujours un long temps d'enfermement, si bien que l'amour est ainsi repoussé loin dans le temps, jusqu'au coeur de la vie - : solitude, isolement encore plus intense et plus profond pour celui qui aime. Aimer n'a d'abord rien d'une absorption, d'un abanbon ni d'une union avec l'autre (car que serait l'union de choses qui ne sont pas éclaircies, ne sont pas achevées, ne sont pas encore mises en ordre ?) c'est une sublime occasion pour l'individu de mûrir, de devenir quelque chose en lui-même, de devenir un monde, de devenir pour l'amour d'un autre un monde pour lui-même, c'est une grande et immodeste exigence qui s'adresse à lui, qui en fait un élu et l'appelle à l'immensité.(...)
Mais c'est là justement l'erreur si fréquente et si lourde que commettent les jeunes gens (il est dans leur nature de n'avoir pas de patience) ; ils se jettent l'un sur l'autre lorsque l'amour descend sur eux, ils se déversent tels qu'ils sont, dans tout leur manque de cohérence, leur désordre, leur confusion... : que peut-il arriver ? Que peut faire la vie de ce bric-à-brac à moitié démoli qu'ils nomment leur communauté et qu'ils aimeraient bien appeler leur bonheur, s'il y avait quelque apparence, et leur avenir ? Là, chacun, pour l'amour de l'autre, se perd, perd l'autre et beaucoup d'autres qui voulaient encore venir."
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Lettres à un jeune poète, ce sont dix lettres écrites par Rainer Maria Rilke entre février 1903 et décembre 1908, lettres adressées à un jeune homme qu'il ne connaît pas et qui a sollicité un conseil auprès de l'écrivain âgé de vingt-huit et déjà célèbre, un certain Franz Xaver Kappus, ce jeune homme souhaitant consacrer son existence à la poésie.
Ces lettres ont été publiées à titre posthume.
Elles sont d'une beauté lumineuse, éblouissante, généreuse. Il y a la manière et la matière, on y ressent l'élégance et l'empathie d'un auteur.
Non seulement il m'a semblé indispensable de lire ces Lettres à un jeune poète, mais il me semble également indispensable de les relire plusieurs fois au cours de son existence, sans doute pas trop tôt, attendre un peu que le moment de la vie s'y prête... Et alors, y aller... Tiens ! Je dirais même que ce serait une magnifique idée d'offrir ce livre à un être qui est vous est proche et cher. Pourquoi ?
Parce que derrière la beauté de ces lettres, il y a nos propres vies, ce que nous tentons d'y mettre, d'où nous venons, où nous allons, si jamais nous savons répondre à ces deux questions.
Ici il est question de solitude, la solitude de l'artiste, de distance, celle entre l'artiste et les autres, de création littéraire... Et brusquement, je me suis aperçu que cela touchait aussi autre chose, tout simplement la vie, nos vies, nos tâtonnements, nos errances, nos besoins de respiration... La manière de lire ces lettres en 1903 ou en 2019 n'est peut-être pas la même. La manière de refermer le livre et de reprendre pied dans sa vie, par contre, me semble d'une portée universelle.
Le ton est d'une très grande courtoisie, bienveillant, pour autant il n'est jamais chaleureux. Mais il n'y a jamais la condescendance qu'un artiste pourrait avoir à l'égard de quelqu'un qui l'admire. C'est presque une voix penchée sur l'épaule d'un jeune homme qui cherche à découvrir le chemin de sa vie, une voix posée à bonne distance.
Justement, cette invitation à une solitude infinie, à savoir prendre la bonne distance, prend tout son sens dans une société dissonante, bruyante, dérisoire à certains moments, où beaucoup d'entre nous sont en quête de sens. Lire et relire ces lettres est une manière, peut-être, de tenter de retrouver du sens à notre existence...
Je vous vois déjà venir avec vos gros sabots : ah ! encore un livre sur le développement personnel ?! Oui, pourquoi pas si l'on considère que les philosophes grecs, déjà, nous ont transmis l'essentiel sur la manière de bien vivre et se poser les bonnes questions. D'autres comme Montaigne, Spinoza, Pascal, Nietzsche, ont emprunté leur pas. Tiens donc, Nietzsche... Un point commun avec Rilke, ils ont aimé la même femme : Lou Andreas-Salomé. Rilke n'était pas philosophe, il était un poète. Mais est-ce bien différent, s'agissant de la poésie de Rilke ?
Ces dix lettres sont belles, splendides, bouleversantes, facilement accessibles alors que la poésie de Rilke l'est sans doute moins. Rilke les a-t-il écrites pour Franz Kappus, pour lui-même, pour nous, pour la postérité ? Qu'importe au fond... Nous en tirons la joie et la grâce de les déplier à l'infini.
Les tentatives poétiques de ce jeune apprenti poète sont vaines aux yeux de Rilke. Il le dit franchement, mais il le dit en y mettant les formes. Il argumente, il développe, il fait un pas de côté pour le dire et c'est beau.
Ces lettres sont une merveilleuse éloge de la solitude et de l'errance. Une forme d'initiation, d'apprentissage à la vie. Chaque lettre est un chemin. C'est une joie de cheminer dans ces lettres. C'est une joie aussi de vous donner envie de visiter ces lettres.
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Désir d'écriture poétique quand tu nous tiens…
Je remercie vivement Babelio ainsi que les éditions du seuil pour m'avoir permis de relire ce beau livre.
Merci également pour le petit mot sympathique des Éditions du Seuil.

Ce petit recueil constitue un échange épistolaire, qui s'étend de 1902 à 1908, entre le jeune poète aspirant Franz Xaver Kappus et l'écrivain Rainer Maria Rilke. Kappus rongé par le doute demande conseil à son aîné sur ce qu'il nomme ses « tentatives poétiques. »

C'est avec un bel enthousiasme et une grande générosité que Rilke lui répond, celui-ci, ne souhaite pas s'ériger en juge, il se méfie de la critique, qui pour lui vide les oeuvres d'arts et les écrits littéraires de leur sens.

Il va tenter de guider le jeune homme en partageant sa propre expérience d'écrivain ainsi que sa vision personnelle du monde, de l'art, de la littérature, de l'Amour.

Rilke lui suggère de descendre au plus profond de lui-même, de fouiller, observer si le désir d'écrire constitue réellement pour lui une nécessité vitale ; il lui enjoint de ne pas se laisser prendre au piège des formes communes de l'écriture déjà éprouvées et admises de tous, d'éviter les thématiques trop usitées comme celles de l'amour par exemple, mais plutôt de trouver un style personnel qui rendra son écriture poétique unique, vraie, essentielle, indispensable, nouvelle.

Pour Rilke, l'écriture exige de ne pas se tourner vers l'extérieur (le regard des autres, les oeuvres préexistantes) mais vers soi-même pour accéder à son propre élan vital et créatif, l'inspiration qui donnera forme à cette nouvelle écriture. Il lui propose également quelques lectures qui vont enthousiasmer le jeune poète, notamment celle des oeuvres de Jacobsen, écrivain et poète danois dont Rilke est un fervent admirateur : la découverte de ces oeuvres va porter le désir d'écrire de Kappus au plus haut point, ce dernier laisse alors de côté l'obscurantisme de Heine dont il fut un fervent admirateur dans sa jeunesse pour se tourner exclusivement vers le grand écrivain.

Les correspondances avec Rilke constituent un véritable parcours initiatique pour Franz Kappus, ce dernier voue une admiration inconditionnelle au poète et à travers lui aux écrivains cités par son mentor. Il apprend beaucoup au cours de ces longs échanges épistolaires et n'hésite pas à remettre en cause ses propres écrits, ses visions littéraires et artistiques encore teintées d'immaturité pour tenter d'approcher la véritable essence de l'écriture.

Ce recueil de lettres comporte des réflexions intéressantes et essentielles sur la poétique en tant que processus d'écriture, il s'inscrit ainsi dans la lignée des arts poétiques. Il met en scène les tourments et les doutes qui rongent le jeune poète se dévoilant à lui-même par le biais de l'écriture poétique, il révèle le travail d'abnégation de soi exigé par cet art difficile.

Le style du texte, bien que traduit, est très beau car la poésie, l'amour et la maitrise de l'écriture, de la littérature, l'admiration de leurs pairs par les deux protagonistes sont évidentes dans ces lettres qui se savourent à petites doses. Les métaphores filées de Rilke sur le processus de l'écriture artistique, les envolées lyriques et digressions sur la sensualité, l'amour et l'enfantement comparées à la création littéraire sont à la fois d'excellents conseils et un pur bonheur de lecture, les images évoquées appellent la méditation, le rêve, le voyage de l'imagination et de la pensée.

Mais la chronique n'est rien, l'original reste à lire ou à relire.
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Ce livre traînait dans ma pile de livres à lire depuis bien trop longtemps. J'en repoussais toujours et toujours la lecture et je me dis que j'aurais dû le lire bien plus tôt dans ma vie. Dépassant de loin le cadre de la création littéraire, cette correspondance de Rainer-Maria Rilke est un condensé des apprentissages à faire dans une vie. Il y parle de solitude, de création, de questionnements, d'amour, de relations homme-femme, de connaissance de soi et de bien d'autres choses encore.
Chaque mot résonne en soi, fait du sens. Par ses mots, Rilke nous fait réfléchir. Et de la bonne manière. C'est pour moi, un ouvrage vers lequel je reviendrai encore et toujours, parce que peu importe le moment où on le prend dans ses mains, certaines phrases peuvent nous éclairer d'une autre manière. Un gros, gros coup de coeur, que je me garderai d'avoir sous la main toute ma vie durant.
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Franz K. le mystérieux jeune homme qui sans lui on n'aurait pas eu ces lettres, ces bijoux. D'ailleurs, la première question que je me suis posée après la première lettre, qu'est devenu ce jeune poète ? A-t-il produit des poèmes extraordinaires ? Peu importe, puisqu'il a été le motif à ces lettres. de plus, il a sans doute su poser les questions justes pour recevoir ces excellentes réponses. Merci cher monsieur Kappus.

Rilke je le connaissais depuis la lecture de Blanchot et je l'ai découvert avec ses Carnets de Malte Laurids Brigge. J'étais devant un écrivain qui s'inscrit dans la lignée de Valéry et Mallarmé, un grand. Et dans ses carnets, on trouve déjà les idées des lettres éparpillées çà et là. Rilke a toujours été préoccupé par la création littéraire, toujours essayant de savoir ce qu'est l'artiste, la poésie, l'art, et cette recherche le mène à créer une vision originale et singulière qu'on retrouve exprimée avec sincérité dans ces lettres.

Dans cette collection poésie/Gallimard, on trouve la version originelle qui se tient imposante devant sa traduction. Je regrette d'ignorer l'allemand car j'aurais pu entretenir cet itinéraire entre les deux. Par ailleurs, il existe une édition arabe ingénieuse qui a réuni les Lettres à un jeune poète et les Lettres à un jeune romancier de Vargas Llosa (moins connues mais aussi intéressantes).
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Lors de mes lectures le nom de Rilke revenait souvent et en particulier avec cet ouvrage dont le titre ne pouvait que m'inciter à le découvrir. J'aime beaucoup les correspondances, les échanges épistolaires surtout quand il s'agit de courriers d'écrivain(e)s car comme dans les journaux intimes, les personnalités se révèlent, se "lâchent" et ici je dois dire que j'ai été surprise du contenu.

Je pensais lire des conseils d'écriture d'un poète affirmé et reconnu à un apprenti-poète et finalement ce sont dix lettres d'un poète certes mais d'un philosophe à un jeune officier, Monsieur Kappus, celui-ci attendant un avis sur ses écrits et recevant finalement des préceptes de vie : la solitude, la vie, l'amour, la maturité, les choix, préceptes nécessaires selon Rilke au travail d'écrivain

"Laissez à vos jugements leur évolution propre, silencieuse, sereine ; comme tout progrès, elle doit venir du fond de votre être et rien ne peut ni la presser ni la hâter. Tout est là : porter à terme, puis enfanter. Il vous faut laisser chaque impression, chaque germe de sentiment s'accomplir en vous, dans l'obscure, l'indicible, l'inconscient, le domaine inaccessible à votre propre intelligence et attendre avec une humilité et une patience profondes l'heure de la naissance d'une nouvelle clarté : cela seul est vivre pour l'art, qu'il s'agisse de comprendre ou de créer. (p19)"

Comme je le précise souvent je ne suis pas lectrice de poésies et je ne pensais pas être aussi séduite par ces échanges que je pensais axés sur celle-ci et dans une langue difficile d'accès. Il n'en est rien ni pour la poésie ni pour l'écriture, les pensées. Rilke évoque peu les vers de son correspondant mais plus sur ce qui transpire à travers eux où à travers les courriers reçus du jeune homme. Au début le ton est assez distant, presque sévère puis au fil du temps on sent une certaine complicité voire de maître à élève teintée d'amitié sincère s'installer entre eux (il n'y a que les lettres de Rilke et pas celles de Kappus). Rilke voyage beaucoup, souffre souvent de maladies ou de fatigues qu'il évoque en introduction puis développe à son correspondant ce qu'il doit savoir sur la vie mais également sur ce qu'implique être écrivain.

L'écriture est de toute beauté, fluide, le poète argumente, démontre et se fait même parfois prophète :

"Cette humanité que la femme a portée à terme dans la douleur et l'humiliation se révélera le jour où, en modifiant sa situation extérieure, elle se sera dépouillée des conventions de sa seule féminité, et les hommes, qui aujourd'hui encore ne le voient pas venir, en resteront surpris et abattus. Un jour (...) seront là la jeune fille et la femme dont le nom ne marquera plus seulement l'opposition au masculin, et aura une signification propre, qui n'évoquera ni complément ni frontière, simplement vie et existence : l'être humain dans sa féminité. (p46-47)"

J'ai beaucoup aimé car il s'adresse finalement pas seulement à un jeune poète mais l'humain, un petit livre de philosophie à l'usage des hommes (et des femmes) sur les attentes, les espoirs, les interprétations et sur l'impatience alors que tout cela demande temps et réflexion. 

Une véritable bonne surprise, une écriture remarquable et une acuité sur le monde qui l'entoure, malgré son jeune âge à l'époque de la rédaction de ces lettres (de 28 à 33 ans) on a l'impression de lire l'analyse profonde d'un homme ayant déjà beaucoup vécu avec en plus une pensée réduite à l'essentiel et je comprends mieux pourquoi il apparaît comme référence dans de nombreux ouvrages. D'autres ouvrages de correspondances ont été publiés et même si je ne vais pas vers ses poèmes (mais pourquoi pas tenter) j'aimerais les lire car qui ne rêverait d'avoir cette faculté de rédaction.

A lire, à relire, à méditer.... Un petit ouvrage à garder à portée de main pour le réconfort qu'il procure dans les moments de doute, pour revenir à l'essentiel et pour apprécier une vraie belle plume.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Leçon de vie et de fraternité

Cette correspondance épistolaire entre Rainer Maria Rilke et Franz Xaver Kappus est émouvante en bien des points (je parle ici de la nouvelle édition intégrale, parue aux éditions du Seuil en octobre 2020). le jeune officier Kappus, en proie à des tourments intérieurs et aspirant à devenir poète, écrit à Rilke pour lui demander des conseils en la matière. Mais il n'existe pas de recette ni de manuel dans cette affaire. On ne devient pas poète, on naît avec cette faculté de voir au-delà du visible, d'entrouvrir quelquefois le voile des apparences pour regarder ce qui se trame derrière la nuit ; et cette capacité d'opérer des relations avec l'invisible n'est pas donnée à tout le monde, loin s'en faut. Pour un poète, la poésie doit circuler de manière aussi vitale que le sang dans les veines. C'est une façon d'être au monde, et qui ne s'explique pas. Bien entendu, il est possible de taquiner la muse en s'adonnant à divers exercices formels tels que l'écriture de sonnets, de ballades, de rondeaux, etc., mais si cela ne vient pas directement du coeur, c'est peine perdue.

Rilke va rapidement faire comprendre à Kappus qu'il ne peut lui être d'aucun secours sur ce point. Cependant, une relation presque fraternelle va se nouer entre les deux hommes ; Rilke jouant ici le rôle de grand frère attentionné. Kappus lui fera part de troubles intimes, ainsi que de la détresse qui semble accompagner chacun de ses pas tel un chien fidèle. L'intérêt de cette correspondance réside avant toute chose dans l'humanité profonde qui s'en dégage.

À défaut d'être poète, Kappus excelle dans l'art du récit : son article de journal intitulé "Nuit du nouvel an à la frontière", en date du 7 janvier 1909, et qui peut se lire à la fin de l'ouvrage, en est un exemple admirable. Les lettres de Kappus, publiées pour la première fois dans cette nouvelle édition intégrale, révèlent un besoin viscéral et désespéré pour le jeune homme d'établir un lien avec un être qu'il admire – car la déréliction est son pain quotidien. Rilke répondra à son appel et tentera, du mieux qu'il peut, de redonner de l'espoir et du courage à son interlocuteur. Cet échange sera aussi pour le poète un moyen de mieux définir son rapport au monde et de comprendre davantage la trajectoire scripturale qui est la sienne. Une fort belle leçon de vie et de fraternité.

© Thibault Marconnet
Le 26 novembre 2020
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Si ces Lettres à un jeune poète - écrites par un aîné à son "cadet" - évoquent le rapport intime à la création poétique, elles peuvent cependant être lues dans une perspective plus universelle et s'appliquent à toutes les authentiques créations artistiques. D'où peut-être le succès du livre depuis des décennies.
Rilke conçoit la création dans une perspective existentielle. Créer relève de l'introspection : « Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? »
Ecrire ne relève pas de l'envie mais de la nécessité : « Une oeuvre d'art est bonne quand elle est née d'une nécessité. C'est la nature de son origine qui la juge. »
Ces Lettres expriment ainsi un douloureux idéal que quelques élus atteignent, mais à quel prix ! Ceci est une autre histoire…
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C'est simplement beau.... ce petit ouvrage se lit à la fois comme un roman épistolaire et un recueil de poésie, comme un guide spirituel et un traité esthétique. En version bilingue les germanistes pourront apprécier toute l'ampleur de la verve du poète, les autres se régaleront aussi...
La sagesse du poète se déroule ici avec humilité et bienveillance : " Développez vous tranquillement et sobrement en obéissant à votre propre évolution ; vous ne pourrez davantage la perturber qu'en tournant vos regards vers l'extérieur, et en attendant des réponses à des questions auxquelles sans doute seul votre sentiment le plus intime est, à l'heure la plus silencieuse, en mesure de répondre."
Il y a des livres inclassables et celui-ci en fait partie.
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Dix lettres et un cours complet de philosophie pour le même prix.
Cet échange épistolaire, à forte densité intellectuelle, constitue une véritable leçon de vie.
Qu'est-ce que la création, où puise-t-elle ses ressources, comment en reconnaître la pureté et la nécessité. Qu'est que la sexualité véritable, où doit-elle nous emporter, qu'elle énergie mobilise-telle ?
Pourquoi nos vies devraient se nourrir de merveilleux et se régler sur notre totale indépendance de pensées et d'actions vis à vis des normes contraignantes du monde.
Où se niche Dieu et pourquoi le silence et surtout la patience sont ferments de vie et non de mort.
On découvre ici avec stupéfaction l'étonnante maturité d'un homme de moins de 30 ans, très certainement nourri de philosophie orientale et de psychanalyse.
Oui, ces lettres devraient être étudiées en classe mais à une époque où on insulte des auteurs, parfois décédés, sur les réseaux sociaux pour la complexité supposée de leur pensée, Rilke a-t-il encore sa place dans les lycées ?
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