Citations sur Héros de l'Olympe, tome 1 : Le héros perdu (61)
- Parlons-en maintenant, si vous le voulez bien, dit Jason. Monsieur Chiron, vous m’avez dit que le plus grand danger se préparait. Le dernier chapitre. Vous ne pouvez tout de même pas penser à quelque chose de pire qu’une armée de Titans, dites-moi ?
- Oh, fit Rachel d’une petite voix. Par les dieux. La femme, c’est Héra. Bien sûr. Son bungalow, sa voix. Elle s’est montrée à Jason au même moment.
- Héra ? grogna Annabeth, plus féroce encore que Seymour le léopard. C’est elle qui t’a utilisée ? Et qui a fait ça à Piper ?
- Je crois que Rachel a raison, dit Jason. La femme que j’ai vue avait l’allure d’une déesse. Et elle portait une cape en peau de chèvre. C’est le symbole de Junon, si je ne me trompe ?
- Ah bon ? fit Annabeth avec une moue méfiante. Première nouvelle.
Chiron hocha la tête à contrecœur.
- Si, dit-il, de Junon, l’aspect romain d’Héra, dans son état le plus guerrier. La cape en peau de chèvre était un symbole du soldat romain.
- Héra serait prisonnière ? demanda Rachel. Qui aurait bien pu capturer la Reine des dieux ?
Annabeth croisa les bras.
- Je ne sais pas qui c’est, mais on devrait peut-être le remercier. S’il peut réduire Héra au silence…
- Annabeth, elle fait toujours partie des olympiens, prévint Chiron. A plusieurs égards, c’est elle, le ciment qui unit la famille. Si elle est effectivement prisonnière et en danger, les bases de notre monde risquent d’être ébranlées. La stabilité de l’Olympe, jamais très grande au meilleur des cas, pourrait s’effriter. Et si Héra a demandé à Jason de l’aider…
Piper l'agrippa par la main et le rejoignit.
- Si je tombe, dit-elle, rattrape-moi.
- Oui, bien sûr, répondit Jason, espérant qu'il ne rougissait pas.
Léo monta à son tour sur le plancher.
- Moi aussi, tu me rattrapes Superman, dit-il. Mais je ne te tiens pas par la main.
- C’est un dragon en bronze, expliqua Nyssa. Mais oui, c’est un automate grandeur nature. Les Héphaïstos l’ont construit il y a plusieurs années de ça. Puis il s’est perdu dans les bois il y a deux ou trois étés, et Beckendorf l’a retrouvé en morceaux et l’a reconstruit. Il sert à la protection de la colonie, mais il est devenu un peu, euh, imprévisible.
- Imprévisible ? répéta Léo.
- Il se détraque et démolit des bungalows, brûle des gens, essaie de manger les satyres, ce genre de choses.
- Imprévisible, effectivement.
Le feu, se reflétant dans les yeux de Chiron, y faisait danser des lueurs inquiétantes.
- J'ai formé ton homonyme, tu sais, dit-il. Le premier Jason. Il a connu un destin difficile. Je vois passer beaucoup de héros. Ils ont parfois une fin heureuse, mais le plus souvent c'est le contraire. Ça me brise le cœur à chaque fois qu'un de mes élèves meurt, c'est comme si je perdais un enfant. Mais toi... tu es différent de tous les jeunes que j'ai formés. Ta présence ici pourrait s'avérer catastrophique.
- Merci, dit Jason. Vous devez être un professeur très stimulant.
Il sentit comme une force le tirer au creux de son ventre, et la pression atmosphérique chuta si abruptement que ses tympans tintèrent. Midas devait le sentir, lui aussi, car il se releva et attrapa ses oreilles d'âne à deux mains.
- Aïe ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Mon pouvoir est suprême, ici !
Le tonnerre gronda. Dehors, le ciel vira au noir.
- Tu connais un autre bon usage de l'or? demanda Jason.
Midas dressa les sourcils, soudain intéressé.
- Nan ?
- C'est un excellent conducteur d'électricité.
Jason brandit son javelot et le plafond vola en éclats. Un éclair fendilla le toit comme s'il s'agissait d'une simple coquille d’œuf, toucha la pointe du javelot de Jason, puis ricocha en arcs d'énergie électrique qui déchiquetèrent les canapés. Des blocs de plâtre se détachèrent du plafond. Le lustre grinça, sa chaîne rompit et Midas hurla quand il le reçut sur les épaules. Le cristal se changea immédiatement en or.
La veille, quand il avait invoqué la foudre, les réactions des pensionnaires lui avaient paru familières. Il était sûr de se confronter à ce genre d'attitudes depuis longtemps : des gens qui le regardaient avec crainte et respect parce qu'il était le fils de Zeus pas du tout pour ce qu'il était. Tout le monde s'en fichait de lui ; seul comptait son grand épouvantail de père qui se dressait derrière son dos en brandissant l'éclair de la fin du monde, l'air de dire : "Respecte mon môme ou je balance le jus !"
Même les caïds les plus endurcis vous toléraient et vous gardaient dans votre entourage parce qu'ils vous trouvaient drôle. En plus, l’humour était une bonne façon de cacher la douleur. Et puis, si ça ne marchais pas, il y avait toujours le plan B. Fuir. Encore et toujours.
-Pour lui qui? demanda Léo. De qui tu parles?
-De mon copain, répondit Annabeth, le visage grave.Il a disparu au moment où Jason est arrivé, pratiquement. Si Jason est venu à la Colonie des Sang-Mêlé...
-Exact, dit Jason. Percy Jackson se trouve à l'autre colonie, et il ne sait sans doute même plus qui il est.
Il descendit prudemment dans le cratère et s'approcha de la cuve. Les effluves étaient étourdissants et les yeux de Léo se mirent à larmoyer. Il se souvint d'une fois où Tia Callida (alias Héra) lui avait fait hacher des piments rouges à la cuisine et où il s'était mis du jus dans les yeux. Une brûlure horrible. Bien sûr, elle lui avait dit un truc du style : "Encaisse, petit héros. Les Aztèques du pays de ta mère punissaient les enfants qui faisaient des bêtises en les suspendant au-dessus d'un feu rempli de piments. Ils ont élevé beaucoup de héros de cette façon."
Folle à lier, cette bonne femme. Léo était super-content de se lancer dans une quête pour la sauver...
Si seulement il pouvait invoquer la foudre, ne serait-ce qu'un seul éclair... mais il était déjà épuisé et l'effort risquerait de l'achever. Il ne savait même pas si le géant craignait l'électricité.
"La mort au combat est une fin honorable", dit la voix de Lupa.
Quel réconfort, pensa Jason.