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On ne peut pas noter ce " nouveau roman", ça échappe à toute norme.
Dans son ambition, c est parfait, totalement réussi...mais à quoi bon ? A quoi bon ?
Dans une plantation, un narrateur indéfinissable observe A., qui est ? prendre l apéritif avec Franck, le voisin, venu sans sa femme,Christiane, qui supporte mal le climat...A partir de là, impossible de reconstituer une chronologie quelconque des événements, l ecrasage d un mille-pattes sur le mur de la salle à manger par qui ? Sur quel mur ? Pourquoi ? Et la course en ville de Franck et A. avant, après l apéritif, combien d apéritifs, de dîner, de mille-pattes... Etc etc...
Robbe-Grillet nous invite à nous interroger sur l attendu textuel : jalousie= roman sentiment personnages couples amours...il y a bien un trio, mais il y a surtout les jalousies par lesquelles le narrateur(?) observe A. A nous interroger sur l illusion romanesque : personnages, intrigue , cadre, chronologie, tout cela est savamment détruit et le lecteur se perd. Bon, d accord, on est renvoyé à notre statut de lecteur en proie à l hallucination de la fiction...Mais on le savait, on est dupes et contents de l être ...
Un métatexte se construit par la répétition obsessionnelle des mêmes mots "tache"," mille-pattes " ...et des mêmes scènes avec leurs variations...Et on tente encore de se raconter une histoire, le narrateur est fou, le narrateur ressasse, l auteur se fiche de nous. La maison est impossible...Si, elle est possible. Par contre, le temps, non. Bref, si on plonge vraiment dans le texte, c est un abime sans fond qui s ouvre...totalement stérile.
Bref un objet parfait, une expérience poétique, pas un roman, mais dans quel but ? C est sans issue.
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Première incursion que je fais dans le "nouveau roman". Après une mise en route un peu difficile, ne voyant pas trop où voulait en venir l'auteur à travers ces longues descriptions architecturales de la maison, je me suis laissé aller à cette intrigue. Peu à peu, on se laisse envahir par la présence des personnages, dans cette Afrique coloniale où leur vie semble en suspens. On sent que le tragique va survenir à travers le déroulement du quotidien et des contingences qu'ils doivent affronter. L'auteur décrit très bien cette ambiance. Il faut juste accepter le style, très descriptif, très répétitif.
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En sous-main, la folie. Apogée d0objectivité, sommet de subjectivité. Roman parfait. Tout est indécidable, tout est vrai, tout est faux et le personnage principal n'en est pas un. Indéniablement, après Les Gommes et le Voyeur, Robbe-Grillet pond son chef-d'oeuvre (le seul, la suite n'est plus parfaite). Enfin, et uniquement dans ce roman, tout est remis sur le tapis. Plus rien ne fonctionne. Tous les repères sont perdus et le lecteur, même à la relecture, est paumé. Il se pose la question idiote ("qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ?") en se rendant compte qu'elle est idiote, mais il se la pose quand même. Peut-être ne s'est-il rien passé et ne sont-ce, étalés sur plus de deux-cent pages, que les délires obsessionnels d'un mari jaloux, qui pourtant n'en est pas un. Il ne se serait encore plus rien passé s'il n'y avait pas de mari. C'est peut-être même A... (Annie, Amélie, Alexandra ?) qui se raconte l'histoire. Rien ne l'indique, mais rien n'indique rien. Autre question (il n'y a que des questions) : qui est mort, assassiné, suicidé ? A qui est la tache de sang ? Qui est le mille-pattes ? Encore une question : à quoi bon ? Réponse, insatisfaisante : tout est dit à propos de la jalousie, dans ce roman, parce qu'il n'est jamais dit que ce qui est dit l'est à cause de la jalousie. Dire "je suis jaloux", c'est ne plus être jaloux. Ici il n'est ni dit "jaloux" ni dit "je suis". Personne n'a rien dit, d'ailleurs, et je n'ai rien écrit.
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La Jalousie s'adresse à un lecteur curieux capable de comprendre la notion de point de vue en littérature . On ne saura rien de celui qui observe et décrit, ni son nom, ni sa situation. le quatrième de couverture nous dit que c'est un mari qui surveille sa femme, mais ce pourrait être aussi bien un fantôme dont on dresse le couvert. Il ne parle pas, on l'ignore, il ne fait pas de bruit.
Il décrit les choses et les êtres. C'est un regard qui constate la présence mais aussi l'absence.
La topographie de la plantation est si soigneusement décrite qu'on a l'impression d'y avoir demeuré. Il capte des détails pour capturer le réel.
Il observe le jeu de séduction entre A..., la femme du récit, dont la féminité attire le regard, et Franck, le propriétaire d'une plantation voisine, qui vient sans son épouse Christiane, prendre l'apéritif ou dîner. Ils sont servis par le boy. Les soirées se finissent dans l'obscurité complète sur la terrasse.
Il y a une attention extrême à ce que nous voyons tous les jours. Les détails infimes auxquelles nous ne prêtons pas attention. Une volonté de saisir le monde avec des phrases. En le pétrifiant dans des paragraphes, on le possède, on a un pouvoir sur lui. le fait de décrire ou de se souvenir de choses auxquelles les autres ne prêtent pas attention donne un sentiment de maîtrise. Mais on a jamais accès aux pensées de l'autre. On ne peut que deviner, se tromper peut-être.
Les visions, les obsessions se succèdent. Jusqu'à brouiller la chronologie. La scène du scutigère écrasé, le cognac versé, les ouvriers à l'extérieur, les sons des grillons, la femme à sa coiffeuse, la main aux doigts effilés... Comme dans un esprit jaloux qui traque les mêmes souvenirs, les mêmes scènes. Ce que fait le "regard" du récit, tout amoureux obsessionnel a pu rêver de le faire. Saisir la moindre image fugace d'un être aimé et l'épingler avec des mots, comme pour en épuiser le mystère.
On ne va pas mentir, ce n'est pas un livre qui vous emporte mais c'est une expérience de lecture que je ne regrette pas d'avoir fait. Il me reste des images très fortes, la plantation, la maison, l'acuité du regard du narrateur. Une immobilité qui ressemble à celle de notre vie de tous les jours. Nos moments de vide dans une journée, l'ennui sans lequel les moments forts n'auraient pas la même valeur.
Si nous réfléchissons un peu, ce roman qui semble expérimental est au fond plus proche de nos vies que d'autres. Nous vivons chaque jour de manière répétitive, sans trop de péripéties, nous voyons chaque jour les mêmes choses, que ce soit les rituels des gens autour de nous ou cette reproduction au mur, ou la forme des objets usuels, ou cette fissure dans un mur, cette tache sur la route....Alors ce récit qui se passe dans les colonies prend donc une valeur universelle. D'ailleurs, c'est un livre que je conseillerai aux apprentis écrivains qui peuvent s'inspirer des techniques de description ultra précises de Robbe-Grillet.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Il faut saluer l'effort pour innover et trouver de nouvelles manières d'écrire un roman. J'aime certaines des techniques utilisées, comme la répétition d'évènements, le désordre chronologique, et la transition d'une scène à l'autre par un effet de dégradé (toutes trois utilisées avec plus de succès dans La route des Flandres de Claude Simon), et même le coup du personnage-narrateur qui s'exclue lui-même de ce qu'il raconte ; mais tout ça aurait été plus captivant si ça avait été raconté de manière plus humaine, moins descriptive, moins sèche et avec une prose plus intéressante. le style d'écriture est volontairement plat et insipide ; les descriptions sont passives et fades mais très précises dans des détails insignifiants : des pages et des pages à compter des bananiers, à déterminer la forme géométrique des parcelles (si elles sont plutôt carrées ou rectangulaires ou trapézoïdales), à mesurer la hauteur de la maison, de la terrasse et des arbres, à déterminer l'orientation du soleil par rapport à la maison et de la maison par rapport à la vallée et l'angulation de la vallée par rapport aux rangées de palmiers ; et encore des pages de peinture écaillée, d'orientation de l'ombre, et bien sûr, d'architecture et d'agencement des fenêtres et des pièces dans la maison, de manière à pouvoir en dessiner un plan minutieux.
En fait, j'ai pris autant de plaisir à lire ce livre qu'une notice de montage Ikea. Quoi que les notices ont une intrigue, car elles racontent l'histoire de la création d'une étagère : il y a un début et une fin, et on en vient même à ressentir quelque chose ! La curiosité excitée du départ devient vite frustration, mais se termine en fierté d'avoir réussi un petit exploit, avant de comprendre avec horreur que ça ne correspond pas du tout au schéma. La jalousie, par contre, j'ai beau me forcer, mon esprit refuse de s'investir, de rester sur le texte, comme s'il trouvait offensante l'idée de subir sa placidité apathique une seconde de plus.
Dans La salle de bain, de Jean-philippe Toussaint, le protagoniste dit : "L'immobilité n'est pas l'absence de mouvement, mais l'absence de toute perspective de mouvement, elle est mort. La peinture, en général, n'est jamais immobile. Comme aux échecs, son immobilité est dynamique. Chaque pièce, puissance immobile, est un mouvement en puissance. Chez Mondrian, l'immobilité est immobile. Peut-être Est-ce pour cela qu'Edmondsson trouve que Mondrian est chiant."
Je ne connaissais pas Mondrian, j'ai donc imaginé ce que moi je trouvais chiant et immobile comme tableau : les natures mortes. Avec le recul, je me dis que j'aurais du imaginer un roman de Robbe-Grillet.

Tout est volontairement dénué du moindre sentiment humain, pour être plus objectif ; bravo, promesse tenue, mais quel ennui.

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Roman formaliste donc ennuyeux car privé d'histoire ? Robbe-Grillet prouve que la forme est elle-même créatrice d'histoire(s). C'est parce que le narrateur s'obstine à décrire méticuleusement et scrupuleusement les objets et les formes qui se présentent à ses regards, que ce soient un mille-pattes, une balustrade, une écaille de peinture ou une jalousie, que cela devient le récit de l'obsession amoureuse. C'est parce que le narrateur ne différencie pas l'homme réparant un pont en bois avec la plantation qui se dessine derrière lui, ou avec le chant des oiseaux au petit matin, que cela devient le récit de l'exploitation coloniale. Un roman génialement inventif !
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Le plus grand exemple de littérature objective. ou son contraire ?
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"La Jalousie" (1957) peut être considéré comme un exploit narratif. Il s'agit du troisième roman de Robbe-Grillet (le quatrième si l'on prend en compte "Un Régicide", son premier récit, qui fut publié plus tard).
Nous sommes très vite plongés dans un état d'incertitude, pour ne pas dire de malaise, en raison de cette caractéristique narrative que je m'interdis de dévoiler pour ne pas divulgâcher… à vrai dire, cet exploit n'est pas la seule perturbation qui vient brouiller notre lecture, il y a aussi la manière dont Robbe-Grillet joue avec le temps : il est en effet quasiment impossible de reconstituer la succession des événements, certains étant d'ailleurs racontés plusieurs fois, avec des variantes…
Cette incertitude contraste avec les descriptions minutieuses des lieux, avec cette stabilité, cette matérialité du monde environnant, lequel apparaît dès lors totalement indépendant de nous, dénué de la moindre connivence avec le narrateur, comme avec le lecteur. C'est une constance, chez Robbe-Grillet, de séparer l'homme et le monde, qui lui est extérieur, étranger. D'où sa critique très pertinente de la célèbre page de "L'Étranger" de Camus, la scène du meurtre (à lire dans « Pour un Nouveau Roman ») …
Les caractéristiques formelles qui apparaissent dans "La Jalousie" pourraient être considérées comme gratuites, comme une volonté du jeune romancier de bousculer les codes du roman traditionnel. Cette volonté est certes réelle, et l'auteur la revendique dans son essai déjà cité. Mais il y a plus que cela : les incertitudes liées à la narration prennent tout leur sens si on les relie au titre du roman dont c'est le thème. Ce sentiment, dont Spinoza aurait probablement dit qu'il s'agit d'une passion triste, plonge un individu dans la perte de soi, ce qu'exprime parfaitement bien l'effacement du narrateur, personnage invisible, dépourvu de nom, qui devient presque inexistant.
La réduction à l'inconsistance, la noyade dans l'incertitude, voilà où nous mène la jalousie
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Ceci n'est pas un roman. Ceci est une histoire qui se résume en une ligne ou deux.
Ou alors on peut appeler ça un roman didascalique.
Ou alors c'est comme si on décidait que les notes de bas de pages prenaient la place de la page et de son contenu conventionnel.
C'est comme certains disent et comme vous pouvez en faire un constat vous-même, vous découpez tout en menu morceaux et que l'objet ou le sujet perd ainsi tout sens, n'existe plus. Déconstruction par la surdescription. Parce que c'est ça, ici, Robby décrit tellement son sujet, qu'il n'y en a plus.
C'est un sacré exercice de style. Mais passé le moment de "surprise", c'est chiant.
Et il n'est absolument pas question de jalousie, si ce n'est celui ou celle du système de volets permettant en principe aux personnes à l'intérieur de voir sans être vues, ce qui est EXACTEMENT l'inverse dans ce roman. "Tout" est "vu" et d-écrit de l'extérieur, avec une froideur parfaite. Aucun sentiment. Les sentiments seront obtenus de surcroît. Selon ce que l'un ou l'autre projettera de sa lecture.
L'ennui peut en être un.
C'est le risque. Pour le lecteur comme pour l'auteur.
Robby, lui, il aime le risque.
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Oserai-je avouer qu'à la fin du roman je n'avais rien compris ? C'est donc en lisant quelques critiques après avoir lu le roman que j'ai enfin compris un peu mieux ... il faudrait peut-être que je le relise maintenant ... mais rien ne justifie que je sois puni deux fois ...
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