A l'heure où les rayons de soleil et les gouttes de pluie viennent lécher pour les uns, les corps dénudés de vacanciers apathiques, ou pour les autres, les K-Way chiffonnés d'estivants contrariés, qu'il est doux de s'offrir quelques lignes coquines ou sentimentales. Après ses quatre «
contes coquins des quatre saisons » publiés dans la collection des Histoires pédées du Collectif Pou,
Alban Robin nous sert cette fois dix contes dans lesquels il vient à nouveau nous titiller l'imagination de sa plume légère et libertine.
Qu'on se le dise les cinq premiers contes qualifiés d'homoérotiques ne sont pas à mettre devant des yeux qui s'offenseraient de la crudité des mots du sexe. Un chat est un chat et on n'en attend pas moins de textes destinés à chatouiller la libido d'un lectorat averti, amateur de plaisirs invertis. Ici, les mots réveillent et les sens et la nature, vectrice du merveilleux qui rend contes ces textes coquins. On y croise le serpent tentateur d'un Adam à mille lieues de chercher son Eve, un Barbe Rose qui voit venir bien d'autres choses que la soeur Anne, des algues salaces, une fourmi lubrique et enfin l'ombre ardente d'un buisson qui ne l'est pas moins. La nature est enchanteresse, l'homme en est la victime consentante et le lecteur de plage prendra soin de lire l'ensemble allongé sur le ventre pour ne pas exposer à ses congénères l'émotion bien naturelle qui le traverse à la lecture de ces histoires pleine de vits. Mission réussie.
Les cinq contes homo-romantiques qui suivent sont plus sages et seuls s'en offusqueraient les allergiques à l'amour. Car c'est de cela qu'il est question dans les contes cuculs, d'amour et, encore une fois, de ce rapport à la nature qui lie les dix histoires contées par
Alban Robin. le feu, l'air et l'eau s'harmonisent pour faire naître des amours masculines d'une étincelle, d'un vent, d'un nuage ou de flocons… On sent que l'auteur manie avec plaisir les mots et les symboles pour construire des histoires originales, mais un peu trop courtes à mon goût. On ne le répètera jamais assez, la qualité du moment n'est pas proportionnelle à la taille de l'objet du plaisir, mais toute de même, la brièveté des contes m'a parfois donné cette impression de fin abrupte, quand j'aurais voulu suivre davantage les Valentin, Pablo, Joseph, Justin et autres princes touchés par l'Amour. Mais c'est finalement l'exercice du conte qui veut cela, alors je croise secrètement les doigts pour que d'autres contes, des nouvelles, des romans naissent un jour sous les doigts concupiscents d'un
Alban Robin aux mots aussi érotiques que romantiques.