A l'époque où
Denis Roche écrivit cet OLNI, cet objet littéraire non identifié, la photographie était encore basée sur les appareils argentiques (vous savez, ces machins où il fallait mettre un rouleau de pellicule, qu'il fallait ensuite faire développer, et attendre patiemment le retour du labo). Que dirait-il aujourd'hui, où les smartphones sont devenus le principal outil de prise de vue? Probablement les mêmes choses, ce livre n'a pas pris de rides.
Denis Roche a expérimenté le selfie bien avant l'heure. Il utilise couramment le retardateur, réglé sur 30 secondes. Il explique que cette option lui permet de se prendre en photo sans prendre la pose : au bout de 30 secondes, dit-il, on a oublié que l'appareil va se déclencher, cela permet donc de se découvrir soi-même. Indubitablement, il y a un style photographique
Denis Roche.
Depuis longtemps je m'interroge sur ce qui nous pousse, nous les humains à prendre des photos. Désir de figer un instant dans l'éternité, de (se) prouver qu'un instant, un évènement, une personne, un objet, ont réellement existé, comme le disait Barthes avec son fameux "ça a été"?
A cette question existentielle,
Denis Roche apporte quelques réponses originales. Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer une: la photographie, c'est comme le sexe. Ce n'est pas l'acte de prendre une photo, en lui-même, qui apporte de la satisfaction: c'est le fait de savoir que cet acte, on va pouvoir le répéter. (Je me suis toujours demandé pourquoi il y a beaucoup plus de photographes masculins que féminins, que ce soit parmi les amateurs ou les pros: en voici peut-être une des raisons?)
On comprend grâce à
Denis Roche que la photographie a son propre but, sa propre culture, et qu'il est totalement vain de la comparer à un autre art tel que la peinture ou la sculpture.
Je ne vous dirai pas pourquoi ce livre a pour titre "la disparition des lucioles"... à vous de le découvrir!