AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 99 notes
5
28 avis
4
13 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il n'aura suffi qu'un thème : la vieillesse, l'Ehpad et une auteure : Marie-Sabine Roger pour savoir d'emblée que ce livre serait un coup de coeur.

Cette lecture m'a tiraillée le ventre tout du long tant il est le reflet d'une réalité nauséabonde, la fin de vie où l'autonomie se réduit à néant jour après jour dans un mouroir où les cris remplacent les voix mélodieuses d'une famille aux abonnés absents.

Marie-Sabine Roger nous confie ses peines, ses impuissances, ses arrêts sur image qui choquent, anéantissent l'espoir de vivre centenaire heureux et en bonne santé, elle se cogne douloureusement aux murs d'une vieillesse où tout s'éteint à petit feu.

Ce récit est une claque, il est douloureux, doublement difficile car il fait écho à ce que j'ai vu, enduré, fait endurer faute de moyens et de courage d'aller plus loin dans l'assistance.

L'auteure n'y va pas par quatre chemins. Elle réveille les démons de l'âge d'or, les clowns dans leurs habits XXL, les fantômes au visage de cire, les loups qui crient la nuit, ceux qui frappent, ceux qui abdiquent faute de temps et d'humains.

L'auteure s'en sortira certainement plus forte que moi de ces épreuves car elle clame aimer la vie et être dotée du meilleur remède anti-angoisse : l'émerveillement.
Vieillir pour devenir un jour orphelins puis grabataires et pire, dépendants de la becquée de son enfant, ce sont des images qui m'assaillent et me font penser que nous ne naissons pas tous égaux.

« Je dis que je vais bien, et vous devez me croire. Pourtant ma mère est morte, et la vie continue. »

🎬 de fin.
Commenter  J’apprécie          12417
Un grand merci à Babelio et aux éditions L'Iconoclaste...

Après avoir passé cinquante ans dans sa grande maison familiale qu'elle a, évidemment, trouvée bien trop grande et bien trop vide après la mort de son mari, il a fallu qu'elle se résigne à la quitter. Installée dans un petit appartement qu'elle ne s'est jamais approprié malgré les quelques objets si familiers, il a fallu, au bout de huit ans, le quitter à nouveau. Un véritable déchirement puisque, cette fois, elle est placée dans un Ehpad... Mais aussi un déchirement pour sa fille, Marie-Sabine, qui, éloignée de huit heures de route, peut parfois espacer ses visites de plusieurs semaines. Au fil des mois, elle se rend compte que, peu à peu, le comportement de sa mère change : elle peut se montrer froide, voire agressive, sa mémoire, peu à peu, s'effiloche et elle a besoin, dorénavant, d'un déambulateur... Comment garder alors, au plus près de soi, sa mère, comment tenter de renouer avec elle si ce n'est en écrivant, au fil des jours, un journal ?

Pour la première fois, l'auteure de dizaines de romans (pour petits et grands) se livre, tout en pudeur et sensibilité, sur celle qui, immanquablement, la quittera et sur les liens, parfois tendus et distendus, qui les unissent. Comme dans une certaine forme d'urgence, pour ne rien oublier, elle tient un journal. Elle y relate aussi bien la fin de vie de sa mère (changements physique et psychologique), les relations compliquées entre elle, l'amour qui ne se dit pas. Plus largement, elle revient sur les personnes âgées, les conditions de vie dans les Ehpad (faute de moyens, de temps, de personnel), ces parents, parfois seuls et désemparés, qu'on a l'impression d'abandonner. Marie-Sabine Roger nous offre un très beau texte, pudique et poignant. de son écriture si sensible et douce, elle a su trouver les mots pour témoigner de tout l'amour qu'elle porte à l'irremplaçable qui s'en est allée...
Commenter  J’apprécie          895
Maman est morte au mois de juin.
Elle avait quatre-vingt-treize ans.
Maman si élégante et raffinée, l'esprit toujours vif et acéré, acceptait difficilement la dégradation physique et disait en avoir assez de vivre.
Pourtant dans les moments les plus critiques elle refusait d'aller à l'hôpital, sachant que quitter sa maison lui serait fatal.
Un jour son infirmière s'est faite plus insistante encore (une façon de se déresponsabiliser sans doute).
Maman a cédé, moi aussi.
Je regrette bien sûr, même si je pense que les jours à venir auraient été de plus en plus compliqués pour cette vieille dame au caractère bien trempé que rien ne semblait impressionner. Pas même la mort, au point que je la pensais indestructible.
Marie-Sabine-Roger commence son récit par « Je dis que je vais bien, et vous devez me croire. Pourtant ma mère est morte et la vie continue », Marie Sabine Roger a raison (d'ailleurs tout ce qu'elle raconte est parfaitement juste) la vie continue et je vais bien même si maman s'en est allée et que j'ai le coeur brisé.
Commenter  J’apprécie          8812
Comme une dernière lettre d'une fille à sa mère, Marie-Sabine Roger raconte les deux dernières années de vie d'une mère qui rentre en Ehpad à l'âge de 92 ans, avant qu'elle ne décède avant le confinement.

Pendant deux années, Marie-Sabine Roger visite sa mère chaque mois et constate l'effet de cette nouvelle "maison" sur sa mère. Une mère rendue incontinente, grabataire, une mémoire qui part en fumée, une dépression qui s'ensuit, des pleures et des cries qui s'installent.

Malgré le silence qui s'installe entre les deux femmes, Marie-Sabine Roger chercher à renouer les liens avec une mère qui a toujours été distante, peu chaleureuse avec sa fille.

"Dernière visite à ma mère" c'est les mots posés sur du papier, des mots que l'auteur n'a jamais osé prononcer et dire à sa mère. Dans un style sombre, touchant, Marie-Sabine Roger fait de ce sujet universel (la vieillesse, les conditions en Ehpad, les rapports entre parents/enfants) un récit ultra-personnel qu'elle nous livre avec sensibilité et délicatesse.

A travers les mots, l'auteure veut montrer que l'accompagnement des personnes âgées doit se faire dignement, avec plus de tact et de moyens, que la France a énormément de retard faute de subvention, de crédit par l'Etat et de personnel.

Un récit intime, une émotion poignant à fleur de peau, une bouteille jetée à la mer avec comme message de ce dire "je t'aime" avant qu'il ne soit trop tard...
Commenter  J’apprécie          330
MARIE SABINE ROGER choisit dans son dernier roman le thème de la vieillesse. Elle aborde avec pudeur le placement de sa maman en EHPAD à 92 ans.

Cela faisait longtemps, trop longtemps que je n'avais pas lu un roman de cette auteure. Et cette tristesse qui est quasiment présente dans le tout le roman m'a transcendé.

Les yeux souvent brouillés de larmes je devais me ressaisir avant de reprendre ma lecture.
Ce thème de la vieillesse m'a frappé de plein fouet. C'est douloureux.

Cette lettre que MARIE SABINE ROGER écrit à sa mère est pleine d'émotion mais aussi de rancoeur sur les fins de vie dans les EHPAD

Un livre déchirant et saisissant de vérité.

C'est malgré tout un magnifique témoignage qui m'a bouleversé qui est rempli de tendresse et d'amour.
Commenter  J’apprécie          270
Quand on ouvre un livre de Marie-Sabine Roger, on sait qu'il va y avoir un chamboulement émotionnel.
Quel livre !!!
Descendre marche après marche cette descente vers la vieillesse, vers un enfer et y trouver de la lumière. Ce livre est lumineux et sombre à la fois. Tout en pudeur, il est éblouissant.
Un récit intime rempli d'une émotion à fleur de peau.

« Depuis longtemps, j'ai trouvé le remède à l'angoisse, ce remède facile qu'est l'émerveillement. Je ne vis pas dans la béatitude, je crois être consciente du monde qui m'entoure, avec sa dureté, ses injustices, et sa folie rampante. Je ne glorifie en vain ni la terre porteuse ni notre espèce humaine, parasite, égoïste, ingénieuse. Je ne suis plus tellement naïve. Parfois la vie m'érafle, parfois elle m'égratigne, me blesse au plus profond, mais j'ai toujours la foi.
Pas la foi religieuse, non, une foi d'un autre ordre, enfantine, disposée à l'étonnement, encline à l'ébahissement.
Ma gratitude vient du spectacle qui m'entoure. »

« La vie est un bien précieux. C'est aussi un mal incurable.
Personne n'en guérit jamais. »

«Je dis que je vais bien, et vous devez me croire. Pourtant ma mère est morte, et la vie continue. »
Commenter  J’apprécie          271
Le thème se banalise: on ne laisse plus partir "les vieux" on les maintient en vie mais quelle vie, si on est dépendant; les ehpad arrivent dans les romans ainsi que la maladie d'Alzheimer et d'autres qui font perdre l'autonomie. Marie-sabine Roger, autrice de nombre de bons romans pour adultes et jeunesse, se lance ici dans un récit intime où elle accompagne sa mère en fin de vie. Veuve, la vieille dame vend sa maison devenue trop grande: c'est l'abandon de 50 années de souvenirs; elle va vivre dans un petit appartement , à 83 ans; puis ce sera l'Ehpad qui lui donne envie d'en finir
L'autrice écrit au Je et tutoie sa mère, même si elle n'est plus en état de répondre ni même de comprendre. La relation mère/fille n'a pas toujours été facile, un vrai dialogue n'a jamais été possible et les regrets apparaissent: elle ne lui a pas dit (ou pas assez) combien elle l'aimait.
Ce livre est sans pathos mais plein d'émotion; elle a les mots pour dire ce que nous sommes nombreux à avoir vécu." Beaucoup de noirceur dans ses lignes, mais la lumière existe, aussi".
Superbe!
Commenter  J’apprécie          276
💐 « Irremplaçable, tu l'es, oui. Qui peut remplacer une mère ?
Pour autant tu es une énigme que je n'aurai jamais résolue.
Aujourd'hui, tu m'as dit que ta mère avait été le grand amour de ta vie, et c'était touchant de l'entendre, de comprendre que tu es restée une petite fille.
J'y trouve même peut-être l'amorce d'une piste.
Peut-on être mère, vraiment, en ayant été fille à ce point là ? »
(P.30)

💐 Comment affronter la vieillesse d'une mère, le déclin d'une femme, l'impuissance d'une fille ? Marie-Sabine Roger écrit ce roman d'amour intime, elle y met ses doutes et ses peurs, ses craintes et ses espoirs, ses regrets et ses remords. Elle y met tout l'amour inédit, inouï, jusque là tu, gardé à l'intérieur, par amour-propre, par pudeur, par habitude. On vit des années à penser que l'essentiel est dans les gestes, les attentions, les mots et les cadeaux, mais on ne se rend jamais compte que les mots dits, la pensée formée, le verbe est primordial pour dire son amour à l'autre, surtout quand il s'agit d'une mère. Avec beaucoup de délicatesse, l'auteure raconte sa mère, sa vie dès son déclin en 2017, quitter la maison familiale et rejoindre cette prison dorée, le fameux Ehpad. le début de la fin.

💐 le début de la dépendance, la fin de l'autonomie. A trop vouloir assister, on réifie les personnes, elles perdent l'usage des mots, des mains, alors elles crient parfois, elles se taisent et font rouler leurs yeux, elles protestent comme elles peuvent, si tant est qu'on les écoute encore …

💐Aussi beau et fascinant est l'apprentissage, aussi laid et violent est la chute, la décadence. On n'apprend jamais à désapprendre, à ne plus pouvoir marcher, à ne plus pouvoir parler, à être seul(e), à survivre. On sauve des vies de la mort par devoir, mais quand on réchappe d'une mort certaine, quand on n'est plus que l'ombre de ce que l'on a été, est-ce que cela vaut vraiment la peine ?

💐 Un merveilleux roman d'une douceur incomparable.

💐 « La vie est un bien précieux. C'est aussi un mal incurable. »
(P.112)
Commenter  J’apprécie          250
Ce livre je l'attendais avec impatience, j'espérais un beau rendez-vous, et Marie-Sabine Roger ne m'a pas déçue.
J'ai retrouvé son écriture fine, délicate, sensible. Mais ici point de voyage en terre imaginaire, exotique et poétique comme dans Loin-Confins (bien que la deuxième partie ce livre nous ramène brutalement dans la réalité d'une fin de vie, comme annonciatrice de ce livre). Rien de tout cela, c'est bienvenue aux portes de la mort, dans un enfer qui se nomme ehpad, un comme parmi tant d'autres en France.
Ehpad, USLD, hôpital, dans ces mondes en marge des vivants, il n'y a que l'attente, l'attente des visiteurs qui ne viendront pas, du médecin qui ne passera pas, des soignants aux abonnés absents quand on a besoin d'eux et surtout l'attente ultime de la grande faucheuse.
Je m'étais emparée de quelques post-it posés à côté de moi, pour garder en mémoire une phrase, un passage. Tout mon paquet de post-it y est passé, presque un à chaque page.
A chaque phrase, le mot juste, je hoche la tête, je me souviens, oui cette pensée je l'ai eue, cette phrase j'aurais pu la dire, l'écrire. Je suis dans les pensées de Marie-Sabine Roger et pourtant j'ai l'impression que c'est moi qui parle. Elle a eu le courage de dire, d'écrire sans colère, ses sentiments et sa souffrance.
Quel soulagement de les voir couchés sur le papier par une autre que moi, et l'impression qu'ils sont finalement communs à tous ceux qui ont traversé cette épreuve terrible de voir l'être tant aimé, notre père/mère s'enfoncer dans la démence. Démence, je me souviens exactement de ma stupeur en entendant le médecin prononcer ce mot à ton sujet, Maman. Je la regarde avec des yeux ronds, de quoi parle-t-elle ? Mais non, ma mère n'est pas folle. Il y a bien quelques signes, mais ils restent encore discrets et surtout je suis dans un déni terrible, je ne veux pas les voir et m'invente des explications rationnelles.
Moi aussi, je t'ai abandonnée dans un hôpital lugubre, je savais que tu n'en sortirais que les pieds devant. Sans surprise, c'est ce qui s'est passé en janvier 2020. Moi aussi je t'ai remerciée d'avoir eu la bonne idée de partir avant l'arrivée de la pandémie. Ni toi ni moi ne l'aurions supporté. Comme j'ai pensé à toutes ces familles, leurs angoisses de ne plus pouvoir parler aux personnes chères à leur coeur, … Car quand la démence est là, l'appel téléphonique n'est plus possible. le téléphone est trop loin, le combiné trop lourd, comment s'en sert-on ? Tu aurais regardé la porte les yeux dans le vague, espérant que je viendrais te voir, et je ne serai jamais venue. Je n'aurai pas pu te dire un dernier adieu, toi devenue si petite, qui t'étais tant rétrécie, perdue dans ta boite en bois. Là oui, tu semblais enfin apaisée, et j'ai pu garder cette dernière image d'un visage serein après tant de souffrances endurées sans mot dire.
Une grande pudeur dans ce témoignage, pas de plainte ni de misérabilisme malgré les épreuves. Une foi en la vie, une volonté de se raccrocher aux petits bonheurs quotidiens pour continuer à avancer, nous aussi vaillants petits soldats, vers notre destinée bien incertaine. Un grand merci à Marie-Sabine Roger. Un seul regret, j'ai trouvé ce livre bien trop court…
Commenter  J’apprécie          257
Le talent de Marie-Sabine Roger n'a plus besoin de me convaincre. Drôle dans "Bon rétablissement" et "Trente-six chandelles", elle devient touchante dans "La tête en friche" et dans son dernière livre "Dernière visite à ma mère". En seulement 133 pages, l'autrice vise en plein coeur, nous ouvre les yeux sur certaines dérives du monde médico-social. La difficulté de ne pas pouvoir lutter contre beaucoup de désagréments liées à l'âge. La difficulté de voir ses parents mourir dans l'indifférence presque totale. 

"Dernière visite à ma mère" peut facilement se lire d'une traite mais j'ai aimé le faire durer.
Commenter  J’apprécie          210





Lecteurs (219) Voir plus



Quiz Voir plus

Et tu te soumettras à la loi de ton père, de Marie-Sabine Roger

. Comment s’appelle le petit frère de l’héroïne de l’histoire ?

Pierrot
Yoan
Fabien

10 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Et tu te soumettras à la loi de ton père de Marie-Sabine RogerCréer un quiz sur ce livre

{* *}