La théorie du chien perché

Comment on dessine le doux?

Ça m'a foutu un drôle de vertige, me dire que j'étais dans un monde si grand que même si je me mettais à courir ventre à terre, toute ma vie durant, je pourrais jamais voir toutes les niches qui existent. Et puis, d'un coup, j'ai compris qu'une vie de chien, c'était jamais qu'une vie d'homme à ras de terre. En plus libre de faire ce qu'on a envie, c'est d'accord.
Mais on voit pas loin devant soi, comme vue. Jusqu'au portail, pas davantage.

On a fini le « mais soudain ». Cette mamie tourne la page.
« C’est alors que… »
Elle lit bien cette mamie elle s’arrête quand ça tape dedans le cœur – je suis pas mal juste ça tape – c’est du tape qui fait du bien – cette histoire de cette mamie c’est troooop bien.
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]

Pourquoi c'est toujours difficile ? Pourquoi c'est toujours des lapins enfermés dans des cages ou des livres, des Tania qui crient avec leur grande bouche, des mots coincés qui peuvent pas sortir, des mamies qui restent pas avec moi qui s'en vont [.......].
Pourquoi c'est toujours toujours toujours si difficile ? [le troisième toujours est en italiques dans le texte]
Pourquoi ça peut jamais aller un peu seulement bien ? [bien est en italiques dans le texte]
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]

Moi, des fois, j'aime les bisous. Ou alors pas. Quand c'est des bisous d'arrivée je les aime. Quand c'est des bisous de partir, j'aime pas. Et pas. Et pas. [Et pas. Et pas. en italiques dans le texte]
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]

Cette feuille est blanche. Je veux dessiner des lapins pareils que Fifine.
Comment on dessine, le doux ? [Doux est en italiques dans le texte]
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]

Mais je sais jamais dire : ça me reste planté en travers de la bouche, comme les gros paquets d'arêtes de poisson. Les mots, y sont toujours cramponnés à ma langue, ça refuse de sortir. J'ai beau secouer la tête ils restent là, coincés, coincés. Coincés.
[ tirée de la nouvelle " Je suis plein d'autres aussi " ]