Une formule modernisée
Racine a puisé son inspiration chez Suétone (Vie de Titus) pour écrire Bérénice en 1670. Il mit cet alexandrin dans la bouche d’Antiochus : « Titus, pour mon malheur, vint, vous vit et vous plut. » Avec Racine, le coup de foudre amoureux prend le pas sur le triomphe des armes. En 1856, Victor Hugo titra un poème des Contemplations de façon plus apaisée : Veni, vidi, vixi (« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu »). Sous l’Occupation (1940-1944), quelques audacieux écrivirent sur les murs Veni, vidi, Vichy, façon de railler le maréchal Pétain, qui n’avait plus les épaules d’un vainqueur.
Rien ne m'est plus, plus ne m'est rien.
(Valentine Visconti, en 1407)
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;
L’ onde s’enfle dessous, et d’ un commun effort
Les Mores avec la mer montent jusques au port. »
Pierre Corneille,
Le Cid, IV, 3, 1637
À partir du XVIe siècle, l’usage populaire bonifie le sens de cette expression : la douceur de la musique est désormais utile contre la violence individuelle. Elle devient inséparable de l’humanisme. C’est ce sens qui a subsisté dans notre dicton moderne. Par coïncidence, Galenos (Galien) signifie « doux, calme » en grec. Aujourd’hui, les doctorants en pharmacie prêtent le « serment de Galien », à l’instar des doctorants en médecine, qui jurent par Hippocrate.
« Notre monde vient d’ en trouver un autre. »
Michel de Montaigne,
Essais, III, 6, « Des coches », 1588