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2,82

sur 255 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un livre curieux qui alterne considérations souvent très intéressantes et instructives sur les animaux ("sauvages", captifs, domestiques, de boucherie, les cobayes de laboratoire...) et des passages où l'auteure retrace les grandes étapes qui ont façonné sa personnalité. Les parallèles entre les deux ne sont pas toujours évidents, mais elle a quand même fini par m'embarquer dans son jeu.
L'écriture n'a rien de particulièrement remarquable mais les paragraphes sont courts et l'ensemble se lit très facilement.
Au final, une lecture qui ne m'aura pas emballé outre mesure mais qui devrait laisser quelques traces, des réflexions notamment sur les rapports de l'homme à l'animal.
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Que font les rennes après Noël ? (2011)



L'astuce est subtile… Parlant de son histoire individuelle en utilisant la seconde personne du pluriel, la narratrice de ce livre évoque la construction de sa personnalité en mettant en évidence le caractère universel des principes qui lui ont été inculqués depuis son enfance. Son individualité et ses rêves auraient pu se déployer s'ils n'avaient pas été bridés par les principes de la réalité. Ceux-ci, parfaitement intégrés, martèlent les courts paragraphes dans lesquels la narratrice nous interpelle. Les phrases péremptoires, assénées comme des vérités générales, s'enchaînent brutalement : « Vous avez peur parce que vous êtes comme tout le monde, vous avez besoin de tranquillité, vous avez envie de ressembler aux autres, d'avoir une vie rangée, de construire un foyer, d'avoir des enfants, de nourrir une famille, de faire l'amour en temps et en heure avec un partenaire régulier que les autres honorent et respectent. »… Point faible du roman qui limite sa destruction des brides imposées à l'être humain aux catégories les plus traditionnelles de la vie sociale et professionnelle… La pensée est parfois un peu simpliste, mais on peut la mettre sur le compte de l'âge de la narratrice qui s'éloigne progressivement de la naïveté enfantine pour entrer dans le monde des adultes.

Mais reprenons depuis le début… La première désillusion de la petite fille survient lorsqu'elle demande à ses parents de lui offrir un animal de compagnie et que ceux-ci refusent. Peut-être pour la première fois de son existence, elle sent que quelque chose les sépare d'eux. Il est temps pour elle de se détacher et de faire l'apprentissage de son individualité. Malheureusement, il ne suffit pas de le vouloir pour y parvenir. le récit de cette enfant qui devient adulte au fil des pages, est également le récit des embûches qu'elle rencontre dans l'accomplissement de son indépendance. Il ne s'agit pas simplement de se forger une réussite sociale, professionnelle et familiale. Il s'agit surtout d'accéder à une vie dans laquelle l'individu se sente en harmonie avec lui-même et ses principes. Mais à force d'avoir été bridé, contenu, guidé, il est douloureux de chercher l'émancipation. Et il est encore plus douloureux de réaliser qu'on ne désire parfois pas même s'émanciper.



En ce sens, les multiples voix qui s'insèrent entre les paragraphes du récit de la narratrice répondent de manière pertinente à son propre apprentissage de l'existence. Un dresseur explique les conditions de captivité des animaux qu'il élève, un soigneur détaille les méthodes et les comportements qu'il applique dans l'exécution de protocoles méticuleux, un éleveur nous transmet les secrets de la viande fraîche, un scientifique de laboratoire nous annonce le prix que doivent payer les animaux pour contribuer aux progrès médicaux et scientifiques des hommes. Rien de vindicatif dans ces descriptions parfois cruelles des rapports entre hommes et animaux. L'engagement, qu'il soit éthique, politique ou écologique est nul. Ces hommes, parlant de leur profession, montrent qu'ils se sont totalement éloignés de la conception aseptisée que le commun des mortels se fait de l'animal. L'animal est un homme comme un autre que l'on utilise à des fins plus ou moins clairement désignées. L'animal, comme l'homme que l'on éduque, n'échappe pas au dressage, au conditionnement, à l'apprentissage des contraintes que l'on fait supporter par des récompenses, au confort qui s'obtient après de longs moments de torture :


« J'avais un collègue qui travaillait sur les chats, ce qui est assez rare, pour voir l'influence de l'activité sensorielle sur la digestion, il les munissait d'une canule gastrique et les installait sur une sorte de hamac. Il les posait sur le ventre, leurs pattes pendouillaient au-dessus du plan de travail et il recueillait les sucs gastriques par la canule après les avoir stimulés avec des images et des odeurs, bref, un protocole de travail qui aurait pu paraître insupportable au grand public. Eh bien, les chats en question, au lieu de craindre le moment où on les posait sur les hamacs, se battaient pour aller sur le plan de travail. Ils savaient qu'au terme de l'expérience on leur donnerait des bonnes choses à manger. »


Les paragraphes qui alternent entre le récit de la narratrice et les récits polyphoniques de ces dresseurs d'animaux dressent en filigrane la description d'une ressemblance troublante entre le conditionnement qui s'opère suite à l'éducation de l'enfant et les traitements subis par les animaux. Dans les deux cas, ils permettent d'atteindre un objectif qui répond au bien-être d'un tout au détriment d'un bien-être individuel. Une nuance supplémentaire est apportée lorsqu'Olivia Rosenthal introduit l'idée que, peut-être, ce bien-être individuel n'est pas totalement détruit. le conditionnement impose des limites réconfortantes, un confort rassurant et une sécurité desquels il est douloureux de s'affranchir. Lorsque la narratrice parvient enfin à se détacher de ses chaînes et à vivre selon les principes qu'elle s'est donnés, elle dépasse les mêmes craintes qui avaient empêchées le lion en cage de déchiqueter son éleveur, ou la vache qui suit docilement les chemins de l'abattoir de prendre un chemin de traverse...

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Un livre froid à la limite du désagréable, pourtant je suis allée jusqu'au bout mais en conservant cette gêne. L'organisation du livre est originale, s'alterne une réflexion (intelligente) sur l'enferment animal, la gestion du monde sauvage par les hommes, leur intrusion violente dans le monde libre et équilibré de la faune et l'histoire glaçante d'une jeune fille/femme qui cherche à sortir de l'emprise étouffante de sa mère. Olivia Rosenthal choisit d'utiliser le "vous" pour parler à son parler "le désir et la mort ont été exposé sous vos yeux (...) vous avez peur...", la forme et le ton produisent une distance énorme entre le lecteur et le personnage. On s'éloigne tellement que finalement on ne comprend plus vraiment ce que veut nous démonter l'auteur. le parallèle entre la jeune fille et les animaux est vraiment tiré par les cheveux ; la conséquence est qu'on lit chaque partie du livre presque séparément : la vie des animaux et leur souffrance, la vie de cette personne et ses ruminations. Au final, la vie des bêtes est bien plus intéressante que celle de la fille/femme. Déjà l'an dernier j'avais eu du mal sur le livre Inter, ça recommence cette année, suis pas sûre de me lancer sur le prochain.
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Il faut un certain temps pour se rendre compte qu'il s'agit bien d'un roman, on peut dire que ce livre est un roman/essai. le roman : c'est l'histoire d'une fille qui veut savoir ce que font les rennes après Noël et qui découvre en prenant des années, la non existence du père Noël, mais également la triste destinée des rennes et des animaux en général. L'essai : c'est la condition des animaux, qu'ils soient sauvages, domestiques, ou voués à l'abattoir. Tous les aspects, même les plus tristes sont abordés, à travers les paroles des humains qui vivent de et autour des animaux, dompteurs, gardiens de zoo, éleveurs, maquignon, boucher. La juxtaposition des paragraphes sur les animaux et de ceux sur l'histoire de l'enfant, de ses rapports avec ses parents, montre fréquemment les similitudes entre l'homme et l'animal. La présence des loups dans les parcs animaliers et ce que les hommes leur font subir sont révélateur de la domination que l'homme exerce sur le règne animal. Les passages sur l'euthanasie des animaux sont difficilement supportables. Dans la partie roman, l'histoire du premier amour est très émouvante. L'écriture est souvent froide, détachée, lorsqu'il s'agit des animaux, elle donne la puissance au texte. L'emploi du vouvoiement dans les paragraphes sur l'enfance (qui déborde sur la vie adulte) implique le lecteur dans sa vie d'humain, et dans ses rapports avec les animaux. le sérieux de ces sujets n'empêche pas le ton parfois humoristique du texte.
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Comment renouveler aujourd'hui la forme du roman ? Olivia Rosenthal, au fil des textes, apporte ses propres réponses à cette question avec un dispositif qui mêle la matière romanesque au documentaire.
Dans Que font les rennes après Noël ?, c'est l'histoire d'une jeune femme docile, passionnée par les animaux, qui se trouve entrecoupée de témoignages techniques donnant à entendre les voix d'un éleveur de loups, d'un boucher ou encore d'un soigneur animalier. Animaux sauvages ou d'élevage, de laboratoire ou de zoo jettent des éclairages nouveaux sur le récit central, dans un jeu de miroirs sans cesse renouvelé. Qui est libre, qui est en cage ? Qui est civilisé, qui est sauvage ? Atteignant la maîtrise parfaite de cette forme hybride qui lui appartient, Olivia Rosenthal écrit un grand roman sur le désir humain et le passage à l'âge adulte, hanté par ses interrogations sur l'animal en nous.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Chassé-croisé incessant entre documentaires animaliers et roman intimiste.
Des parallèles sont établis entre la vie des hommes et celle des bêtes.
Des ponts sont jetés là où on ne s'y attend pas.
Incisif, parfois émouvant, souvent drôle, ce roman est surtout complétement atypique et parfaitement cadencé.
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Roman original. Construction surprenante, mélange de documentaire et de passages narratifs à la deuxième personne du pluriel. C'est visiblemet ce qui fait l'originalité de l'écriture d'Olivia Rosenthal. Chaque paragraphe semble fonctionner de façon autonome mais en réalité un fil conducteur sous-tend la lecture, si bien que l'on n'est jamais perdu.

Et pourtant, à l'évolution de cette fillette que l'on comprend être le "vous", répondent des paragraphes dans lesquels s'expriment d'autres intervenants ( soigneurs, dompteurs, boucher, ...) et qui expliquent un aspect de leur métier.

A la manière d'un scientifique, elle donne la parole à des hommes dont le métier est de s'occuper d'animaux, de la tuer ou de les préparer. Elle décortique soigneusement chaque aspect de la relation à l'animal. de même des textes de loi émaillent le récit. Parallèlement elle nous donne à voir l'évolution d'une filette jusqu'à l'âge adulte en la metttant en parallèle avec la vie d'un animal dans un zoo. On retrouve alors les différentes étapes qui conduisent à l'apprentissage de la vie en communauté, le modèle de l'environnement, la fusion avec les autres, l'abandon de soi .

J'ai tout d'abord cru que ce "vous" s'adressait au lecteur, puis à l'auteur elle-même. Pourquoi pas ? Il se crée une sorte de proximité liée à ce simple pronom.

L'auteur passe au peigne fin les relations entre animaux et humains dans une société qui confond parfois domestication et sauvagerie. Tous les domaines animaliers sont représentés. C'est que l'animal en dit beaucoup sur l'homme ! le parallèle est d'ailleurs évident dès lors que l'on touche au thème de l'enfermement, dans un cage ou dans la société, quelle différence ? Olivia Rosenthal nous conduit donc doucement à une réflexion sur ce qui sépare l'animal de l'humain. Au départ, ne sommes-nous pas un petit animal dépendant ? Est-on libre en grandissant ? pouvons-nous réellement être libres dans une société qui nous met en cage ?

Les références au cinéma sont nombreuses, je citerais Rosemary's baby, King-Kong ou encore La Féline. Et à chaque fois le lien avec l'animal nous ramène à la part animale qui est en nous. Mais c'est aussi l'évolution vers le désenchantement, la fin du mystère, à commencer par les rennes du père Noël. Pourtant une sorte de complainte berce le récit, des répétitions comme autant de refrains, scandent une litanie.

En revanche nulle magie, nulle féérie de Noël ici. C'est un roman d'apprentissage sur le mode assez dur et cru de la révélation de la cruelle vérité. Il m'a donc manqué un peu d'enrobage même si je comprends la volonté de l'auteur de poser tout simplement les choses sans les romancer, à la manière d'un documentaire, d'un reportage. Cela laisse tout de même une impression de froideur, de distance. Néanmoins la forme choisie correspond parfaitement au propos.
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Réveillez l'animal qui est en vous !

Olivia Rosenthal nous emmène à réfléchir sur notre rapport aux animaux. Et ce roman fort documenté voit s'entrecroiser les points de vue et les approches. Tout comme dans "On est pas là pour disparaître" dans lequel elle traitait de la maladie d'Alzheimer, ici nous partons du désir d'animal domestique pour arriver à l'abattoir et à la boucherie en passant par la faune sauvage, la captivité, le dressage, la protection des espèces ...

Il y a bien interaction entre l'homme et l'animal mais Olivia Rosenthal va plus loin et ose un parallèle entre l'élevage et l'éducation. Non sans humour et avec un vocabulaire choisi et un style recherché, elle nous conte l'histoire de cette femme (d'abord fillette, puis jeune fille) cette femme qui voulait fuir sa famille, son milieu, son éducation pour suivre les rennes après Noël.

Evidemment, il ne faut pas s'attendre à un conte de Noël. Ce roman est dur par bien des aspects, mais il reste facile à lire. Une lecture déconcertante et réflexive qui ne laissera pas le lecteur, en bon animal qu'il est, indifférent.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Tressage, alternance entre des documents, directives, articles, concernant les animaux, leur élevage en captivité, les domestiques, leur mort, (rapide résumé) à la troisième personne, et «vous» souvenirs de l'éducation, des règles, de la mère, de l'amour pour elle, de la lutte pour se libérer, de la reproduction des règles, de la rupture (ce que j'ai préféré), sensible, intelligent, mais que j'ai moins aimé que le précédent, pour la régularité, l'impression un peu trop formaté de ce tressage, malgré l'intrusion irrégulière du «je» : interviews de professionnels divers, soigneurs, bouchers, etc..., impression qui s'est effacée peu à peu au fil de la lecture, jusqu'à y trouver grand goût dans toute la seconde moitié.
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J'ai lu ce roman avec intérêt mais sans réel plaisir. En fait, son format rédactionnel m'a énormément désarçonnée. Plusieurs narrateurs se suivent, sans que la prise de main de suivant soit toujours très nette. Ils ont tous un rapport professionnel avec les animaux... Eleveuse et dresseuse de loups, soigneur dans un parc animalier, généticienne biologiste dans un laboratoire qui s'essaie sur le vivant, éleveur de vache, boucher, technicien d'abattoir. Tous évoquent leur rapport à l'animal, que ce soit sur le lieu de travail ou dans leur vie personnelle. Et ce, avec moult descriptions et explications quant à la législation, tantôt protectrice, tantôt inepte et absurde, relative au droit de posséder, d'exploiter et de vendre des animaux sauvages, exotiques, où destinés à la consommation. Ces détails sont parfois trop précis et devienne litanie. Certains se lisent en diagonales, car assez répugnants pensent on hypocritement, et pourtant nécessaires à notre alimentaire si l'on n'est pas végétarien. Ce sont les trois premiers intervenants qui m'ont le plus intéressée... Les loups et le parc animalier, le labo... Car, à titre personnel, j'ai du mal à me faire une idée vraiment avisée sur le respect général de la condition animale, surtout à notre époque où les parcs animaliers deviennent de plus en plus des refuges pour des espèces menacées, où l'on peut espérer quelques reproductions... Je pense que l'objectif d'Olivia Rosenthal est de nous remuer et de nous interroger dans nos convictions, de nous aider à en trouver ou alors, d'accepter le fait que la solution ne soit pas si simple... quand il s'agit d'exploitation et de condition animale au XXIème siècle... Alors qu'on veut le progrès, celui -ci se trouverait actuellement dans un retour en arrière pour certains cas. Il est aussi question de l'imprégnation, du retour à la vie sauvage...

Mais, mais, voilà mon gros bémol... J'espérais une lecture vraiment romanesque et ce qualificatif n'est pas franchement visible. On n'a plus l'impression d'une suite de témoignages. D'autant, qu'au fil et au coeur de ces derniers, entre chaque paragraphe, il semble que ce soit l'auteure qui interpelle le lecteur, via un autre personnage qui pourrait être vous ou elle ou n'importe qui d'autre... un être humain, une femme ici, depuis sa naissance, en passant par son imprégnation familiale jusqu'à son émancipation totale, financière, psychologique... Au début, c'est assez sympa, mais cela devient très lassant et long, d'autant que chacun de ses paragraphes s'achèvent par des phrases qui deviennent presque des mantras... Et qu'on finit par ne même plus lire.

Etrange donc... une lecture décevante, malgré un titre alléchant, mais pas dénuée d'intérêt !
Lien : http://lescoupsdecoeurdegera..
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