Clément Rosset, philosophe sans causes éperdues.
Il ne croyait pas aux idéalismes philosophiques de ses congénères. Les causes plébiscitées de leurs systèmes lui apparaissent comme pleutrerie d'enfants racornis, grelottant de peur à l'idée de regarder la réalité dans son plus simple appareil. Mon existence ne serait-elle rien d'autre que cette pauvre et triste merde ? se demandent-ils – et de la recouvrir d'une couche de spéculations métaphysiques (où l'on rappelle s'il le fallait que même la science ou la politique, toutes disciplines immanentes qu'elles soient, sont aussi empreintes d'un sirupeux idéalisme qui s'ignore). Ce faisant, ces peine-à-jouir de la réalité creusent sans cesse plus profondément la fosse dans laquelle on jettera leur carcasse, toujours plus déçus de la réalité à mesure qu'ils imaginent un monde délirant régi par l'idéalité qui est la leur.
Avec
Clément Rosset, on réalise que le véritable matérialisme n'est encore jamais arrivé, et on le regrette.