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EAN : 9782707316912
93 pages
Editions de Minuit (24/03/2001)
3.8/5   61 notes
Résumé :
Si votre absence totale d'originalité vous désespère, si la question de votre identité profonde vous hante, lisez ce livre de Clément Rosset qui pourrait bien vous délivrer de quelques interrogations inutiles. La légèreté de cet ouvrage à l'humour cathartique tranche avec le sérieux de son projet philosophique : à l'instar de penseurs tels que Montaigne ou Pascal, Clément Rosset, tenant notre iden... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
S' inspirant de Hume et de ses doutes (philosopher, c'est douter) quant à l'unité du moi et la persistance de l'identité, Clément Rosset développe l'idée : quand on dort, on n'a plus conscience de soi, et on peut même dire que l'on n'existe pas. On change, on vieillit, on peut avoir une maladie dégénérative, bref, l'identité du moi n'est pas une valeur sûre.
Pour Hume, comme pour Clément Rosset, n'existent que des états psychologiques ou somatiques et qui changent.
Bien sûr, le scepticisme de Hume vise et contredit le concept d'idées innées de Descartes. Seules les perceptions et les impressions nous mettent sur la voie de la connaissance, celle ci ne nous est pas insufflée à notre naissance.
Kant, qui pourtant dit « Hume m' a sorti de mon sommeil dogmatique », rassure en affirmant que tous les hommes ont une moralité universelle, le sentiment du bien et du mal : ceci pour Rosset est un fantasme, rassurant certes , mais un fantasme.
Si l'identité, comme la certitude que le soleil se lèvera demain, est sujette au doute, il faut distinguer l'identité personnelle de l' identité sociale.

Comment en effet l identité personnelle se forge t elle? En copiant, en s'identifiant aux parents, aux maîtres, aux modèles.
Ce qui est une identité d'emprunt. Y compris dans l'amour, lorsque le sentiment d'être aimé nous donne la certitude d'exister.
Ce qui a pour conséquence que la perte de l'objet aimé entraîne automatiquement le naufrage de cette identité d'emprunt.
Pour conclure, Clément Rosset dénonce l'introspection, limite narcissique et/ou exhibitionniste. Prétendre se connaître est un leurre et dire de quelqu'un qu'on le connaît bien , cela veut simplement dire qu'on a repéré le caractère répétitif de son comportement.
Ce que les autres disent ou pensent de nous est bien suffisant pour la conduite de la vie personnelle, outre que c'est illusoire et souvent faux.
Il ne sert à rien de se poser la question socratique : qui suis je ?
J ai essayé de résumer ce petit livre, il est intéressant de lire ce que l'on ne partage pas, mais quand même : je suis une kantienne pure et dure.

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Situation cocasse : un homme qui vit de « ses droits d'auteur » écrit qu'il tient « la prétendue identité personnelle pour une illusion totale ». Autrement dit l'auteur « Clément Rosset » nous révèle dans un sursaut de lucidité qu'il n'est pas véritablement l'auteur des lignes qu'il écrit. Tout en ne s'offusquant guère - j'imagine- d'être rétribué personnellement (avec de l'argent « non-illusoire ») pour cette escroquerie ordinaire qui consiste à s'attribuer la paternité de ses mots comme de ses pensées… Amusant, non?
Par contre « son » livre est chiant à mourir. "Loin de moi" est resté très peu de temps près de moi : le livre m'est tombé des mains bien avant la fin tellement les redites gâchent la clarté du propos. Mon impression est qu'il utilise beaucoup de mots pour ne pas dire grand-chose : une idée –souvent intéressante- est exprimée en quelques lignes, et ensuite il s'étale sur plusieurs pages pour redire la même chose de mille et une manières différentes. Pareillement la surabondance des citations étouffe plus qu'elle n'étoffe sa parole. C'est à se demander s'il a vraiment quelque chose à dire en son nom propre…
Mais non, suis-je bête ! S'il n'y a nulle identité personnelle il n'y a rien de tel que « son nom propre ». Au fond -en dehors de la sphère sociale- nous sommes sans nom. Et il n'y a rien de telles que des pensées personnelles. Nous sommes tous des anonymes qui s'ignorent. Des penseurs impersonnels. Et le métier d'écrivain, comme celui du philosophe ou du critique scribouillards, consiste à retranscrire les pensées de personne.
Donc, monsieur le prétendu « Clément Rosset », j'attends avec impatience la réédition du livre « Loin de moi ». Réédition nécessaire car pour être cohérent il vous faut gommer votre nom sur la couverture ; pour être juste vous pouvez remplacer le sous-titre « étude sur l'identité » par « broderies impersonnelles autour de citations sur l'identité » ou bien « propos anonyme et ronflant illustré de citations… », ou par ce que vous voulez qui annonce clairement votre incompétence à être original plus de trois mots de suite; et pour être tout à fait honnête il vous suffit de me reverser l'intégralité de vos indus droits d'auteur. Merci ! :)

Trêve de plaisanterie, si vous voulez lire des livres vraiment intéressants sur l'identité, sur la question de savoir s'il y a quelque chose ou non derrière le pronom personnel « je », je vous conseille vivement tous les livres d'entretien avec celui qu'on surnommait U.G (qui n'a jamais touché un centime sur ces livres), et plus encore les livres d'entretien avec Nisargadatta (car ils traitent plus précisément de cette question).

L'illusoire Captain Furax. TchÖ !
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Il y a l'histoire de la philosophie et l'histoire de la philosophie lisible – ou compréhensible si vous préférez. Ce sont deux histoires très différentes.
Socrate est le champion de l'histoire de la philosophie. Il a dit beaucoup de choses, mais rien écrit : c'est Platon, son élève, qui s'en est chargé et qui a ainsi fait parvenir jusqu'à nous une des plus fameuses idées dites *socratiques* : « Connais toi-même », *gnothi seauton* en grec ancien (ou en langue snobinarde). Passons sur le fait que cette idée n'était pas une idée de Socrate, mais une sorte de tag sur le temple d'Appolon à Delphes, ça nous emmènerait trop loin.

Clément Rosset, mort très récemment – j'ai pleuré – n'était le champion de rien. Il n'a pas dit grand-chose, mais il a écrit plusieurs petits livres dont *Loin de moi* qui, vous l'avez deviné, prend la direction opposée à celle choisie par Socrate. Rosset tente d'y en mettre en valeur l'idée que « moins on se connait, mieux on se porte ». C'est un livre de philosophie subtil, et donc original, qui chemin faisant, développe sans forcer, quelques réflexions à propos des sans-papiers, de l'identité ou de *Tintin au Tibet*.

Rosset était un peu l'inverse de la Sorbonne et de l'anti-Sorbonne, l'inverse de Luc Ferry le ministre sinistre et l'inverse de Michel Onfray, le pirate à la mode de Caen qui, du haut de ses pantoufles, a le « désir d'être un volcan » ; Rosset avait surtout le désir de déjeuner avec ses copains, et, parfois, de dégonfler une de ses grosses têtes qui confond château de cartes et vérités incassables.

Rosset a adoré un film qu'il n'a jamais vu, *Une fille pour l'été*, il a beaucoup cherché ce qui pouvait faire l'essence du camembert et il a essayé de démontrer pourquoi et comment la tragédie du Titanic était poilante… Quitte à passer pour un zouave, il ne cachait pas sa méfiance pour les penseurs qui partent à la recherche de la vérité sans un peu d'humour qui est peut-être à la pensée ce que la brosse à dents est à l'haleine.

Je dirais que *Loin de moi* est son texte qui fait le plus de bulles, son meilleur champagne, que *Route de nuit* est son tord-boyaux, et *Récit d'un noyé*, sa drogue gentiment hallucinogène, mais chacun son Rosset. Les idées et les goûts sont des ballons de foot : on tape dedans, on se les passe et on change de buts souvent.
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Un court essai sur le sentiment d'identité et sur l'intérêt de tenter de se connaître. L'auteur affirme d'emblée "j'ai toujours tenu l'identité sociale pour la seule identité réelle; et l'autre la prétendue identité personnelle pour une illusion totale autant que tenace [...]". Du coup, l'introspection devient inutile ou pire une vaine opération narcissique. L'auteur convoque plusieurs auteurs, philosophes, romanciers ou poètes à l'appui de cette thèse. La langue est claire, le propos est sans détour. Cependant, je n'arrive pas à être convaincu et il me semble qu'avec les mêmes auteurs (Montaigne, Pascal, ...) l'auteur pourrait arriver à la conclusion inverse. Et pourquoi ai-je l'impression que la deuxième partie du livre (sur les identités d'emprunt) donne des arguments contre la thèse principale du livre : le cheminement qui nous conduit vers telle identité d'emprunt, puis telle autre, puis encore telle autre est en soi une marque de notre identité individuelle. Du moins il me semble.
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"Je doute donc je suis" pourrait être la profession de foi de clément Rosset. Dans son petit ouvrage "Loin de moi", il étudie le sentiment de l'identité. Elle se trouve selon lui divisée en identité sociale (moi conventionnel) et en identité personnelle. Mais il met en doute la réalité de cette identité personnelle qui ne serait qu'une copie de copie. le moi personnel dépend du moi d'un autre qui dépend du moi d'un autre, etc. Quand à l'amour il ne serait qu'appropriation du moi d'un autre "tu m'aimes donc je suis". L'interruption du rapport amoureux déclencherait alors une crise d'identité. Il cite de nombreux ouvrages littéraires. On pourrait prolonger sa conception en disant que l'homme solitaire n'a pas d'identité. Pourtant je pense que ce solitaire peut se construire une identité, par l'art, l'écriture, le rapport aux animaux, l'insouciance quant à soi. Puisque cela ne servirait à rien de connaître son identité personnelle, pourquoi s'en préoccuper ? Il répond qu'elle est indispensable à sa conception morale de la vie et de la justice... On aurait aimé en savoir plus que "fondée sur l'appréciation des intentions", les intentions étant par définition l'inconnaissable...d'autrui.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Cette imitation de l’autre peut aussi – et c’est le cas le plus courant – persister jusqu’à l’âge adulte. L’autre qui m’a formé est comme le Dieu de Descartes qui doit sans cesse continuer à créer le monde, si l’on en croit la théorie cartésienne de la « création continue » : s’il cesse d’agir, le monde cesse d’exister. De même l’autre dont je m’inspire doit continuer à m’influencer à tout instant : si son influence cesse, je cesse d’être moi. A moins naturellement – et c’est encore une fois le cas le plus fréquent – que son influence ne cesse au profit d’un autre : auquel cas mon moi ne cesse pas d’être, mais se trouve plus ou moins considérablement modifié. Mais qu’il change ou non, mon moi ou ce que je prends pour tel ne cessera pas d’être un moi d’emprunt. Incapable d’exister par moi-même, j’emprunte son identité à un autre dont j’adopte le moi et en quelque sorte me « paye la tête », encore que dans un sens très différent, et même diamétralement opposé, de celui de l’expression usuelle.
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La joie réelle n'est autre, en effet, qu'une vision lucide, mais assumée, de la condition humaine ; la tristesse en est la même vision mais consternée. La joie est ainsi ce que Spinoza pourrait appeler un "mode actif" de la tristesse, et réciproquement la tristesse peut être décrite comme "mode passif" de la joie.
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La perte de l'objet aimé/possédé (ou perçu comme tel) entraîne en effet automatiquement le naufrage d'une identité qu'on considérait comme un bien personnel alors qu'il n'était qu'un bien d'emprunt, entièrement tributaire de l'amour de l'autre. L'amoureux délaissé se trouve dans une situation d'_égarement_.
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La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s'examine n'avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
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Le bonheur lié au sentiment d'être aimé a pour consistance majeure le fait de se trouver soudain nanti, par l'entremise de l'amour obtenu, d'un soi propre, d'une identité personnelle.
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Videos de Clément Rosset (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clément Rosset
"J'entre ici en perdante. Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin, comme le reste de la littérature. Je ne dis pas qu'elle est inutile, je dis qu'elle ne console pas." C'est ainsi que débute Inconsolable, le livre que nous explorons au cours de cet épisode.
À travers un récit porté par une narratrice confrontée à la mort de son père et qui scrute, au quotidien, la douleur, la tristesse, le monde qui n'est plus le même et la vie qui revient malgré tout, son autrice, la philosophe Adèle van Reeth, tente de regarder la mort en face et de mettre des mots sur cette réalité de notre condition d'êtres mortels. C'est un livre qui parle de la perte des êtres chers et qui est en même temps rempli de vie.
Adèle van Reeth nous en parle au fil d'un dialogue, où il est question, entre autres, de la difficulté et de la nécessité d'écrire, de la vie avec la tristesse et d'un chat opiniâtre. Et à l'issue de cette conversation, nos libraires Julien et Marion vous proposent de découvrir quelques livres qui explorent la question du deuil.
Bibliographie :
- Inconsolable, d'Adèle van Reeth (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21563300-inconsolable-adele-van-reeth-gallimard
- La Vie ordinaire, d'Adèle van Reeth (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20047829-la-vie-ordinaire-adele-van-reeth-folio
- le Réel et son double, de Clément Rosset (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/501864-le-reel-et-son-double-essai-sur-l-illusion-e--clement-rosset-folio
- L'Année de la pensée magique, de Joan Didion (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1177569-l-annee-de-la-pensee-magique-joan-didion-le-livre-de-poche
- Comment j'ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192372-comment-j-ai-vide-la-maison-de-mes-parents-une--lydia-flem-points
- Rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539851-rien-n-est-su-sabine-garrigues-le-tripode
- Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21199965-vivre-avec-nos-morts-petit-traite-de-consolati--delphine-horvilleur-le-livre-de-poche
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