J'ai longtemps hésité à reprendre ce petit livret et à en relire quelques extraits. Un vieux souvenir de jeunesse romantique m'y poussait, mais une réputation stéréotypée de "bouquin un peu ringard" m'en dissuadait. (Peur de sérieusement m'ennuyer)
Et puis j'ai franchi le pas. Surprise !
Voici un texte magnifiquement écrit, facile à lire et à suivre, finalement prenant, au fil des pages. On y croit, on est dans ces promenades.
On y retrouve cette touche de sensibilité et de douceur, d'humanité que l'on attendait pas de cet auteur; ce n'est pas le Rousseau intraitable et dur, farouche et orgueilleux qu'on nous a présenté ailleurs qui a écrit ce texte.
Mais quelqu'un qui nous donne à lire des choses réfléchies, et finalement, toutes proportions gardées, relativement modernes.
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Quand le soir approchait, je descendais des cimes de l'ile, et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac,; dans quelque asile caché ; là, le bruit des vagues et l'agitation de l'eau, fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation, la plongeaient dans une rêverie délicieuse, où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu, mais renflé par intervalles, frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements interne que la rêverie éteignait en moi, et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
« Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
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