«
le dernier mot » est un roman graphique magnifique, aux illustrations soignées mêlant artistiquement dessins, calligraphie, mots découpés dans la presse, pages de journaux en toile de fond. L'atmosphère est quelque peu surannée, comme les tons sépia des dessins. J'ai été séduite dès la couverture.
Même s'il a été lettreur à la Iron Ore Company, même s'il « lisait » le journal tous les soirs en rentrant, le grand-père de la narratrice est illettré. Et c'est en plein repas de fête, avec toute la famille réunie autour de lui qu'il lâche l'information qui fait l'effet d'une bombe. La surprise passée, les réactions fusent, entre pitié, effarement et colère. Comment cela se peut-il ? Les sept enfants du couple ont tous fait de belles études et ont des métiers qui touchent au mots, à l'écrit. Comment personne ne s'en est-il aperçu ?
Le récit de
Caroline Roy-Element est délicat et subtil. Il raconte les réactions des uns et des autres sans porter de jugement. Juste un peu d'agacement parfois. Un secret de famille si bien gardé durant tout ce temps, comment est-ce possible ? Alors que tout le monde s'en va, la narratrice s'installe pour la nuit, comme quand elle était enfant. La nuit l'enveloppe et elle rêve, à son enfance, ses souvenirs et l'amour inconditionnel qu'elle a pour son grand-père. Il lui en a fallu du courage pour traverser la vie avec ce handicap !
Ce roman aborde l'illettrisme avec délicatesse et justesse. Les illustrations sont belles et s'arrêtent sur des détails : le décor, les visages, la silhouette tassée du grand-père, un verre à vin, une vaisselle énergique… qui traduisent l'atmosphère lourde qui succède à l'annonce.
J'ai été touchée par cette histoire de famille et j'ai aimé le regard porté par la petite-fille sur sa famille et son grand-père.