La vénérable et célèbre Série Noire se devait d'accueillir ce polar bref et tendu.
Quelque peu hors norme, aussi.
Ce livre est attachant et captivant, à l'image de ces enfants handicapés confiés à un foyer spécialisé.
Le récit est conté à deux voix:
- Celle du "chef", éducateur imprégné, investi et habité par un travail éprouvant
- Celle de Chloé, dont l'intelligence prisonnière d'un corps "anarchique" ne peut communiquer par les moyens classiques.
L'intelligence d'écriture de Michèle Rozenfarb est là: Faire passer quelques utiles messages dans une vraie Série Noire... Avec ces enfants que les parents, souvent, ne viennent plus voir; cette foi qui vacille sans s'éteindre chez les éducateurs et soignants d'enfants différents. Et avec les horreurs et atrocités du monde extérieur qui pénètrent le milieu du foyer et tuent Adrien.
Mais ces messages ne sont ni moralisateurs ni envahissants: C'est ainsi qu'est la situation dans un milieu particulier où la recherche de la vérité est d'une difficulté décuplée.
Et puis, Chloé qui raconte, c'est plein de finesse et d'une sorte d'humour qui teinte l'espoir et la fatalité que ressent cette enfant.
Cette Série Noire, vaut donc largement le détour et la visite.
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Un polar très court mais rondement mené. le danger et le mystère planent dans ce foyer pour enfants. le jeune Adrien vient de mourir, une enquête est menée. La jeune Chloé a vu ce qui s'est passé mais ne parvient pas à communiquer. Si le coupable découvre qu'elle sait, elle sera à son tour en danger.
La scène de crime est originale. le récit alterne tour à tour entre celui de la jeune Chloé et le directeur du centre ce qui rend la tension palpable.
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Maintenant, je sais ce que c'est, le plus terrible, quand on est handicapé comme moi. C'est pas pouvoir demander si on a trouvé Betty et rien savoir du tout. J'ai plus peur qu'ils me tuent, au contraire. Elle avait même pas sa poupée pour se consoler. Moi, je dis que des enfants comme nous, il faut pas nous laisser vivre. C'est trop dur. Personne peut savoir comme c'est dur. Il faudrait nous tuer quand on naît. On comprendrait pas, on sentirait rien, on serait plus là, c'est tout.
À force de faire la baleine avec ses coups de queue, j'ai gagné que plus personne ne comprend rien à moi. L' éduc a dit: " On comprend plus rien à Chloé, déjà que c'était pas évident..."