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sur 2947 notes
Mon grand tort avec "Rouge Brésil" a sans doute été de me lancer dans ma lecture avec de trop grandes espérances.

Férue de romans d'aventures et, tout particulièrement, d'aventures en mer, et plus spécifiquement encore d'aventures historiques, je pensais me régaler avec ce Goncourt 2001, premier roman de Rufin qu'il m'était donné de découvrir. Un peu comme Chartier ou Colomb, je sentais que j'étais au seuil d'une belle épopée, palpitante de passion et de chaleur tropicale, dans laquelle mes émotions seraient mises à mal... Mais on a toujours tort de vouloir anticiper la trame et la couleur d'un roman. Je me rends compte (une fois de plus) qu'il faut laisser toute liberté au roman de nous montrer "ce qu'il a dans le ventre". Si on veut construire un roman "sur mesure", autant faire une sieste pleine de rêves que notre imagination ne manquera pas de nous inspirer mais ne prétendons pas dicter à un écrivain ce que nous voulons qu'il écrive.

C'est sans doute pourquoi, m'étant mise dans la peau de cette petite fille capricieuse qui demande à sa maman de lui raconter une histoire mais qui chouine dès que celle-ci n'est pas conforme à ce qu'elle attend, je n'ai pas pleinement apprécié ma lecture. le roman en lui-même est très bien construit. Tout commence en France, on cherche à embarquer des "volontaires" pour peupler une colonie au Brésil ; vient la traversée ; l'accostage ne se fait pas sans heurts puis la vie en exil s'organise. L'homme, fidèle à sa nature, applique le schéma de qui construit sa civilisation en en foulant aux pieds une autre, cherche à imposer son autorité puis à y échapper, attend des cieux et de ses chefs des commandements à suivre pour mieux se les approprier ou les rejeter...

Au milieu de ce souffle colonisateur guerrier, deux enfants, les héros, Just et Colombe, parcourent leur propre destinée. Frère et soeur, ils sont l'un pour l'autre un allié naturel dans ce parcours doublement initiatique, celui de l'adolescence et celui de l'exil, duquel il faudra bien s'émanciper à un moment donné, quand les expériences et les aspirations personnelles prendront le pas sur l'épopée commune.

Côté plume, on sent la patte d'un académicien. Si le fond est très bien documenté, la forme est alourdie par un style souvent pesant où le foisonnement des adjectifs lasse les yeux. L'utilisation de quelques mots anciens, savants, oubliés donne un sentiment d'irrégularité, on a envie que l'écrivain prenne son parti une fois pour toutes : soit il écrit comme Robert Merle dans "Fortune de France" en recréant complètement un langage proche de celui De La Renaissance, soit il abandonne toute prétention dans ce sens et écrit modestement avec notre langue moderne. Je n'ai donc pas particulièrement apprécié les poignées de poudre aux yeux que Rufin semble jeter à la face de son lecteur pour le convaincre qu'il est vraiment érudit.

Je ne peux pas dire que le roman n'est pas agréable, ce serait mensonge. Mais voilà une rencontre qui m'a semblé manquer de souffle, de vie, de couleurs et ne m'a pas enfiévrée "jusqu'au transport", comme le Chevalier des Grieux le fut en rencontrant Manon Lescaut.

***ALERT SPOILER***

Quoi ! Il s'agit quand même de débarquer au Brésil !
Là où je pensais être écrasée par les couleurs, la jungle, les odeurs, la chaleur et les corps des indigènes, je n'ai eu que la vague impression de contempler une peinture à l'huile, évocatrice mais pas assez prégnante, laissant entre le paysage qu'elle décrit et son admirateur la distance infranchissable de sa toile.

Les guerres de Religion couvant en Europe, ce climat délétère se propage jusque dans les lointaines colonies. Toutes les considérations spirituelles développées par Ruffin à l'arrivée des protestants à Fort-Coligny sont très intéressantes mais semblent davantage freiner l'action que la nourrir. D'où, petit à petit, ce spectre de l'ennui qui ne semble pas rôder aux seuls environs de la forteresse. A quarante pages de la fin, alors qu'on attend une montée en puissance, l'auteur avoue lui-même que tout le monde s'ennuie ferme !

Un mot sur les héros, Just et Colombe.
Un frère et une soeur mais personne pour affirmer qu'en réalité ils sont bien issus des mêmes géniteurs. de doux sentiments de protection et d'amour les unissent... Inutile donc de jouer la surprise quand on découvre le dénouement proposé par l'auteur... Mon seul étonnement fut de constater que Rufin n'était pas allé jusqu'à conclure son roman en expliquant le nom de la future Colombie par le patronyme de son héroïne ; là, il m'a bien eue, je croyais le voir venir avec de gros sabots.

Just peut bien être beau et avoir, pour son âge, un corps bien découplé, il peut bien nous inspirer la pensée qu'il incarnerait à la perfection ce héros viril prêt à conquérir toute l'Amérique latine à lui tout seul... hélas, il n'en est rien. Manquant cruellement de volonté, se laissant ballotter et influencer par son chef et par les femmes, il faut attendre patiemment la page 489 (sur 594) pour qu'il se découvre enfin une volonté propre, à la grande stupéfaction du lecteur qui y avait depuis longtemps renoncé !
"- Jamais, redit-il avec la fermeté d'un être qui découvre en lui-même une irrémédiable volonté."
On a envie de dire "ouf !" en lisant cette page, la seule de l'édition Folio qui ne soit pas paginée, serait-ce un message subliminal ?

En résumé, je suis contente de cette découverte (celle de la tentative de colonisation du Brésil par le chevalier de Villegagnon), je suis heureuse d'avoir achevé cette lecture et de passer à une autre et j'espère pouvoir bientôt me procurer "l'Abyssin" pour redonner à Rufin une chance de vraiment me... conquérir !


Challenge ABC 2012 - 2013
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Nicolas Durand de Villegagnon, ça vous dit quelque chose ?
Non, ce n'est pas un nouvel homme politique sorti d'on ne sait quel chapeau !
C'est bien plus ancien...
Allez, je ne vais pas garder le secret plus longtemps ; c'est un explorateur du 16eme siècle. N'essayez pas de remuer vos anciens souvenirs d'école. Parce que vous aurez beau cherché, ce nom là ne vous reviendra pas parmi les Christophe Colomb, Magellan, Vasco de Gama, Jacques Cartier et autres explorateurs célèbres de cette période faste. A moins que vous ne soyez érudit en la matière, bien sûr, ou alors que vous n'ayez déjà lu Rouge Brésil !

Villegagnon, chevalier de Malte, est envoyé au Brésil en 1555 pour y installer une nouvelle France, la « France antarctique », ainsi qu'il la nomme.
Mais pour cela, il faut d'abord se rendre sur place, prendre place et bâtir une place forte destinée à faire peur aux Portugais, déjà en place !

Villegagnon s' entoure alors de quelques personnes de bonne volonté de confession catholique mais aussi protestante, mais croyez-moi, il y en a peu pour affronter ce pays lointain qui grouille de cannibales. Alors, on recrute des débauchés, des brigands, des prisonniers et des enfants aussi qui serviront de « truchements », destinés à apprendre la langue des « sauvages » afin de devenir interprètes et intermédiaires avec les tribus indiennes.
Et Villegagnon part, en conquérant, comme au bon vieux temps des croisades, mû par son esprit chevaleresque et il faut bien le dire aussi par un caractère âpre et peu enclin aux concessions. Il oublie juste les femmes et le ravitaillement...

Après un voyage un peu laborieux, les flottes françaises débarquent dans la baie de Rio de Janeiro, appelée Guanabara par les indigènes et s'installent dans une petite île, proche de la côte continentale, où Villegagnon entreprend la construction du Fort-Coligny et imagine déjà un lieu idyllique où la liberté de croyances ferait foi, une sorte de refuge pour les protestants, alors persécutés en France...
Mais, le rêve va vite tourner au cauchemar !
Bon, je n'en dirai pas plus !

Sachez juste que Rouge Brésil incarne tout à fait l'idée que je me fais du roman historique reposant sur une documentation précise et riche relatant le plus authentiquement possible les événements réels connus, à laquelle se mêle une fiction fondée sur une hypothétique mais fort probable destinée de personnages au demeurant fort attachants (Just et Colombe, deux adolescents embarqués en tant que truchements). En outre, s'ajoute à cela , comme une cerise sur le gâteau, une réflexion philosophique empreinte d'une délicieuse ironie.
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Rouge Brésil est le récit romancé de l'expédition menée par le chevalier de Villegagnon en 1555 pour conquérir le Brésil au nom du roi de France Henri II. Le récit est basé sur le livre de Jean de Léry, « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique », édité en 1578. Ayant rejoint Villegagnon au Brésil, Léry y décrivait plusieurs aspects de la vie indigène. Ce livre reçut un vif succès qui entraina plusieurs rééditions.

A partir de faits réels extraits du livre de Léry, Rufin accorde une grande place à l'imagination. Pour émouvoir, il laisse de côté sa documentation et trouve des espaces de liberté dans la trame du réel. On retrouve toutefois plusieurs scènes décrites par Léry, la première rencontre dans la crainte des indigènes, l'obstacle de la langue, l'horreur du cannibalisme, l'embarras de la nudité…

Au XVIème siècle, le roi de France Henri II décide de concurrencer la domination portugaise en Amérique du Sud en envoyant une expédition de plusieurs navires au Brésil. Deux adolescents, Just et Colombe sont embarqués de force pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes. A travers le vécu de ces deux personnages fictifs et du personnage réel Villegagnon, Rufin expose les idées de cette fin de siècle chargée de débats idéologiques entre catholiques et protestants. Les conflits théologiques, le manque de tolérance et le fanatisme vont conduire à la perte de cette nouvelle colonie au profit des Portugais.

L'aventure des Français au Brésil, au cours du XVIème siècle, est un des épisodes les plus étonnants et les plus méconnus de notre histoire. Le roman de Rufin rappelle l'essai de Montaigne sur les cannibales, Montaigne fut le premier à inverser la vision des « sauvages » et à écrire « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ». Rufin échappe toutefois au mythe simpliste du bon sauvage et de la nature rédemptrice. L'Indien n'est pas meilleur, il est différent.
Du reste, qui est le plus sauvage ? Le « civilisé » aux moeurs barbares, qui se veut libérateur et se découvre meurtrier, ou l'indien qui recherche la paix et l'harmonie sur son territoire ?
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En 1554, Henri II demande à son ministre l'amiral de Coligny de préparer une expédition au Brésil en vue d'échanges commerciaux et pour y installer une colonie de protestants français. le chevalier de Villegagnon, un marin cultivé au caractère excessif, est nommé commandant de la flotte qui jette l'ancre un an plus tard en Amérique.

Sur Serigipe, une petite île de la baie de Rio Janeiro, avec l'aide d'indiens autochtones, les colons, dont deux jeunes gens qui vont vivre une histoire d'amour, bâtissent un fort. Mais des dissensions entre les membres de l'expédition, catholiques et protestants, vont vite compromettre la survie de la colonie. Des tensions, qui transformées en véritable bataille rangée, conduiront à sa reprise par les Portugais en 1560.

Dans ce récit d'un épisode peu connu et peu glorieux de l'occupation éphémère française au Brésil, j'ai aimé la mise en scène des différences dogmatiques entre les catholiques et les protestants qui aboutiront aux guerres de religions en France, mais j'ai été gênée par l'histoire sentimentale, qui semble plaquée par son ton décalé et mièvre, dans un roman au style étudié (trop peut-être) et aux solides bases historiques. Une petite déception pour cette première lecture de Jean-Christophe Rufin.

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Je voulais connaître une aventure mystérieuse au milieu des ancêtres des Cariocas , vivant en symbiose avec la nature .

Je dois reconnaître qu'ils m'ont touchée par leur amour de la vie , sans tabou , sans haine .
Par contre , je suis toujours sidérée de constater combien l'homme , soi- disant évolué , est le pire de tous . Seul compte , pour lui , le pouvoir de contraindre par ses idées , par sa religion les minorités , les personnes les plus faibles .


Mais qu'est-ce la colonisation , si ce n'est la conquête de territoires et son peuplement par un pays ou des groupes . Un processus d'expansion territoriale ou démographique qui se caractérise par flux migratoires se déroulant sous la forme d'une migration , d'une occupation plus ou moins rapide , voire d'une invasion brutale d'un territoire .


Qui mieux que Jean-Christophe Rufin pouvait nous expliquer cet épisode de la baie de Guanabara .
Il suffit de lire sa biographie pour constater combien cet homme de terrain , est un humaniste , poète et artiste .
Tel un paon , il étale ses plumes à travers ses descriptions pittoresques et colorées de paysages et de personnages .
Son vocabulaire riche , précis et si recherché , intimide tout ignorant de l'Histoire .
En chroniqueur objectif , il nous raconte l'expédition vers l'île Serigipe , dépendant de Rio de Janeiro par l'amiral Villegagnon _ qui laissera son nom à l'île _ .


Nicolas Durand de Villegagnan, ce grand homme de guerre , chevalier de Malte , coincé par une discipline rigide , est un puritain , idéaliste , sensible aux idées de Calvin .
Il part du Havre avec deux navires chargés de six cents hommes . Il s'entoure d'un cosmographe André Thevet et de Jean de Léry ( qui laisseront des écrits de ce voyage ) mais , aussi , de deux jeunes truchements , Just et Colombe , qui lui serviront d'interprètes auprès des autochtones - ( la jeunesse est la plus apte à apprendre les langues assez vite _ les " petites cellules grises " intègrent rapidement les informations vu les cent milliards de neurones dont elles disposent à la naissance et qui évoluent , sans cesse grâce à l'apprentissage _ .
La construction du fort Coligny demande toutes les forces des hommes . Ceux-ci , affaiblis par le manque de nourriture , les sens en éveil devant les beautés nues et libres des Indiennes , ces femmes qui leur sont interdites pour une raison morale et religieuse , montent une conspiration .
A quoi peuvent servir la gloire et le courage , si le coeur pleure l'amour et le sexe !
L'amiral devient de plus en plus paranoïaque , voire sanguinaire . Il ne supporte plus la contestation ; il ne veut pas des faiblesses de ce monde .
Il quémande alors l'aide des Calvinistes qui débarquent avec leurs convictions religieuses , différentes de celles de Villegagnan.
Voilà un prélude aux guerres de Religion dans ces terres lointaines .

Au milieu de ces intrigues , de ces haines , l'auteur adoucit le récit avec la présence de Colombe .
Colombe est un baume sur les blessures des coeurs .
Elle est si belle , si simple , si naturelle ; elle est tellement en harmonie avec la nature , avec les premiers habitants de l'île . Peu à peu , elle devient une véritable " Tupi "







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"Imaginez un instant, monseigneur, ce que peut ressentir un homme qui voit bouillir devant lui l'eau où il va cuire."

Voilà un incipit accrocheur qui m'a littéralement harponnée! Dès lors, il me fut impossible de lâcher Rouge Brésil trop longtemps.
Tout concourt ici au bonheur du lecteur: l'intrigue, le style, le contexte historique de cette moitié du XVIème siècle, les personnages, etc. Par rapport à ses ouvrages contemporains tels que Katiba ou le Parfum d'Adam dont le style ne m'avait pas vraiment transportée d'enthousiasme, Jean-Christophe Rufin déploie dans ce roman historique une verve et une écriture flamboyante. Il fait florès de mots peu usités ou anciens qui s'offrent comme autant de bonbons à mes yeux.

Le tout accroît le plaisir qu'on tire déjà de l'intrigue proprement dite. Car celle-ci est dense, foisonnante et vraiment passionnante. Jean-Christophe Rufin nous entraîne à la suite du chevalier Nicolas de Villegagnon du Havre jusqu'à la baie de Rio en une tentative assez méconnue d'une colonisation française du Brésil. Dans la géopolitique européenne de l'époque, entre les guerres avec la péninsule ibérique et les campagnes d'Italie, les jeux d'influence des espions à la solde des diverses puissances, ce projet monté pour la gloire du roi de France Henri II prend une ampleur particulière. Sans oublier non plus les questions religieuses entre les partisans de la Réforme et les tenants du catholicisme qui prépare la Contre-Réforme. Celles-ci prennent place également sur les caravelles.
Enfin, l'auteur éclaire avec justesse et humanité sur les natifs du Brésil. le roman met en scène les rapports entre les Indiens et les nouveaux arrivants européens. Triste mémoire de leur avilissement et mise en esclavage.

Si ce n'est déjà fait, je ne peux que vous inciter à rejoindre les jeunes Just et Colombe, le chevalier Nicolas de Villegagnon et les colons embarqués avec eux dans cette vaste et formidable aventure.
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La France antarctique.
Mis à part ceux qui ont lu Rouge Brésil, pas sûre qu'il y en ait beaucoup qui sachent où situer cette éphémère colonie française sur une carte. Et pourtant, elle fut.

1555
Du Havre-de-Grâce à la baie de Guanabara, Jean-Christophe Rufin nous raconte cette tentative de colonisation en entrecroisant personnages historiques et fictifs. Chevalier de Malte, soldats écossais, anciens détenus, artisans, orphelins, catholiques ou protestants, tous embarqués pour tenir un rôle précis. Si différents les uns des autres, tellement semblables face aux indiens.

Entre le choc d'une rencontre et la course à la colonisation des Européens dans ce siècle de guerres de religions, le ton doucement ironique de l'écrivain est de circonstance, en plus d'être délectable.

Roman historique qui tient toutes ses promesses.
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Rouge Brésil, 600 pages de retour dans le passé tumultueux des grandes expéditions maritimes.

Nous sommes en 1555.
Sur les ordres du roi Henri II, le chevalier de Villegagnon, vice amiral de Bretagne, embarque pour le Brésil afin d'y installer une colonie française qu'il nommera "France antarctique".
Sur un des trois navires qui font route vers l'ouest, Just et Colombe, frère et soeur orphelins, se pressent l'un contre l'autre, effrayés et excités par ce qui les attend.
Ils ont été enrôlés en tant qu'interprètes pour les négotiations avec les indigènes.
Les aventuriers s'installent sur une île de la baie de Rio et y bâtissent un fort, tête de proue pour l'exploration de la côte et du continent.
Confrontés à des contrées inhospitalières, ils vont en plus devoir faire face à des indigènes canibales et aux prémices des guerres de religion qui séviront en Europe quelques années plus tard.
En effet, la petite communauté sera rapidement la proie du shisme profond qui commence à diviser huguenots et catholiques.
C'est dans ce contexte compliqué que les deux adolescents, ignorants de leur véritable origine, vont construire leur destin, chacun avec son approche personnelle des évènements et sa sensibilité propre.

Basé sur des faits historiques, ce récit, écrit de très belle façon, fait amplement usage du vocabulaire de l'époque et ce, pour notre plus grand bonheur.
Férue de romans historiques depuis toujours, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cet épisode "anecdotique" de la course à la colonisation.
En rivalité avec les portugais implantés déjà depuis longtemps dans la région et guère prêts à céder leur monopole, les français ont du battre en retraite.

600 pages...un peu longues parfois...parce que les stratégies politiques sont parfois difficiles à suivre dans les détails.
Et pourtant, la crédibilité du récit est à ce prix.
La plume de Jean-Christophe Rufin est agréablement maniée et le dépaysement, sauvage à l'envi.
Trois étoiles pour les longueurs historiques, nécessaires mais parfois ennuyeuses.
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J'ai vu le film il y a quelques années, et contrairement à pas mal d'autres, beaucoup d'images m'en étaient restées.
C'est donc avec plaisir que j'ai retrouvé Just et Colombe, ces deux enfants embarqués malgré eux sur un bateau en partance pour le Brésil.
Le XVIème siècle n'a rien à envier à notre époque question intolérance religieuse.
Catholiques et protestants s'entredéchirent et se tuent, français et portugais en font de même pour être maîtres des terres découvertes.
L'auteur a su rendre captivant un moment d'histoire. L'écriture est simple, claire, belle.
On se dit en refermant le livre que rien n'est résolu quant à la folie meurtrière menée au nom des religions.
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Ce livre me faisait de l'oeil depuis un bon moment et quelque chose me disait, malgré ma curiosité, que je n'aimerais pas. Voilà chose faite, je viens de le finir et je peux dire que ma lecture a été plutôt mitigée.
1555, le Havre: deux jeunes adolescents orphelins, Colombe et Just, sont embarqués sur un bateau en partance pour le Brésil afin d'y fonder la "France Antarctique" avec le chevalier de Villegagnon, quelques repris de justice et des anabaptistes, le tout dans le contexte des guerres de religion.
Arrivés sur l'île où de Villegagnon fait construire un fort, le destin de Colombe, destinée à jouer l'interprète avec les tribus amazoniennes, et celui de son frère Just, bientôt bras droit de de Villegagnon se séparent, malgré leur fort amour l'un pour l'autre.
Ce roman, au travers de l'aventure de ces deux enfants, aborde la question des religions, du mythe du Bon Sauvage et de la colonisation, sur plusieurs années et avec en toile de fonds les alliances économiques européennes.
Est-ce parce que j'ai dévoré Notre-Dame de Paris de Hugo juste avant, ou cette écriture trop classique de Rufin? le fait est que j'ai moyennement accroché au récit malgré l'intérêt qu'il porte à ces évèenements historiques, et que je n'ai pas vraiment été touchée par le destin de ses deux enfants ni de leurs acolytes. en revanche, j'ai aimé le personnage de Pay-Lo, Français installé au milieu des tribus indigènes dans une hutte de fortune.
A part Colombe et Just, inventés pour romancer ce récit, la plupart des autres personnages ont réellement existé et Rufin laisse, en postface, une liste intéressante d'essais du seizième siècle sur cette aventure.
Chose faite, ce roman ne me fera plus de l'oeil.
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