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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
.
Voilà un auteur , qui , dès son premier roman " le coeur qui tourne ", se retrouve bardé de distinctions .
Pourtant , je reste méfiante... mais intriguée malgré tout !

Et , surprise , derrière une couverture loufoque , c'est un texte grave qui va se révéler .
On va vivre une année , mois par mois , avec Johnsey .
Fils de paysans irlandais , il a 25 ans et de lourds problèmes psychologiques en font un handicapé social : le rapport aux autres est douloureux et compliqué .
Le développement de sa pensée est bien souvent chaotique et le monde des adultes lui semble bien nébuleux .
Alors , bien sûr , dans le village il passe pour un simplet , un idiot .
Pourtant , il est heureux au sein de sa petite famille : ses parents l'aiment et le protègent .
Mais , un jour tout bascule .
Et , Johnsey va devoir se battre contre la bêtise humaine .

Pendant tout le récit , on va suivre le cheminement de la pensée du jeune homme avec ses mots , ses réflexions .
On passe par toutes les émotions possibles et , ici ou là des notes d'humour , parfois noir ou grinçant , tentent d'alléger un peu l'atmosphère sombre .

Mais ,je dois préciser que je n'ai pas toujours supporté facilement l'hyperréalisme forcené du style de ce roman .
Le personnage est très attachant tant il est sensible et souvent plein de bon sens mais " penser Johnsey "pendant des pages et des pages est plus épuisant qu'on ne croit !

Pourtant , j'ai apprécié cette fresque villageoise , un nouveau tableau de la vaste comédie humaine , bien construit .
L'émotion aussi est au rendez-vous et j'ai souvent pensé à une phrase culte que l'on prête à Audiard :
" Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière "
Maigre consolation face à la dureté de ce roman .








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Le coeur qui tourne comptait pas moins de 21 narrateurs dans un roman choral qui évoquait la sévère crise irlandaise en milieu rural. Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe, toujours signé de Donal Ryan, explore l'immédiat temps d'avant, à savoir le boom économique des années 90 qui a considérablement changé le pays, dans un contexte matérialiste assez effrayant. Y compris dans le petit village que décrit à nouveau l'auteur, autour de son personnage principal, le dénommé Johnsey Cunliffe. Celui-ci, au début du roman, qui comme son titre l'indique s'étend sur une année civile, vient de perdre ses deux parents, ultra protecteurs. Son existence en est chamboulé d'autant que la communauté lorgne ses terres pour un projet d'investissement juteux. Drôle de type, ce Johnsey, foncièrement honnête mais du genre innocent et mal armé intellectuellement pour faire face. Il est touchant et un peu agaçant, en particulier pour sa défiance systématique envers lui-même. Ou comment devenir asocial sans l'avoir vraiment souhaité en constatant que parfois le malheur est dans le pré. La plume de Ryan n'est pas toujours tendre pour son sombre héros, souvent plongée (la plume) dans une ironie certes drôle pour le lecteur mais un tantinet vacharde. C'est malgré tout une lecture en grande partie dépressive et qui laisse une impression quelque peu mitigée surtout si on est tenté de comparer avec d'autres auteurs irlandais contemporains : O'Riordan, Keegan, Bolger ou Lynch, par exemple. Il est vrai qu'en matière de littérature venue d'Eire, la barre est placée singulièrement haut.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Bou! la la!

Que de tristesse, que de solitude, que de noirceur dans ce roman !

La narration est faite par le personnage principal Johnsey. Johnsey est pour le moins simplet, plus ou moins demeuré ,du coup, sa façon de raconter sa vie, mois après mois, a un côté naïf qui donne un faux air de fraicheur à des situations plus pourries les unes que les autres. Après avoir perdu son père, Johnsey perd aussi sa mère dans l'année qui suit. Comble de malchance, il se retrouve à la tête d'une potentielle petite fortune , ses terres agricoles ayant été requalifiées en terres constructibles. Ses terres attirent les convoitises et tous sont prêts à rouler Johnsey dans la farine. Manque de chance, Johnsey, tout débilou qu'il soit, perçoit quand même une partie du manège qui se trame autour de lui et il va s'avérer plus difficile que prévu de la manipuler.

Pauvre Johnsey, tellement sensible, tellement naïf et honnête, enfermé dans son immense solitude, qui se fait tabasser régulièrement par une bande de types minables sans que personne n'intervienne, qui vivra ses plus beaux jours à l'hôpital après avoir été fracassé trop fort, qui sait bien ce qu'il est et ce que les autres pensent de lui , qui est tellement conscient du désastre qu'est sa vie que le suicide flirte avec lui.

Un roman émouvant avec ce très beau personnage et une vision de l'humain cruellement réaliste
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Johnsey est le fils unique d'un couple de fermiers modestes des environs de Tipperary. Johnsey c'est un bon gars, mais il a du mal. du mal « à ranger correctement les mots pour qu'ils sortent de sa bouche dans l'ordre voulu et à un rythme raisonnable », du mal à s'en sortir avec les gens. Enfant sensible et timoré, surprotégé par ses parents, son manque pathologique de confiance en lui l'a amené au fil des ans à devenir une sorte d'handicapé social. Mais pour tous au village, Johnsey est un simplet, voire un gros demeuré. Parce que voilà, chez Donal Ryan, les gens ne sont ni tendres ni sympas et lorsqu'ils font preuve d'humanité c'est seulement par crainte de Dieu ou du qu'en dira-t-on, quand ce n'est pas carrément intéressé. On est loin ici des images d'Épinal d'une Irlande souriante et amicale. Ici c'est les commérages et l'intolérance, les gens qu'on met dans des petites cases, la jeunesse désoeuvrée et les vieux désabusés.

Mais ici aussi, il y a Johnsey. Et même s'il saoule souvent de tellement pas avoir confiance en lui, le gaillard, il est vraiment attachant. Il a vingt-quatre ans quand commence cette année. Un chapitre par mois, de janvier à décembre (le titre original est The thing about december). Il raconte les journées à sa hauteur, les souvenirs de son père, et ce qui lui arrive. Et il va s'en passer des choses. Un décès, une baston, un séjour à l'hôpital, une infirmière surnommée Jolie Voix et le comique Dave Charabia. Johnsey va même se retrouver sous les projecteurs pour une affaire de terres et de pognon. Donal Ryan raconte comment la société peut faire de la charpie des gens différents. Et comme dans le coeur qui tourne, il enfonce bien le clou, un peu trop même, sans doute. Allo ? Y'a pas une seule personne de chouette ici dans le troupeau ?!

Heureusement, Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe est éclairé par Johnsey, de jolies trouvailles, une plume enjouée et beaucoup d'humour – Je pense au « chat-têteur » (cathéter) à l'hôpital qui devient, prononcé par une autre infirmière, un « chat-tateur » et Johnsey qui espère que le chat ne va pas se mettre à mordre ; vu que c'est une sonde urinaire, on l'espère effectivement aussi pour lui, haha.

Je suis en tous cas bien contente de l'avoir sorti de ma pile à lire et me voilà maintenant « à jour » si l'on peut dire, en attendant son prochain, Par une mer basse et tranquille, qui paraîtra le 31 mars prochain chez Albin Michel.

NB : Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe se passe avant le coeur qui tourne, mais dans le même village ou pas loin, car de mémoire on y parlait déjà d'une famille Cunliffe. Il est à noter d'ailleurs (voir mon billet sur la rencontre avec l'auteur en janvier 2017 au Centre Culturel Irlandais ICI) que ce roman est en fait son premier, même s'il n'a paru en France qu'en second. Dans le coeur qui tourne, un roman choral à 21 voix, j'avais trouvé que (je me cite : ) « le foisonnement exacerbé de personnages, de malheurs, de griefs, d'absence d'espoir, sur un roman aussi court (180 pages), c'est presque trop. Difficile de s'attacher à quiconque, pas le temps, et du coup c'est un peu frustrant. ». J'avais du coup préféré son troisième roman, Tout ce que nous allons savoir.
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Le roman aurait aussi pu s'intituler Dans la tête de Johnsey Cunliffe, car c'est par sa voix, celle d'un jeune homme de vingt-quatre ans, orphelin, vivant seul et de surcroît, affligé d'un léger retard intellectuel, qu'un fort lien d'empathie relie le lecteur au personnage principal. Une histoire qui aurait pu être d'une affligeante tristesse, mais l'écriture vivante et le ton résolument dédramatisant employé par l'auteur font en sorte que le récit emporte le lecteur au-delà des faits décrits. Donal Ryan restitue de belle façon l'univers d'une petite communauté irlandaise emportée par ses commérages, ses exclusions, ses petitesses envers les gens qui sortent de la norme. Son premier roman, le coeur qui tourne, prendra place dans ma PAL, c'est sûr.
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Après l'intrigue tourbillonnante et polyphonique de son premier roman "Le coeur qui tourne", Donal Ryan nous livre avec ce deuxième titre un récit à la structure plus linéaire, centré sur un personnage, et égrenant ses chapitres au rythme des douze mois de l'année. Une année pour suivre Johnsey Cunliffe, et les épisodes successifs de sa triste épopée.
Johnsey est un esprit simple, le genre d'individu que certains désigneraient sans doute comme l'idiot du village. Certains comme Eugene Penrose et sa bande, pourtant pas des lumières non plus, du genre bêtes et méchants, qui traînent leurs guêtres de chômeurs sur le muret du monument aux morts de la bourgade, en attente d'une victime facile à brimer, voire à tabasser.

Johnsey lui, est un gentil, qui à vingt-quatre ans se soumet à l'immuable et pitoyable routine de sa vie : se lever le matin pour aller exercer un boulot sous-payé de manutentionnaire, se faire brutaliser sur le chemin du retour par Penrose et consorts et s'efforcer de ne pas en pleurer, aller se coucher après avoir diné avec sa chère maman, et penser dans son lit à de jolies filles qu'il n'approchera jamais ou à son défunt père, qu'il n'est pas loin de considérer comme un héros. Il faut dire qu'à l'inverse de son fils, cet homme direct et pragmatique ne s'est jamais laissé marcher sur les pieds et n'a jamais craint une bonne bagarre. Toutefois réputé autant pour son bon coeur que pour ses colères, c'était un pilier de la communauté, qui s'est toujours montré patient et doux avec Johnsey, à qui il a tenté, en vain, d'enseigner la maçonnerie. Face à son souvenir, mais aussi à celui des autres figures remarquables de la famille -qui a notamment compté quelques grands oncles activement indépendantistes- le jeune homme, tristement conscient de ses limites et de la déception qu'il a dû causer à ses proches, se considère comme l'idiot qui a pourri la lignée Cunliffe.

Depuis que le père est mort, deux ans auparavant, l'état de la mère se délite peu à peu, elle se fait de plus en plus distraite et silencieuse, n'arrête pas de se ratatiner. Jusqu'à disparaître elle aussi.

A la familière tristesse qui l'habite depuis le décès paternel, s'ajoute alors la nécessité d'affronter une solitude infinie, l'idée de lendemains éternellement semblables et dénués de tout espoir de tranquillité d'esprit. Car si Johnsey, trop complexé et empoté pour soutenir une conversation normale, est généralement mutique, à l'intérieur ça bouillonne : il rumine incessamment ses échecs, sa lâcheté, son infériorité, la somme de ce qu'il n'a pas su rendre à ceux qui lui ont tant donné.

Mais un événement tragique est bientôt à l'origine de bouleversements qui viennent percuter cette existence mortifère. A l'occasion d'une longue hospitalisation, il se lie presque malgré lui d'amitié avec une infirmière sexy et peu farouche et un voisin de chambre bavard et fanfaron. Il focalise par ailleurs bien involontairement l'attention haineuse de ses concitoyens lorsqu'il refuse, pour des raisons strictement sentimentales, de vendre ses terres subitement devenues constructibles au consortium à la tête du projet immobilier censé apporter le renouveau au village.

C'est une bien triste histoire que celle de Johnsey Cunliffe. Parce qu'il est simple mais pas dupe, qu'il a retenu les leçons de son lucide de père et que son propre silence ne l'empêche pas d'entendre les rumeurs viles et effrayantes émises par ses semblables, il sait le mépris ou la pitié qu'il suscite, et ne se laisse pas berner par la hypocrites tentatives de séduction de ceux qui l'approchent par intérêt. Une lucidité qui le rend d'autant plus malheureux…

Et c'est encore un bien beau titre que nous propose là Donal Ryan, qui évoque le destin de son héros dans une langue simple et précise mais toujours éloquente, sa plume se mettant à l'écoute des sensations, des pensées de son héros, traduisant en mots toute la détresse mais aussi, en définitive, toute la complexité de cet être extrêmement sensible qu'est Johnsey Cunliffe, dont l'irréductible fidélité aux siens ainsi qu'à ce qu'ils lui ont transmis et le total désintérêt pour toute valeur matérialiste nous ramènent à ce que l'on a sans doute un peu perdu…

"Puisque Dieu l'a abandonné, qu'est-ce qui l'empêche de passer dans l'autre camp ? Peut-être que le diable lui apportera davantage de succès".
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Johnsey Cunliffe est un jeune homme vivant sur la ferme familiale, que l'on suit sur une année. Chaque mois débute par de jolies considérations saisonnières, façon almanach, souvent inspirées par ce que disait son père, mort il y a quelques temps, ou sa mère, qui s'est laissé mourir de chagrin au cours du mois de février. A la mort de ses parents, Johnsey devient très seul et n'a plus personne pour le consoler de la malveillance de certains habitants du village, qui le persécutent depuis longtemps.
Car Johnsey, un peu balourd et naïf, ne sait pas trop comment se comporter avec les autres : il ne sait pas parler à une femme, n'a aucun sens de la répartie. Et pourtant ses réflexions, son observation du monde témoignent de la richesse de sa vie intérieure, livrée à la troisième personne dans le roman, mais de façon très intériorisée. Et il se montre sans concession avec lui-même.
Johnsey a aussi d'intimes convictions : lorsque les sollicitations pleuvent quand un promoteur immobilier souhaite acheter ses terres, il sait résister aux pressions de ses concitoyens par fidélité à ses ancêtres, qui n'auraient certainement pas voulu voir leurs terres bétonnées.
Au cours de cette année cruciale, Johnsey va devenir orphelin, faillir perdre la vue, être tenté de se pendre, se faire des amis et découvrir l'amour, résister face à toute une population qui aimerait se lancer dans la spéculation immobilière… et surtout, il nous bouleverse par sa candeur et sa volonté de ne blesser personne, son chagrin lié à la mort de ses parents, les brimades dont il est l'innocente victime.
Mais Johnsey sait également nous faire rire par ses réflexions parfois hilarantes, qui restent intérieures, heureusement ou non, selon les circonstances. On oscille du rire aux larmes dans le roman, mais on est en admiration constante envers la très belle écriture de Donal Ryan, et envers son talent pour créer des personnages qui ne peuvent que susciter notre empathie.
Pour finir, au-delà du personnage de Johnsey ce très beau roman est un instantané de l'Irlande rurale, dont les valeurs sont menacées par la tentation du matérialisme.
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Je découvre Donal Ryan, finaliste du Man Booker Prize, avec Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe...

Roman initiatique, d'apprentissage ? Histoire du combat d'un homme, d'une vie ? Plaidoyer pour l'opiniâtreté, la volonté ? Donal Ryan livre un récit émouvant sur le courage d'un homme qui cherche absolument à défendre sa terre, à se donner un but dans l'existence. Dès le départ j'ai été fascinée par le caractère de Johnsey, un jeune homme qui cherche absolument à défendre son héritage, à faire entendre sa voix malgré le regard envieux d'autrui. Alors certes cet antihéros peut déplaire car il est vraiment unique en son genre mais je l'ai trouvé surtout touchant dans ses faiblesses.

Au travers de ce pan de vie, de ce récit personnel, l'auteur dépeint l'Irlande comme jamais, nous fait découvrir ses beautés mais aussi ses côtés sombres. La terre reste un symbole extrêmement fort et dès lors choisir de garder sa terre envers et contre tout comporte une symbolique forte : le romancier met en lumière des sujets vraiment importants voire existentiels.

A la fois sarcastique, drôle et profond, l'univers de Donal Ryan est extrêmement intéressant, il offre au lecteur la possibilité d'aller au-delà de l'image idyllique irlandaise, d'aller voir ce qui se cache dans les villages et ce via une très belle prose. Je lirai assurément le Coeur qui tourne afin de faire plus ample connaissance avec ce romancier.

En définitive, une très bonne lecture chez Albin Michel !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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De janvier à décembre, l'auteur nous raconte le quotidien d'un Irlandais un peu simplet et restitue également ses souvenirs heureux et ses réflexions qui sont loin d'être stupides. Comparé à sa vie au cours de cette année fatidique, son passé aux côtés de ses parents agriculteurs est une somme de bonheurs innombrables. Mais son père, qui a pris soin, l'heure de la retraite sonnée, de vendre leur petit troupeau de vaches et de louer les pâturages, a été terrassé par un cancer l'année précédente, et sa mère succombe au chagrin quelques mois plus tard. Johnsey se retrouve seul au monde et il serait tenté d'en finir s'il savait comment s'y prendre. Bien que disposant du capital amassé par ses parents, en espèces et surtout en terres, il continue à travailler comme factotum à la coopérative locale jusqu'à ce qu'il soit passé à tabac par des voyous. Et c'est à l'hôpital qu'il va lier connaissance avec les deux personnes qui influenceront le plus son jugement au cours de cette année : Siobhán, l'aide-soignante qui va le bichonner, et Dave, son voisin de chambre à la repartie sans pareille. le problème, c'est que ces deux-là, qu'il aime autant l'un que l'autre, pour des raisons différentes, ne s'estiment guère et que leurs chamailleries vont achever de perturber le ciboulot bien fragile de Johnsey. D'autant qu'il a été présenté par une certaine presse comme un irréductible empêcheur de construire en rond car il refuse de vendre les terres que ses chers parents lui ont léguées. Or même le couple de commerçants qui sont pour lui comme des père et mère de substitution a investi dans la société semi-publique qui veut racheter ses prairies et ses bois pour en faire des lotissements...
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C'est de la tristesse que l'on ressent à la lecture du roman de Donal Ryan, tristesse devant une vie gâchée dès la naissance. Johnsey, 24 ans, est laid, timide, asocial et un peu demeuré. Enfin, c'est ce que pense la petite communauté irlandaise au sein de laquelle il évolue. Son père adoré est mort d'une longue maladie. Sa mère le suit peu après.
L'orphelin souffre-douleur hérite de la ferme familiale. Les terrains ayant été déclarés constructibles, les promoteurs rêvent d'y construire un lotissement. Les villageois le poussent à vendre espérant tirer de l'arrivée de nouveaux habitants une manne financière. Johnsey ne cède pas et s'enfonce dans la solitude, abandonné par ses parents qui l'ont surprotégé, et est habité par des pulsions de meurtre et de suicide.
Paradoxalement, c'est à l'hôpital, après avoir reçu une belle raclée, qu'il s'éveille à une nouvelle vie grâce avec sa rencontre avec Belle-Voix, l'infirmière, et Dave, son compagnon de chambrée.
Mais son destin le rattrape et il s'enferme jusqu'à la folie dans sa tour d'ivoire.
Portrait poignant d'une jeune garçon qui ne parvient pas à devenir un adulte à cause du regard des autres qui le considèrent à peine comme un humain, « Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe » est un livre sur l'autodestruction, celle du personnage principal, mais aussi celle d'une société fascinée par les mirages de l'argent et une pseudo modernité qui n'est qu'un leurre.

EXTRAITS
- Johnsey avait treize ans à l'époque, une tignasse de cheveux noirs réfractaires à toute discipline, et une figure rubiconde. Ses mains étaient épaisses, ses pieds avaient tendance à le trahir et sa voix se fêlait dans sa gorge, elle jaillissait de sa bouche un ton trop bas ou grimpait dans les aigus, et puis sa tête remuait malgré lui quand il devait prendre la parole : un tel lot de misères pour un seul garçon, c'était assurément plus que quiconque ne pouvait en supporter.
- Il faut vraiment avoir eu une vie de merde pour que le fait de se prendre une dérouillée et de se retrouver dans le noir soit au final le plus beau moment de son existence...

Lien : http://papivore.net/litterat..
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