Ne cherchez pas ce libraire, il ne tient pas à voir sa librairie envahie de visiteurs. Ne le cherchez pas, sauf si votre quête est ouverte à un peu de poésie, et que vos idées ne sont pas arrêtées.
Cherchez-le si vous aimez vous laisser porter par les odeurs des livres qui se retournent au son du poudoupoudoupoudou de la porte.
Cherchez-le enfin si vous pensez que les livres vous transportent et vous allègent.
Vous trouverez des questions qui se glissent sous le pas de la porte de cette petite librairie, et fouinant la pièce, traquent
le libraire qui les évitent.
Vous trouverez une poésie qui flâne entre les rayons, et des réflexions qui apporteront la tempête dans nos esprit. Dont cette question à laquelle je suis moi-même incapable de répondre : "quels sont les trois livres à emporter sur une île déserte ?"
Et un client mal embouché de répondre au libraire qui lui dit :
"- C'est un choix très personnel...
- Personnel, mon cul, dit le client.
Le libraire lui sourit pour l'encourager.
- Qu'est-ce que je vais branler dans cette île pourrie si j'ai pas ces trois livres de merde ?
- Ah...dit
le libraire, je crains que vous ne les trouviez pas ici.
- Quelle chierie, conclut le client avant de tourner les talons et de partir sans dire au revoir."
Les phrases sont des cadeaux personnalisés, d'où qu'elles viennent, et leur musique enchante les oreilles rêveuses. "Il y a beaucoup de choses à apprendre sur les icebergs."
Et les pages retirées de leur livre parent sont des missives envoyées à travers le monde.
Ce livre doux, ubuesque et indispensable doit absolument passer entre toutes les mains, pour redonner un souffle salvateur à tout lecteur. Mais également redonner à chacun de vos mots leur valeur.
"Lorsque vous écrivez une lettre, Prince, ou un message, quoique que ce soit que vous adressez à quelqu'un, lorsque vous l'avez terminé, que vous en êtes satistait, demandez-vous toujours si vous pourriez l'envoyer au même moment à quelqu'un d'autre. Si vous n'auriez qu'à changer le nom, l'adresse. Si oui, oubliez cette lettre. Ça n'en est pas une. Vous racontez votre vie, Prince, vous nécrivez pas à quelqu'un. Recommencez ou abandonnez.
Lorsque vous serez bien familier de cette pratique, que plus jamais vous n'enverrez de lettres qui n'en sont pas, et cela prendra du temps, une décision s'ouvrira à vous. Pesez-la avant de la prendre car elle est de conséquence. Mais vous la soupçonnez déjà, n'est-ce pas. Déjà, vous commencez à vous dire : Et si j'agissais de même avec mes paroles ? Imaginez, Prince. A chaque phrase que vous allez dire, que vous formulez, si vous vous demandiez : Pourrais-je la dire en ce même moment à quelqu'un d'autre ? Et si, au cas où effectivement vous le pourriez, vous ne la disiez pas. Et si vous vous taisiez...
Rares seraient sans doute vos paroles."