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EAN : 9782251455112
340 pages
Les Belles Lettres (12/01/2024)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Si la civilisation chinoise de la table est réputée, elle est paradoxalement inconnue dans ses principes. Malgré la multiplication de l’offre alimentaire asiatique au-delà de la Grande Muraille, peu de mangeurs occidentaux imaginent le raffinement et la richesse de la palette des goûts mise en valeur par les cuisines de l’immense espace chinois.

Au fil des pages, Françoise Sabban nous mène auprès des chefs, dans la chaleur de la flamme, pour suivre le... >Voir plus
Que lire après La Chine par le menu : Cuisine, culture culinaire et traditions alimentaires chinoisesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je remercie Babelio et Masse critique pour ce livre. J'ai été intéressée par ce livre car ma fille est en licence de Chinois et comme nous partageons nos passions, j'ai voulu gagner ce livre avant tout pour elle. Il faut dire qu'un autre livre me faisait de l'oeil, celui d'Étienne de la Vaissière, Asie centrale, que je vais devoir m'acheter. Quoi de mieux que la culture culinaire pour pénétrer une culture, un pays. Un essai très bien documenté, j'ai beaucoup aimé le double sens du titre. On y apprend comment la Chine a réussi, comme la France, à élever sa cuisine au rang d'Art culinaire. Qu'il n'y a pas une cuisine chinoise mais plusieurs en fonction des régions. On y apprend aussi que la Chine a traversé de nombreuses famines, la dernière sous Mao, lors de la campagne du "Grand bon en avant", un épisode honteux caché au reste du monde et à la population chinoise elle-même. La Chine comme beaucoup, n'échappe pas à la modernisation de sa cuisine (nouilles industrielles) et rares sont les personnes qui continuent de cuisiner, perçu comme une perte de temps. La jeune génération qui n'a pas connu la famine, est plutôt sujette au gaspillage alimentaire et a un penchant pour la malbouffe (KFC, Mac Do). La Chine comme beaucoup de pays dans le monde, doit faire face au changement climatique et pour cela elle prépare déjà son avenir en s'offrant des terres arables en Afrique et en remettant au goût du jour des aliments dévalorisés car longtemps destinés aux plus pauvres ( pommes de terre, maïs, sarrazin). Un livre très utile pour sortir des préjugés qui empêchent vraiment de connaître et apprécier un peuple et sa culture.
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Essai très dense et intéressant concernant la cuisine chinoise et tout ce qui est en lien avec la gastronomie de ce pays.

J'ai trouvé passionnant le fait que l'auteure nous fasse un historique aussi complet de l'importance de la nourriture dans la Chine qui a connu tant de famines et nous décrive minutieusement ses liens étroits avec la médecine traditionnelle (notamment la diétothérapie que je ne connaissais pas) mais également tout ce qu'elle signifie au niveau socio-économique. Il est possible de connaître beaucoup de choses de vous juste en regardant ce que vous mangez.
De nombreux exemples m'ont fait sourire, me rappelant des anecdotes que j'ai moi-même connu quand j'y étais. J'ai vraiment adoré le passage concernant l'utilisation des baguettes par les Chinois ainsi que tous les codes liés à la disposition des mets et des convives autour d'une table.

Je dois avouer avoir eu peur quand elle a commencé à aborder le sujet des Ding (ayant été un peu échaudée à la fac sur tous ces ustensiles datant d'avant notre ère), mais elle a finalement amené la chose de manière intéressante et claire.

Néanmoins je préfère prévenir les lecteurs que ce livre est un essai scientifique assez poussé, donc peut-être dense et un peu ardu selon les goûts de chacun.

Un grand merci à Babelio et aux Belles lettres pour la découverte.
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Vous l'aurez peut-être remarqué, ces derniers mois je me plonge un peu plus dans ce que je vais appeler la « littérature culinaire ». Grâce à une Masse Critique Babelio, j'ai pu me pencher sur la Chine à travers les écrits de Françoise Sabban : La Chine par le menu publié aux éditions Les Belles Lettres.

Résumé de l'éditeur

Si la civilisation chinoise de la table est réputée, elle est paradoxalement inconnu dans ses principes. Malgré la multiplication de l'offre alimentaire asiatique au-delà de la Grande Muraille, peu de mangeurs occidentaux imaginent le raffinement et la richesse de la palette des goûts mise en valeur par les cuisines de l'immense espace chinois.

Au fil des pages, Françoise Sabban nous mène auprès des chefs, dans la chaleur de la flamme, pour suivre les faits et gestes de grands professionnels; elle nous invite à comprendre la subtilité des saveurs, les habitudes des mangeurs, les rituels de la table et leur histoire.

Mais surtout, elle réconcilie les pratiques avec les imaginaires, les pensées et les idées qui leur donnent sens et ont permis leur existence. Car, en Chine, la culture alimentaire a toujours été une affaire politique. En racontant la Chine par le menu, Françoise Sabban retrace les aléas idéologiques qui ont bouleversé la société depuis le début des années 1980 et comment, pour les Chinois, la conquête de la modernité a passé par une réforme de leur régime alimentaire.



J'ai été assez étonnée de découvrir que l'on pouvait traiter ce sujet comme n'importe quel autre sujet de recherche et je ne m'attendais pas du tout à ce que les pratiques culinaires fassent grand bruit !

La première partie du récit traite notamment de ce qui a amené Françoise Sabban à se pencher sur le sujet des traditions culinaires en Chine, de son expérience en tant qu'occidentale à table avec des Chinois. Et finalement, c'est très intéressant de découvrir tout le cheminement intellectuel de l'autrice à travers ses diverses expériences culinaires, ses échanges avec ses proches et collègues. Et on se rend compte que le sujet de la tradition culinaire, de la culture de la bouche de manière générale est assez populaire dans le monde de la recherche et on découvre notamment énormément d'ouvrages qui peuvent compléter La Chine par le menu dans la rubrique bibliographique de l'autrice.

Le reste du récit est vraiment bien structuré et j'ai pu avancer dans ma lecture très facilement. Cependant, je pense qu'il faut garder à l'esprit qu'il s'agit plus d'un essai que d'un livre touristique sur la culture chinoise. de ce fait, la structure du livre peut décourager certains d'entre-vous surtout si vous n'avez pas une appétence particulière pour la Chine et ses traditions. Personnellement, j'ai préféré appréhender ma lecture comme étant un petit manuel sur la culture de la bouche en Chine (un manuel très bien fourni cela dit !).

C'est également le genre de lecture que j'apprécie, car cela permet de nous ouvrir sur d'autres sujets de recherche et d'approfondir nos connaissances dans des domaines connus seulement des spécialistes !

Je ne vais pas vous le cacher, c'est aussi une lecture qui donne faim et qui vous poussera peut-être à vous ouvrir sur la culture culinaire d'autres pays !

Bonne lecture à tous !
Lien : https://leschasseusesdelivre..
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Françoise Sabban, directrice émérite de l'EHESS, nous propose, dans La Chine par le menu, une histoire de la cuisine, de la culture culinaire et des traditions alimentaires chinoises, des années 1980 à nos jours. Dans cet ouvrage, elle a cherché à étudier la démarche réflexive des Chinois quant à leur alimentation et leurs coutumes actuelles.

La dernière famine d'ampleur, en Chine, date des années 1958-1961, sous Mao Zedong, et a causé la mort de 15 à 50 millions de personnes (nous ne connaissons pas les chiffres exactes). Ce traumatisme est bien ancré dans la mentalité chinoise, surtout dans celle des ainés, et a encore aujourd'hui un impact dans leur représentation de la cuisine. Un paradoxe se dégage ainsi : bien que la Chine ait été touchée par de nombreuses famines, encore récemment, comment se fait-il qu'elle soit considérée historiquement comme un des pays avec la plus haute gastronomie ?

La culture alimentaire chinoise, même si elle est spécifique, se comprend au vu de l'histoire riche de l'alimentation de l'humanité. Elle est à la fois le produit de mainte générations de cuisiniers et de gourmands chinois, mais aussi le résultat des échanges politiques, commerciaux et culturels qui ont eu lieu, entre les pays, tout au long de son histoire.

Mais Françoise Sabban remarque que, bien qu'on ait l'impression aujourd'hui de tout connaître des coutumes étrangères avec internet, ce n'est pas le cas. Les restaurants chinois en Occident ne proposent pas souvent la cuisine qu'on trouve vraiment en Chine ; ils ne sont qu'une reformulation qui convient à nos palais occidentaux. Ainsi, la chercheuse a choisi de mener une enquête directement sur le terrain afin de vivre au mieux l'expérience culinaire chinoise. Elle a, de ce fait, recueilli les témoignages et les pratiques des natifs pour en connaître toutes les subtilités.

Si vous voulez voyager dans la traditionnelle et contemporaine cuisine chinoise, ce livre est fait pour vous !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Que dire alors du geste d président Jiang Zemin (1926-2022), lorsqu'il offrit un énorme tripode ding à l'Organisation ds Nations unies le 21 octobre 1995 ? Voilà soudain que le ding, et son histoire enracinée dans les profondeurs du passé chinois, franchissaient les frontières de son espace d'origine. Ce cadeau de poids, si l'on peut dire, offert à Boutros Boutros Ghali en cet automne 1995, était un imposant tripode ding en bronze d'environ 1,5 tonne, travaillé à l'ancienne selon des modèles des dynasties Shang et Zhou, d'une hauteur de 2,10 mètres, offrant une ouverture d' 1,50 mètre, et incrusté de cinquante pierres de turquoise. Les mensurations précises de ce "Centenary Treasured Tripode (le tripode sacré du siècle)"(shiji baoding), selon la terminologie chinoise consacrée, ont leur importance, car elles étaient censées rappeler la date de fondation des Nations unies le 24 octobre 1945 cinquante ans auparavant, et figurer l'annonce du XXI siècle à venir. Surprenant cadeau tout de même que ce ding, désormais installé dans le jardin qui entoure les bâtiments de l'ONU, parmi la centaine de statues et d'oeuvres d'art venues du monde entier, et qui sont censées transmettre un message de paix et de respect mutuel entre les pays membres, car, selon le conservateur du lieu, elles doivent être issues d'un art qui ne dérange pas les autres pays. On peut en effet se poser la question de savoir si ce ding, objet d'un culte fétichiste en Chine, et sans aucun doute expression d'un entre-soi essentiellement chinois, remplit vraiment le souhait du conservateur. Car si certaines pièces détenues par le musée de l'ONU, tel le célèbre revolver au canon noué de l'artiste suédois Carl Fredrik Reuterswärd s'affiche comme une condamnation sans appel de la violence ne nécessitant aucun commentaire, le ding chinois ne délivre aucun message immédiatement compréhensible au visiteur du parc. Après avoir rappelé que le "tripode sacré du siècle" était à l'origine un instrument de cuisson pour la cuisine, devenu par la suite un objet rituel symbolisant l'unité, et la puissance de son peuple, Jiang Zemin explique dans son discours adressé au secrétaire des Nations unies que cet objet de grande valeur représente un véritable porte bonheur pour la prospérité, le développement et la paix dans le futur. Jiang précise en outre qu'il a été spécialement coulé pour le cinquantième anniversaire de la fondation de l'Organisation des Nations unies et témoigne des bons voeux du 1,2 milliards d'habitants de son pays à cette occasion. Voilà qui devait rassurer le conservateur du musée, dans les jardins duquel le "tripode sacré du siècle" a été érigé : le tripode est un message de paix venu des confins orientaux de l'Eurasie.
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L'anthropologue britannique jack Goody, quant à lui, proposait en son temps une hypothèse pour élucider cette curieuse distorsion. Il expliquait l'émergence de pratiques de cuisine et de gourmandises raffinées chez certains groupes humains par le type de société à laquelle ils appartenaient. Seules les sociétés hiérarchiques, remarquai t-il, ont permis que se développe un savoir-faire culinaire de haute volée, dans la mesure où elle avait disposé d'un arsenal d'outils variés d'ordre administratif, économique politique et culturel. Cette complexité structurelle avait permis la naissance de savoir-faire spécialisés, et par la suite la professionnalisation de la cuisine. L'art culinaire dans ces contextes avait pu prospérer hors de la sphère domestique en devenant un métier, exercer le plus souvent par des hommes. L'anthropologue opposé ainsi l' Eurasie à l'Afrique, où, la plupart des sociétés étant de type hiératique, la cuisine, essentiellement domestique, était restée confinée à l'univers familial, au monde artisanal, et n'avait pas fait l'objet d'une théorisation écrite, contrairement à ce qui s'est passé dans certains pays d'Eurasie, comme la France ou la Chine, par exemple. Goody n'émet aucun jugement de valeur sur cette taxinomie culinaire, et sa proposition sonne juste quant à l'importance de la professionnalisation comme élément cardinal du développement de la pratique culinaire en une activité spécialisée, aujourd'hui considéré par certains comme un art véritable, sinon comme un art majeur.
Par ailleurs, les fruits de l'exercice professionnel de la cuisine devaient également trouver ses amateurs au sein des couches les plus élevées des sociétés hiérarchiques, là où l'aisance et la richesse autorisaient toutes les expérimentations, là où la pratique savante de l'écriture a permis que lettrés et Scribes en consigne les acquis sous forme de traités, de livres de raison et d'écrits divers sur la gastronomie et ces plaisirs. Et même si ce genre de texte n'a jamais été classé au premier rang des admirations et appartient à une "écriture du faire" un peu méprisée, voir décriée, force et de constater que les traités culinaires et autres textes sur l'alimentation ont depuis longtemps été répertoriés et conservés dans les bibliothèques, en Chine comme en France, pour ne prendre que deux exemples emblématiques. Par contraste, estime Jack Goody, dans les sociétés de tradition orale, les recettes, les savoirs et les savoir-faire ont circulé de la main à la main, de bouche-à-oreille, et ils ont par force constitué un répertoire dans la conservation fut plus fragile. Ajoutons qu'ils ont constitué le ciment d'une précieuse transmission intergénérationnelle.
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Vidéo de Françoise Sabban
Malgré la multiplication de l'offre alimentaire asiatique, peu de mangeurs occidentaux imaginent le raffinement et la richesse de la palette des goûts mise en valeur par les cuisines de l'immense espace chinois. Dans son nouvel ouvrage, La Chine par le menu, Françoise Sabban nous mène auprès des chefs et nous invite à comprendre la subtilité des saveurs, les habitudes des mangeurs, les rituels de la table, les traditions régionales et leur histoire. Elle réconcilie les pratiques avec les imaginaires, les pensées et les idées qui leur donnent sens et ont permis leur existence, et nous rappelle également que, dans un pays où plus d'un milliard de bouches doivent être nourries, l'alimentation est une question éminemment politique.
Disponible en librairie dès le 12 janvier 2024. Pour en savoir plus sur cet ouvrage, écouter un extrait audio ou feuilleter des bonnes pages : https://bit.ly/4aMyRsO
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